Style : Reggae, World, Folk, Zouk Lieu : Bretagne, Saint-Père (35) Date :9.10.11 aout 2019
Notre avis :
Par Mike S.
Petite infidèlité au Rock, ce week-end, en allant découvrir le Festival No Logo, qui prenait ses quartiers, en lieu et place de la Route du Rock, une semaine avant son édition d’été. L’occasion d’ouvrir notre esprit à un genre musical à peine plus jeune que le Rock, et dont les racines se sont déjà croisées mutuellement, avec des albums des Clash, de Police ou même du roi du Reggae, Bob Marley, auteur de « Roots Reggae Rock » en 1976.
Parmi les nombreux invités de cette 3e édition de ce festival, il y a avait de grosses pointures du Reggae, venues de la Jamaïque tels que Morgan Heritage, The Congos, Israel Vibration ou encore The Abyssinians. De véritables légendes vivantes, pour certains, qui nous montrent un peu ce que Robert Marley aurait pu devenir, s’il avait encore été là en 2019, du haut de ses 74 ans !
Jour 1 – 9 aout 2019
C’est jour de tempête en Bretagne. Mais rien n’entamera l’ambiance de fête qui s’annonce pendant 3 jours sur le site du Fort de St Père ! Et c’est avec le trio vocal THE ABYSSINIANS que l’on entre, ce premier soir, dans le vif du sujet. Formé en 68, le groupe est une de ces légendes. Leur visages et leur look respirent le Reggae et le soleil de la Jamaïque. Qu’on ne soit pas particulièrement attiré par le genre musical n’a pas d’importance, quand on voit et qu’on entend chanter ces vétérans du genre, ces représentants du mouvement Rastafari et de ses racines éthiopiennes. On est forcément impressionné par la force spirituelle qui se dégage de ces pappys à la barbe blanche et au visage buriné par des décennies de voyages à travers le monde, et de leur musique sans âge, le Raggae Roots ! Du début à la fin du concert, soit on est hypnotisé par ce qu’on voit sur scène, soit on se laisse porter par les rythmes binaires syncopés et on danse jusqu’à la nuit !
Mais pas question de s’endormir ! Pour ce premier soir de Festival, les organisateurs ont prévu quelques exclusivités, et notamment, le retour de RAGGASONIC. Malgré la sortie de leur album Raggasonic 3en 2012, Big Red et Daddy Mory offrent ce soir, un set concentré sur leur premier album de 1995, pour le plus grand plaisir des fans, venus en masse, applaudir le groupe et danser sur des musiques qui ont, pour certains, traverser les décennies, à l’image de leur tube J’entends parler (du SIDA) placé logiquement en fin de set, et qui fera chanter tout le public, à la tombée de la nuit.
Pour les amateurs de Sound System, le festival a prévu à l’entrée du site, une zone, sous chapiteau, équipée par 15 kilo de sons ! Des enceintes immense qui entourent le chapiteau, sur lesquelles des centaines de teufeurs viennent se relayer pour vibrer et danser le nez collé aux boomers. Je n’imagine pas l’effet irréversible pour les tympans …
Entre deux verres et un plat traditionnel pris à l’un des nombreux foodtruck (avec un peu de patience), on peut ainsi alterner dancefloor et concerts. La tête d’affiche de la soirée, ce vendredi, était PATRICE. Il est sans doute, l’un des principaux traits d’union actuels entre le Rock et le Reggae. Inspiré à part égal par les deux Bob (Marley et Dylan), sa musique mêle les rythmes de Reggae et les atmosphères mélancoliques de la Folk music. Son album One, sorti en 2010, était une merveille de métissage musicale, composé de titres intemporels, dont la cover Ain’t Got No, I Got Life de Nina Simone. Depuis 3 ans, l’artiste tourne avec ses nouvelles chansons, extraites de Life’s Blood. Son passage au Fort de St Père était très attendu, et la prestation fut à la hauteur des attentes. Le public vit ce moment comme du pur plaisir, aidé par la bière et quelques substances médicinales, pas encore légalisées de ce côté de la planète, et danse sur des titres actuels et planants tels que Burning Bridges et Be with Me, ou d’autres plus réfléchis, plus politiques comme We Are the Future in the Present.
La soirée se termine après minuit, avec la Techno acoustique (ou Natural Trans) de Hilight Tribe, un genre qu’on avait découvert lors de la derniere édition duSt Malo Rock City et le concert phénomènal de Tekemat.
