Andoni Iturrioz – Le roi des ruines

2019 –  8 titres – 45’45
Label : Autoprod / Agorila
Style : Rock, Slam
Origine : France, IDF, Paris (75)
Date de sortie de l’album : 25 octobre 2019

Notre avis :


Par Mike S.

C’est au travers de plusieurs projets et collaboration que l’on a pu croiser Andoni Iturrioz ces dernieres années (Je rigoleLisa Portelli). 5 ans apres L’insolitude, il nous redonne donc quelques nouvelles au travers d’un album sombre comme jamais au textes sidérants et aux orchestrations abruptes. 

Ce nouvel album débute sur La joie noire, un titre au combien brutal, tant dans son orchestration que dans les idées noires de la poésie des textes que le chanteur déclame haut et fort. On y ressent une émotion particulière, celle de l’instant, celle à fleur de peau, celle qui dérange, celle qui déchire.

On m’a dit : « Analyse tes rêves, et tu verras qu’ils te parlent »
Et c’est vrai
Il se foutent de ma gueule

Cette forme parlé-chanté se poursuit sur le titre éponyme qui suit, Le roi des ruines, un titre plus court, plus ramassé, plus urgent aussi, et plus mélodique, un peu à la manière du Grand incendie de Noir Désir, ou d’Hexagone de Renaud, mais dans un registre plus introspectif. De cette intimité naît Dans la rocaille, qui nous montre aussi que Andoni Iturrioz sait être caressant, au travers d’un poème musical mélancolique. Un ton qu’on retrouve plus tard sur Jérusalem, un titre qui évoque en quelques mots imagés, un mal enkysté par les grandes religions (« Des croyants se croient magiciens et couchent le Soleil »).

Avec La Fabuleuse Histoire de Judas Iscariote, on passe au niveau supérieur de ce Roi des Ruines. Sur près de 11 minutes, à la manière de La Féline reprenant Manset, on découvre un monde, entre rêve éveillé et dure réalité, une ligne de basse accompagne la voix, une percussion feutrée et une guitare lointaine finissent de camper le décor de ce -roadmusic-, bientôt rejoints par d’autres instruments à cordes, des sons, des voix exotiques. Le narrateur (plus que chanteur) décrit une vision de ce monde, notre monde, en proie au doute et à la violence. Poème philosophique ou réflexion lucide sur les religions et les croyants, le monde moderne et ses travers. Dans ce long texte, Andoni Iturrioz nous enjoint à penser, réfléchir sur notre civilisation, et peut-être notre rôle dans ce grand maelstrom planétaire. En fin d’album, le chanteur nous invite à une autre grande fresque sonore, Olé, prétexte à d’autres réflexions sur le sens de la vie, à la fois personnelle et universelle : « L’homme n’a pas créé Dieu mais tout le reste ». Je vous invite à lire les textes de cet albums, retranscrits en intégralité sur le site bandcamp de l’artiste.

Très difficile de décrire ou résumer en quelques lignes les 45 minutes de poésie méditative que Andoni Iturrioz a rassemblé dans Le roi des ruines. Cela pourrait demander quelques heures d’analyse avec Michel Onfray, consultant de choix sur un pareil ouvrage. Mais comme on n’a pas des heures devant nous, je vous laisse simplement vous faire votre propre réflexion, après quelques écoutes. Attention, vous n’en sortirez pas tout à fait indemne.

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Site officiel / Facebook / Bandcamp


Line-up : 
Andoni Iturrioz

Tracklist : 
1. La Joie Noire 05:35
2. Le Roi des Ruines 03:14
3. Dans la Rocaille 03:32
4. La Fabuleuse Histoire de Judas Iscariote 10:53
5. Révolution (par épiphanie collective) 04:18
6. Jérusalem 04:16
7. Smara (hommage à Michel Vieuchange) 03:30
8. Olé 10:27