DELGRES & MELISSA LAVEAUX
en concert
Un Concert à deux têtes… d’affiche !
Date : 01 novembre 2019
Style : Rock, Blues, World
Lieu : La Nouvelle Vague, Saint-Malo (35)
Notre avis :
Par Mike S.
Ce soir à La Nouvelle Vague, pas vraiment de tête d’affiche et de première partie, mais plutôt une affiche à deux têtes, avec deux formations aux talents reconnus et aux influences communes. Il ne fallait donc pas arriver en retard, comme certains venus pour voir et entendre Mélissa Laveaux et arrivés en milieu de set… D’autant plus dommage, que la chanteuse d’origine haïtienne fut une très belle découverte, pour tous ceux qui ne la connaissaient pas encore.
Si vous aimez le Blues, vous deviez être là ! Si vous aimez la World music, vous deviez être là aussi ! Si vous aimez les bonnes guitares, vous deviez encore être là ! Et si vous aimez les chansons qui racontent de vrais histoires, vous deviez toujours être là ! Et si vous n’y étiez pas, on risque de vous en parler pendant quelques temps ! Car cette soirée n’était pas une soirée comme les autres. Il y avait une atmosphère très particulière, faite d’influences multiples, qui vous venaient de Haïti, du Brésil, de la Louisiane, des Antilles, un mélange de soleil et de souffrances contées, d’une langue commune, le Créole, qu’il soit parlé à Haïti ou aux Antilles françaises.
Avec MELISSA LAVEAUX, le concert débute sur un répertoire marqué par les racines de la chanteuse, canadienne d’origine haïtienne. Elle introduit dans sa musique cette culture issue de la Repiblik Dayiti et celle plus occidentale qu’elle vit au quotidien. Sa musique est un mélange de Folk et de Blues, marquée par ces rythmiques qu’elle emprunte à Haiti la patrie de ses parents. Radyo Siwèl, son dernier album, sert de base à ce concert, qui durera plus d’une heure, pendant lequel, la chanteuse ne fait pas qu’égrainer les titres un à un. Elle préfère, au contraire, échanger avec le public, présenter chaque chanson, dans son contexte, sa petite histoire, parfois au milieu de la grande. Le concert, assez linéaire en début de set, telle une Tracy Chapman kreyol konprann, prend de plus en plus de volume, au fur et à mesure qu’il se déroule. Elle se fait aussi un point d’honneur, à parvenir à faire chanter la salle. En créole, pas évident, alors elle propose de l’accompagner en yaourt ! qu’importe, tant qu’il se produit une communion entre les musiciens et le public ! Et elle y parvient à plusieurs reprises.
Si vous aimez des artistes qui ont des choses à raconter, leur vécu ou celui des autres, tel un Bruce Springsteen à la sauce Créole, vous devez pousser la porte de la salle de son prochain concert, pour vous laisser impressionner par cette musique très personnelle, comme avait pu le faire il y a 3 ans, ici même, la chanteuse malienne, Rokia Traoré.
Et ce soir, la fête ne s’arrêtait pas là, puisqu’à 22h30, la soirée ne faisait que commencer ! Un autre trio se préparait à monter sur scène et à nous faire vivre un second grand moment. Pas étonnant que les deux formations soient en tournée ensemble. Leur musique est inspirée par les mêmes racines. Des rythmes du soleil, des guitares Blues, un chant créole qui raconte aussi des histoires forte en émotions. Je ne comprends pas le créole, bien sûr, mais dans la musique de DELGRÈS, on prend quelques mots au vol, et on imagine, à tord ou à raison, des complaintes adressés à nos politiques d’hier ou d’aujourd’hui. Car le temps passe, mais pas les hommes politiques. Le troisième titre du concert, Mr Président, illustre bien un sentiment aux couleurs jaunes fluo. A l’image de ce texte en créole traduit sur le net ainsi : « Avec tous les discours et promesses, comment se fait-il que nous, les gens, nous battons encore pour survivre? ». No Comment, M. le President, auteur régulier de « je n’oublie pas qu’il y a une colère » mais qui l’a déjà oublié, sitôt le discours prononcé. C’est à ça aussi que sert la musique. A appuyer là où sa fait mal !
Le cours de créole se poursuit alors au rythme des titres des chansons, de Se Kon sa à Ti Manmzel, de Sere mwen pli fo à Ramené Mwen. Avec des tempos qui varient d’un titre à l’autre, le Blues qui laisse parfois la place au Folk. Mais le concert de Delgrès est aussi l’occasion de nous faire partager des influences plus Rock’n’Roll, à l’instar d’une belle adaptation de Whole Lotta Love de Led Zeppelin, d’abord parce qu’elle était, elle aussi, chantée en créole, et aussi parce que les trois musiciens lui ont donné les couleurs sepia de leur Blues caribéen électrisé, rendant la chanson originale, presque méconnaissable. Un bel exercice de style.