Jour 2 – 10 août 2019
Après l’ouverture de la soirée en compagnie de Lidiop et Skarra Mucci, la plaine du Fort commence à bien se remplir pour le concert d’un autre groupe emblématique du mouvement Reggae :THE CONGOS. Cedric Myton et Roydel Johnson, les deux fondateurs du groupe, sont aussi des figures représentatives, ce sont des publicités ambulantes du genre.
Et musicalement, leur style est pur, du Reggae 100% pur jus sans colorant, sans additifs. Cedric Myton porte le T-shirt des Morgan Heritage, que l’on pouvait découvrir le lendemain, en fin de Festival. Leur musique est une invitation à danser, et à oublier les tracas de la vie quand bien même leurs textes racontent la vie à la Jamaïque, qui est loin de toujours être aux couleurs de l’Arc en Ciel. Mais qu’importe, la misère est moins pénible au soleil… Et du soleil, il y en a plein dans les rythmes et les mélodies des Congos, dont les titres remontent parfois plus de 40 ans en arrière, avec leur mythique Heart of the Congos (1977).
Et ce n’est pas SINSEMILIA qui va entamer cette bonne humeur et ces bonnes vibrations ! La dizaine de musiciens qui entourent Riké et Mike vont maintenir la température tout en haut du thermomètre ! Des cuivres, des percussions, des choeurs au service du bonheur, unique objectif du groupe depuis près de 30 ans maintenant ! Et plus de 20 ans à souhaiter, à chacun de leur concert, Tout le bonheur du monde ! Pas de réelles surprises, pas de vrais changements depuis leurs derniers passages dans la région. Mais qu’importe, la fête est toujours au rendez-vous. Quelques chansons se chantent par coeur, et se dansent, dansent, dansent ! Parmi les autres moments attendus, il y a évidemment La mauvaise réputation, empruntée à Georges Brassens, et qui à l’un de traverser les décennies et les générations, et aux autres, de mettre une ambiance Reggae-Ska-fanfare de folie, à chacun de leur set depuis 1998 !
Pour entrer dans la nuit de cette seconde soirée, c’est tout de blanc vétu que ALPHA BLONDY, parrain du Festival, apparait sur la scène devant 8000 spectateurs. Difficile de de frayer un chemin dans cette marée humaine. Mais la musique du chanteur ivoirien, agé de 66 ans, va une fois encore jouer de sa magie sur la foule. L’auteur de Cocody Rock,Jérusalem ou de Apartheid Is Nazism, fait figure de sage avec sa tenue immaculée, et sa musique universelle et rassembleuse comme sur son tube Sweet Fanta Diallo. Mais là où l’artiste excelle, c’est lorsqu’il emprunte au Rock de sublimes chansons, qu’il va métisser. Ce fut le cas avec Wish you were here de Pink Floyd, et c’est le cas encore ce soir, avec Whole Lotta Love de Led Zeppelin, extrait de son dernier album, Human Race, sorti en 2018. Le rythme est Reggae, sans conteste, mais les guitares sont Heavy et l’énergie Rock. Une version live magnifique ! Extrêmement difficile ensuite pour la nouvelle génération que représente Busy Signal, à poursuivre la soirée, malgré son style Dancehall, mélange de Reggae et R’n’B.
Jour 3 – 11 août 2019
Dernier jour de festival. La pluie est revenue. Mais la musique du Soleil prévue ce soir va chasser les nuages rapidement. Aucun doute ! Et le parisien TAÏRO va tenter de pousser les nuages avec son dancehall, coloré de bleu turquoise des îles paradisiaques qui décorent ses chansons métissées de Reggae, Ragga et R’n’B. Le jeune public est particulièrement réceptif à ses rimes et à ses rythmes, dansant et chantant sur Ainsi-soit-il ou Bonne weed. Ses dreads et son sourire complètent le tableau et mettent du soleil sur les visages à défaut de le voir revenir dans le ciel !
