Bops – Panic 

Avec Panic, les Rennais de BOPS reviennent avec la volonté de saisir l’instant tel qu’il est : brut, fébrile, parfois bancal, mais toujours terriblement vivant. Le groupe, qu’on avait déjà croisé au festival St Malo Rock City en 2019, livre un album qui tient du carnet de bord capté en temps réel.

Dès l’ouverture avec “On the Sofa”, le décor est planté. Le morceau, faussement tranquille, transforme un moment anodin — s’affaler sur un canapé — en reflet ironique de notre passivité collective. Le groove s’installe, les voix s’entremêlent, et derrière le sourire affleure un malaise que BOPS sait rendre étrangement dansant. Leur musique évoque toujours autant les années 90, de l’autre côté de la Manche, à l’époque où Supergrass ou Blur faisaient battre nos cœurs.
D’autres titres, comme “Crack of Dawn”, se veulent plus apaisés, plus consensuels, portés par des voix entêtantes : une journée qui démarre en douceur, nous laisse le temps d’ouvrir les yeux, puis nous éblouit soudain d’un soleil radieux — un peu à la manière d’autres Français comme Tahiti 80.

 

Enregistré live au mythique Studio La Frette sous la direction de Samy Osta (La Femme, Feu! Chatterton, Juniore), Panic dégage une énergie frontale. Capté en seulement cinq jours, l’album conserve la spontanéité du moment, avant que le groupe n’y ajoute ces arrangements luxuriants et ces voix-fleuves qui constituent désormais leur signature sonore.

Autrefois trio fraternel, devenu quatuor avec l’arrivée de Tom Beaudouin, aux claviers notamment, BOPS s’est construit au fil d’un parcours sinueux : un premier album garage rock en 2017, des tournées européennes à l’arrache, puis la parenthèse pandémique menant au plus pop et arrangé Sounds of Parade en 2022. Leur passage au St Malo Rock City en 2019 avait déjà laissé entrevoir leur potentiel ascendant et leur belle présence scénique.

Après plusieurs années, un deuxième disque plus ouvragé et des tournées mouvementées, BOPS revient ici avec un geste simple : capter l’époque telle qu’elle vient, sans filtre ni maquillage. Et c’est précisément ce qui rend ce troisième album aussi attachant que nécessaire.

Avec Panic, BOPS transforme l’urgence en moteur créatif. Dix titres qui filent sans s’excuser, sans surproduction, mais avec une sincérité rare. Le groupe réussit une nouvelle fois à ressusciter les 90’s (notamment avec Barbass), cette époque où les Anglais tenaient le monde de la musique et où chaque petit groupe émergent semblait être un Beatles en devenir.

Arrivés avec trente ans de retard, les voici contraints de ramer dix fois plus pour se faire entendre. Qu’importe : ce troisième album est sans doute le meilleur du quatuor et devrait les aider à poursuivre leur ascension, aussi ardue soit-elle.
À voir absolument en concert !