En fin de concert, pour débuter leur rappel, Delgrès nous entraîne dans son quotidien, d’une tournée longue comme le bras en 2019, avec un single approprié, Vivre sur la Route, une chanson que le groupe a écrit pour nous faire partager ces moments les plus récurrents de leur vie. A noter que le titre, en français cette fois, a été enregistré avec Jean-Louis Aubert, dans une version très acoustique, un peu à la manière de Tryo. Et qu’on découvre ici, un peu plus Pop que les autres titres, plus facile d’accès dirons-nous.
Un titre qui aurait très pu être leur premier tube, si la vie était bien faite ! Mais qu’importe, le titre reste notre petit secret, ici, ce soir, pour quelques 600 personnes, prêts à participer à la fête. Le groupe termine son set avec la même ferveur qu’ils ont pu montrer au cours de la soirée, et qui nous ont entraîné sur des rythmes enivrant de Blues et de sueurs. Les sonorité de basse du soussophone apporte quelque chose de magique à cette musique, un son très particulier. Un instrument qu’on redécouvre ces derniers temps, dans différentes formations, aux styles pourtant très différents, mais toujours très intéressants (Tekemat par exemple). Ici, additionné à la voix de Pascal Danaë, il accompagne parfaitement la musique de Delgrès, dans ses moments les plus rythmés, mais aussi, dans ses parties plus intimistes, comme sur Pardoné Mwen ou Sere mwen pli fo, dans cette ambiance de lumières tamisées. Tout cet album, Mo Jodi, sorti en 2018, présenté aux dernières victoires de la musique, est excellent autant sur CD que sur la scène. On n’en doutait pas. On en a la confirmation ce soir. Le groupe poursuit sa route jusque fin décembre, alors ne le ratez pas s’il passe par chez vous !
Plus de 3 heures de concert ce soir avec cette double affiche ! Merci pour cette belle soirée qui nous a mis du soleil dans les yeux et les oreilles !
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Delgres : Facebook
Album : Mo Jodi (2018 – World Village / [Pias])
Mélissa Laveaux : Facebook
Album : : Radyo Siwèl (2018 – No Format )
Delgrès & Mélissa Laveaux à La Nouvelle Vague – Saint-Malo (35)
DELGRES & MELISSA LAVEAUX
en concert
Un Concert à deux têtes… d’affiche !
Date : 01 novembre 2019
Style : Rock, Blues, World
Lieu : La Nouvelle Vague, Saint-Malo (35)
Notre avis :
Par Mike S.
Ce soir à La Nouvelle Vague, pas vraiment de tête d’affiche et de première partie, mais plutôt une affiche à deux têtes, avec deux formations aux talents reconnus et aux influences communes. Il ne fallait donc pas arriver en retard, comme certains venus pour voir et entendre Mélissa Laveaux et arrivés en milieu de set… D’autant plus dommage, que la chanteuse d’origine haïtienne fut une très belle découverte, pour tous ceux qui ne la connaissaient pas encore.
Si vous aimez le Blues, vous deviez être là ! Si vous aimez la World music, vous deviez être là aussi ! Si vous aimez les bonnes guitares, vous deviez encore être là ! Et si vous aimez les chansons qui racontent de vrais histoires, vous deviez toujours être là ! Et si vous n’y étiez pas, on risque de vous en parler pendant quelques temps ! Car cette soirée n’était pas une soirée comme les autres. Il y avait une atmosphère très particulière, faite d’influences multiples, qui vous venaient de Haïti, du Brésil, de la Louisiane, des Antilles, un mélange de soleil et de souffrances contées, d’une langue commune, le Créole, qu’il soit parlé à Haïti ou aux Antilles françaises.
Avec MELISSA LAVEAUX, le concert débute sur un répertoire marqué par les racines de la chanteuse, canadienne d’origine haïtienne. Elle introduit dans sa musique cette culture issue de la Repiblik Dayiti et celle plus occidentale qu’elle vit au quotidien. Sa musique est un mélange de Folk et de Blues, marquée par ces rythmiques qu’elle emprunte à Haiti la patrie de ses parents. Radyo Siwèl, son dernier album, sert de base à ce concert, qui durera plus d’une heure, pendant lequel, la chanteuse ne fait pas qu’égrainer les titres un à un. Elle préfère, au contraire, échanger avec le public, présenter chaque chanson, dans son contexte, sa petite histoire, parfois au milieu de la grande. Le concert, assez linéaire en début de set, telle une Tracy Chapman kreyol konprann, prend de plus en plus de volume, au fur et à mesure qu’il se déroule. Elle se fait aussi un point d’honneur, à parvenir à faire chanter la salle. En créole, pas évident, alors elle propose de l’accompagner en yaourt ! qu’importe, tant qu’il se produit une communion entre les musiciens et le public ! Et elle y parvient à plusieurs reprises.