Et c’est finalement le duo AMADOU ET MARIAM qui parviendra à jeter un sort aux intempéries en faisant revenir le soleil de Bamako avec ses chants malien aux influences World. Le duo connu pour son énorme tube Dimanche à Bamoko a fait deux heureux en plus des milliers de spectateurs. Alors que le public applaudit et danse sur les titres du set, un jeune couple est invité backstage. L’une ne sait pas du tout ce qui va se passer. L’autre a bien préparé son coup ! Quoi de mieux que de faire sa demande en mariage sur ce titre… Les dimanches à Bamako c’est le jour de mariage…
Les organisateurs l’ont bien compris et ont accepté la proposition du jeune homme. Avant que le titre débute, la scène se produit devant un public surpris, mais pas autant que la jeune femme, totalement abasourdie par ce qui est en train de se dérouler devant ses yeux ! Et puis finalement, c’est un grand OUI qui sort de sa gorge serrée par les émotions. Et le duo d’enchaîner, le sourire jusqu’aux oreilles. « Les hommes et les femmes ont mis les beaux boubous… Les bijoux et les chaussures sont au rendez-vous … Belle ambiance donc sur ce concert d’Amadou et Mariam qui nous sortaient par la même occasion, une nouvelle fois du carcan « Reggae » du Festival.
Mais pas d’inquiétude, chassez le Reggae, il revient au bungalow ! Et c’est une autre page vivante de l’Histoire du Reggae qui débarque sur scène, au rythme de vieux papys en béquilles : ISRAEL VIBRATION. En 1979, le trio avait fait la première partie de Bob Marley à la Jamaique. 40 ans et une quinzaine d’albums plus tard, ils sont ici, à Saint Malo, pour nous jouer les classiques de leur répertoire. Malgré les stigmates de l’infirmité qui les a réuni dans leur enfance, les 3 chanteurs sont toujours alertes et remettent des couleurs dans l’enceinte du Fort St Père. Les drapeaux volent au dessus de la foule, notamment celui de la Nouvelle Calédonie, aperçu à plusieurs reprises, et qui nous change du traditionnel Gwen ha du, le drapeau breton qui fleurit sur les festivals du monde entier.
Même quand on est pas vraiment fan de reggae, la musique de ces 3 chanteurs a quelque chose de vénérable, presque sacré. Il y a des vibrations qui circulent dans l’air et dans les esprits, qui apportent la paix à qui veut bien l’écouter. Et même la suite du programme n’a rien à voir avec le reggae, c’est pourtant dans le même esprit pacifique qu’ils vont être accueillis. Avec un point commun supplémentaire, la Mer des Caraïbes qui vient borde autant les cotes de la Jamaique que de la Gadeloupe, d’où sont originaires, sans doute les plus célèbres représentants de la culture créole, à travers le Zouk. KASSAV’ au grand complet, ce soir, à Saint Malo, pour placer l’aiguille du baromètre sur Beau et Chaud ! Plus que tout autre musique représentée sur ce festival, le Zouk n’a pas vocation à traverser les générations comme pourrait l’être un album de Pink Floyd ou des Stones… Deux objectifs très liés : l’amour et la danse ! A l’image de leur premier album, sorti lui aussi il y a 40 ans, en 1979 : « Love and Ka Dance » !
Et malgré tout, Jocelyne, Jacob et les autres ont su faire vivre leur musique pendant toutes ces décennies, offrant quelques tubes à la postérité. Et leur prestation de ce soir ne reflète pas tout ce temps passé. Ils conservent bonne humeur et envie de partager avec le public le rythme du Gwoka !
Pour mettre un point final à cette troisième édition du Festival No Logo Bzh, c’est le groupe MORGAN HERITAGE. une autre figure du Reggae, des années 90 cette fois. Le groupe avait la particularité, à sa création, d’être composé par 8 des 29 enfants de Denroy Morgan, autre pilier de Reggae jamaicain. Leur syle est plus moderne que les précédents groupe jamaïcains entendus pendant ces trois jours. Une sorte de relève pour le genre musical.
Bilan 2019
Avec près de 26.000 festivaliers, le NO LOGO BZH prend de l’ampleur pour sa 3e édition. Il est en train de devenir un incontournable de l’Eté, en se distinguant des autres événements par sa programmation et son esprit libre. On a vraiment apprécié la bonne ambiance du lieu, la diversité des styles musicaux qui allaient bien au delà du seul Reggae, et par une organisation, dans l’ensemble, bien huilée. Si ce n’est l’entrée sur le Festival un peu compliquée le vendredi soir, notamment. Mais c’est difficile d’être parfait au bout de seulement trois éditions et qui plus est, quand la tempête s’invite sans billet. Et les souvenirs qui resteront seront les concerts de Patrice, Amadou et Maryam, Alpha Blondy ou The Congos ! Et puis tous ces sourires sur les visages des 26.000 spectateurs.
3e édition du
Festival NO LOGO BZH
Style : Reggae, World, Folk, Zouk
Lieu : Bretagne, Saint-Père (35)
Date : 9.10.11 aout 2019
Notre avis :
Par Mike S.
Petite infidèlité au Rock, ce week-end, en allant découvrir le Festival No Logo, qui prenait ses quartiers, en lieu et place de la Route du Rock, une semaine avant son édition d’été. L’occasion d’ouvrir notre esprit à un genre musical à peine plus jeune que le Rock, et dont les racines se sont déjà croisées mutuellement, avec des albums des Clash, de Police ou même du roi du Reggae, Bob Marley, auteur de « Roots Reggae Rock » en 1976.
Parmi les nombreux invités de cette 3e édition de ce festival, il y a avait de grosses pointures du Reggae, venues de la Jamaïque tels que Morgan Heritage, The Congos, Israel Vibration ou encore The Abyssinians. De véritables légendes vivantes, pour certains, qui nous montrent un peu ce que Robert Marley aurait pu devenir, s’il avait encore été là en 2019, du haut de ses 74 ans !
Jour 1 – 9 aout 2019
C’est jour de tempête en Bretagne. Mais rien n’entamera l’ambiance de fête qui s’annonce pendant 3 jours sur le site du Fort de St Père ! Et c’est avec le trio vocal THE ABYSSINIANS que l’on entre, ce premier soir, dans le vif du sujet. Formé en 68, le groupe est une de ces légendes. Leur visages et leur look respirent le Reggae et le soleil de la Jamaïque. Qu’on ne soit pas particulièrement attiré par le genre musical n’a pas d’importance, quand on voit et qu’on entend chanter ces vétérans du genre, ces représentants du mouvement Rastafari et de ses racines éthiopiennes. On est forcément impressionné par la force spirituelle qui se dégage de ces pappys à la barbe blanche et au visage buriné par des décennies de voyages à travers le monde, et de leur musique sans âge, le Raggae Roots ! Du début à la fin du concert, soit on est hypnotisé par ce qu’on voit sur scène, soit on se laisse porter par les rythmes binaires syncopés et on danse jusqu’à la nuit !
Mais pas question de s’endormir ! Pour ce premier soir de Festival, les organisateurs ont prévu quelques exclusivités, et notamment, le retour de RAGGASONIC. Malgré la sortie de leur album Raggasonic 3 en 2012, Big Red et Daddy Mory offrent ce soir, un set concentré sur leur premier album de 1995, pour le plus grand plaisir des fans, venus en masse, applaudir le groupe et danser sur des musiques qui ont, pour certains, traverser les décennies, à l’image de leur tube J’entends parler (du SIDA) placé logiquement en fin de set, et qui fera chanter tout le public, à la tombée de la nuit.
Pour les amateurs de Sound System, le festival a prévu à l’entrée du site, une zone, sous chapiteau, équipée par 15 kilo de sons ! Des enceintes immense qui entourent le chapiteau, sur lesquelles des centaines de teufeurs viennent se relayer pour vibrer et danser le nez collé aux boomers. Je n’imagine pas l’effet irréversible pour les tympans …
Entre deux verres et un plat traditionnel pris à l’un des nombreux foodtruck (avec un peu de patience), on peut ainsi alterner dancefloor et concerts. La tête d’affiche de la soirée, ce vendredi, était PATRICE. Il est sans doute, l’un des principaux traits d’union actuels entre le Rock et le Reggae. Inspiré à part égal par les deux Bob (Marley et Dylan), sa musique mêle les rythmes de Reggae et les atmosphères mélancoliques de la Folk music. Son album One, sorti en 2010, était une merveille de métissage musicale, composé de titres intemporels, dont la cover Ain’t Got No, I Got Life de Nina Simone. Depuis 3 ans, l’artiste tourne avec ses nouvelles chansons, extraites de Life’s Blood. Son passage au Fort de St Père était très attendu, et la prestation fut à la hauteur des attentes. Le public vit ce moment comme du pur plaisir, aidé par la bière et quelques substances médicinales, pas encore légalisées de ce côté de la planète, et danse sur des titres actuels et planants tels que Burning Bridges et Be with Me, ou d’autres plus réfléchis, plus politiques comme We Are the Future in the Present.
La soirée se termine après minuit, avec la Techno acoustique (ou Natural Trans) de Hilight Tribe, un genre qu’on avait découvert lors de la derniere édition du St Malo Rock City et le concert phénomènal de Tekemat.