Si vous aimez des artistes qui ont des choses à raconter, leur vécu ou celui des autres, tel un Bruce Springsteen à la sauce Créole, vous devez pousser la porte de la salle de son prochain concert, pour vous laisser impressionner par cette musique très personnelle, comme avait pu le faire il y a 3 ans, ici même, la chanteuse malienne, Rokia Traoré.
Et ce soir, la fête ne s’arrêtait pas là, puisqu’à 22h30, la soirée ne faisait que commencer ! Un autre trio se préparait à monter sur scène et à nous faire vivre un second grand moment. Pas étonnant que les deux formations soient en tournée ensemble. Leur musique est inspirée par les mêmes racines. Des rythmes du soleil, des guitares Blues, un chant créole qui raconte aussi des histoires forte en émotions. Je ne comprends pas le créole, bien sûr, mais dans la musique de DELGRÈS, on prend quelques mots au vol, et on imagine, à tord ou à raison, des complaintes adressés à nos politiques d’hier ou d’aujourd’hui. Car le temps passe, mais pas les hommes politiques. Le troisième titre du concert, Mr Président, illustre bien un sentiment aux couleurs jaunes fluo. A l’image de ce texte en créole traduit sur le net ainsi : « Avec tous les discours et promesses, comment se fait-il que nous, les gens, nous battons encore pour survivre? ». No Comment, M. le President, auteur régulier de « je n’oublie pas qu’il y a une colère » mais qui l’a déjà oublié, sitôt le discours prononcé. C’est à ça aussi que sert la musique. A appuyer là où sa fait mal !
Le cours de créole se poursuit alors au rythme des titres des chansons, de Se Kon sa à Ti Manmzel, de Sere mwen pli fo à Ramené Mwen. Avec des tempos qui varient d’un titre à l’autre, le Blues qui laisse parfois la place au Folk. Mais le concert de Delgrès est aussi l’occasion de nous faire partager des influences plus Rock’n’Roll, à l’instar d’une belle adaptation de Whole Lotta Love de Led Zeppelin, d’abord parce qu’elle était, elle aussi, chantée en créole, et aussi parce que les trois musiciens lui ont donné les couleurs sepia de leur Blues caribéen électrisé, rendant la chanson originale, presque méconnaissable. Un bel exercice de style.
En fin de concert, pour débuter leur rappel, Delgrès nous entraîne dans son quotidien, d’une tournée longue comme le bras en 2019, avec un single approprié, Vivre sur la Route, une chanson que le groupe a écrit pour nous faire partager ces moments les plus récurrents de leur vie. A noter que le titre, en français cette fois, a été enregistré avec Jean-Louis Aubert, dans une version très acoustique, un peu à la manière de Tryo. Et qu’on découvre ici, un peu plus Pop que les autres titres, plus facile d’accès dirons-nous.
Un titre qui aurait très pu être leur premier tube, si la vie était bien faite ! Mais qu’importe, le titre reste notre petit secret, ici, ce soir, pour quelques 600 personnes, prêts à participer à la fête. Le groupe termine son set avec la même ferveur qu’ils ont pu montrer au cours de la soirée, et qui nous ont entraîné sur des rythmes enivrant de Blues et de sueurs. Les sonorité de basse du soussophone apporte quelque chose de magique à cette musique, un son très particulier. Un instrument qu’on redécouvre ces derniers temps, dans différentes formations, aux styles pourtant très différents, mais toujours très intéressants (Tekemat par exemple). Ici, additionné à la voix de Pascal Danaë, il accompagne parfaitement la musique de Delgrès, dans ses moments les plus rythmés, mais aussi, dans ses parties plus intimistes, comme sur Pardoné Mwen ou Sere mwen pli fo, dans cette ambiance de lumières tamisées. Tout cet album, Mo Jodi, sorti en 2018, présenté aux dernières victoires de la musique, est excellent autant sur CD que sur la scène. On n’en doutait pas. On en a la confirmation ce soir. Le groupe poursuit sa route jusque fin décembre, alors ne le ratez pas s’il passe par chez vous !
Plus de 3 heures de concert ce soir avec cette double affiche ! Merci pour cette belle soirée qui nous a mis du soleil dans les yeux et les oreilles !
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Album : Mo Jodi (2018 – World Village / [Pias])
Mélissa Laveaux : Facebook
Album : : Radyo Siwèl (2018 – No Format )