Jour 2 – 10 août 2019
Après l’ouverture de la soirée en compagnie de Lidiop et Skarra Mucci, la plaine du Fort commence à bien se remplir pour le concert d’un autre groupe emblématique du mouvement Reggae : THE CONGOS. Cedric Myton et Roydel Johnson, les deux fondateurs du groupe, sont aussi des figures représentatives, ce sont des publicités ambulantes du genre.
Et musicalement, leur style est pur, du Reggae 100% pur jus sans colorant, sans additifs. Cedric Myton porte le T-shirt des Morgan Heritage, que l’on pouvait découvrir le lendemain, en fin de Festival. Leur musique est une invitation à danser, et à oublier les tracas de la vie quand bien même leurs textes racontent la vie à la Jamaïque, qui est loin de toujours être aux couleurs de l’Arc en Ciel. Mais qu’importe, la misère est moins pénible au soleil… Et du soleil, il y en a plein dans les rythmes et les mélodies des Congos, dont les titres remontent parfois plus de 40 ans en arrière, avec leur mythique Heart of the Congos (1977).
Et ce n’est pas SINSEMILIA qui va entamer cette bonne humeur et ces bonnes vibrations ! La dizaine de musiciens qui entourent Riké et Mike vont maintenir la température tout en haut du thermomètre ! Des cuivres, des percussions, des choeurs au service du bonheur, unique objectif du groupe depuis près de 30 ans maintenant ! Et plus de 20 ans à souhaiter, à chacun de leur concert, Tout le bonheur du monde ! Pas de réelles surprises, pas de vrais changements depuis leurs derniers passages dans la région. Mais qu’importe, la fête est toujours au rendez-vous. Quelques chansons se chantent par coeur, et se dansent, dansent, dansent ! Parmi les autres moments attendus, il y a évidemment La mauvaise réputation, empruntée à Georges Brassens, et qui à l’un de traverser les décennies et les générations, et aux autres, de mettre une ambiance Reggae-Ska-fanfare de folie, à chacun de leur set depuis 1998 !
Pour entrer dans la nuit de cette seconde soirée, c’est tout de blanc vétu que ALPHA BLONDY, parrain du Festival, apparait sur la scène devant 8000 spectateurs. Difficile de de frayer un chemin dans cette marée humaine. Mais la musique du chanteur ivoirien, agé de 66 ans, va une fois encore jouer de sa magie sur la foule. L’auteur de Cocody Rock, Jérusalem ou de Apartheid Is Nazism, fait figure de sage avec sa tenue immaculée, et sa musique universelle et rassembleuse comme sur son tube Sweet Fanta Diallo. Mais là où l’artiste excelle, c’est lorsqu’il emprunte au Rock de sublimes chansons, qu’il va métisser. Ce fut le cas avec Wish you were here de Pink Floyd, et c’est le cas encore ce soir, avec Whole Lotta Love de Led Zeppelin, extrait de son dernier album, Human Race, sorti en 2018. Le rythme est Reggae, sans conteste, mais les guitares sont Heavy et l’énergie Rock. Une version live magnifique ! Extrêmement difficile ensuite pour la nouvelle génération que représente Busy Signal, à poursuivre la soirée, malgré son style Dancehall, mélange de Reggae et R’n’B.
Jour 3 – 11 août 2019
Dernier jour de festival. La pluie est revenue. Mais la musique du Soleil prévue ce soir va chasser les nuages rapidement. Aucun doute ! Et le parisien TAÏRO va tenter de pousser les nuages avec son dancehall, coloré de bleu turquoise des îles paradisiaques qui décorent ses chansons métissées de Reggae, Ragga et R’n’B. Le jeune public est particulièrement réceptif à ses rimes et à ses rythmes, dansant et chantant sur Ainsi-soit-il ou Bonne weed. Ses dreads et son sourire complètent le tableau et mettent du soleil sur les visages à défaut de le voir revenir dans le ciel !
Et c’est finalement le duo AMADOU ET MARIAM qui parviendra à jeter un sort aux intempéries en faisant revenir le soleil de Bamako avec ses chants malien aux influences World. Le duo connu pour son énorme tube Dimanche à Bamoko a fait deux heureux en plus des milliers de spectateurs. Alors que le public applaudit et danse sur les titres du set, un jeune couple est invité backstage. L’une ne sait pas du tout ce qui va se passer. L’autre a bien préparé son coup ! Quoi de mieux que de faire sa demande en mariage sur ce titre… Les dimanches à Bamako c’est le jour de mariage…
Les organisateurs l’ont bien compris et ont accepté la proposition du jeune homme. Avant que le titre débute, la scène se produit devant un public surpris, mais pas autant que la jeune femme, totalement abasourdie par ce qui est en train de se dérouler devant ses yeux ! Et puis finalement, c’est un grand OUI qui sort de sa gorge serrée par les émotions. Et le duo d’enchaîner, le sourire jusqu’aux oreilles. « Les hommes et les femmes ont mis les beaux boubous… Les bijoux et les chaussures sont au rendez-vous … Belle ambiance donc sur ce concert d’Amadou et Mariam qui nous sortaient par la même occasion, une nouvelle fois du carcan « Reggae » du Festival.
Mais pas d’inquiétude, chassez le Reggae, il revient au bungalow ! Et c’est une autre page vivante de l’Histoire du Reggae qui débarque sur scène, au rythme de vieux papys en béquilles : ISRAEL VIBRATION. En 1979, le trio avait fait la première partie de Bob Marley à la Jamaique. 40 ans et une quinzaine d’albums plus tard, ils sont ici, à Saint Malo, pour nous jouer les classiques de leur répertoire. Malgré les stigmates de l’infirmité qui les a réuni dans leur enfance, les 3 chanteurs sont toujours alertes et remettent des couleurs dans l’enceinte du Fort St Père. Les drapeaux volent au dessus de la foule, notamment celui de la Nouvelle Calédonie, aperçu à plusieurs reprises, et qui nous change du traditionnel Gwen ha du, le drapeau breton qui fleurit sur les festivals du monde entier.
Même quand on est pas vraiment fan de reggae, la musique de ces 3 chanteurs a quelque chose de vénérable, presque sacré. Il y a des vibrations qui circulent dans l’air et dans les esprits, qui apportent la paix à qui veut bien l’écouter. Et même la suite du programme n’a rien à voir avec le reggae, c’est pourtant dans le même esprit pacifique qu’ils vont être accueillis. Avec un point commun supplémentaire, la Mer des Caraïbes qui vient borde autant les cotes de la Jamaique que de la Gadeloupe, d’où sont originaires, sans doute les plus célèbres représentants de la culture créole, à travers le Zouk. KASSAV’ au grand complet, ce soir, à Saint Malo, pour placer l’aiguille du baromètre sur Beau et Chaud ! Plus que tout autre musique représentée sur ce festival, le Zouk n’a pas vocation à traverser les générations comme pourrait l’être un album de Pink Floyd ou des Stones… Deux objectifs très liés : l’amour et la danse ! A l’image de leur premier album, sorti lui aussi il y a 40 ans, en 1979 : « Love and Ka Dance » !
Et malgré tout, Jocelyne, Jacob et les autres ont su faire vivre leur musique pendant toutes ces décennies, offrant quelques tubes à la postérité. Et leur prestation de ce soir ne reflète pas tout ce temps passé. Ils conservent bonne humeur et envie de partager avec le public le rythme du Gwoka !
Pour mettre un point final à cette troisième édition du Festival No Logo Bzh, c’est le groupe MORGAN HERITAGE. une autre figure du Reggae, des années 90 cette fois. Le groupe avait la particularité, à sa création, d’être composé par 8 des 29 enfants de Denroy Morgan, autre pilier de Reggae jamaicain. Leur syle est plus moderne que les précédents groupe jamaïcains entendus pendant ces trois jours. Une sorte de relève pour le genre musical.
Bilan 2019
Avec près de 26.000 festivaliers, le NO LOGO BZH prend de l’ampleur pour sa 3e édition. Il est en train de devenir un incontournable de l’Eté, en se distinguant des autres événements par sa programmation et son esprit libre. On a vraiment apprécié la bonne ambiance du lieu, la diversité des styles musicaux qui allaient bien au delà du seul Reggae, et par une organisation, dans l’ensemble, bien huilée. Si ce n’est l’entrée sur le Festival un peu compliquée le vendredi soir, notamment. Mais c’est difficile d’être parfait au bout de seulement trois éditions et qui plus est, quand la tempête s’invite sans billet. Et les souvenirs qui resteront seront les concerts de Patrice, Amadou et Maryam, Alpha Blondy ou The Congos ! Et puis tous ces sourires sur les visages des 26.000 spectateurs.