Yodelice au Parc du Port Breton – Dinard (35)

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YODELICE en concert

+ 1ère partie : LES KITSCHENETTE’S

Date : 8 août 2025
Salle : Parc du Port Breton
Lieu : Bretagne, Dinard (35).


Par Mike S.

Ce soir, dans le parc du Port Breton, les fans de Yodelice ont répondu présents pour assister au nouveau spectacle du chanteur français, baptisé  Psycho Fuzz, sorte de one-man-show sonique. En ouverture de ce concert, Les délirants (et malouins) Kitschenettes, toujours coincés dans les années 60, présentaient leur nouvel EP 4 titres, Algorythm’n’Blues. 

Le soleil décline doucement sur le parc du Port Breton. Les allées se remplissent. Les couvertures s’installent sur l’herbe. Sur le parvis du château, la scène trône, prête à accueillir plus de 1 500 spectateurs. Ce soir, Yodelice dévoile Psycho Fuzz, un nouveau spectacle annoncé comme un “one-man-show sonique », dans une scénographie pensée et éclairée par Pierre Claude qui a travaillé sur les concerts de Air ou Phoenix. 

Mais les premières notes viennent d’ailleurs, d’une autre époque, pourrait-on dire. Les Kitschenette’s entrent en scène. Six silhouettes en costumes vintage, chemises colorées, cap sur les épaules et pantalons étroits. Les guitares ont le vernis craquelé du temps, les micros sont rectangles, gris, comme arrachés à une émission ORTF. Les premières mesures font ressurgir d’un coup les années 60 : rythmes yéyé, touches de surf music, harmonies vocales millimétrées par la doublette masculine/féminine.

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Ils reprennent “Route 66” avec un accent bien français, et en français dans le texte, comme on le faisait à l’époque. Entre deux morceaux, ils présentent leur nouvel EP, Algorythm’n’Blues, pressé en 45 tours. Un objet culte que les moins de trente ans regardent avec curiosité. Parmi les quatre titres, “Le Poison” et “Plus personne” sont dévoilés en version live. Le public rit aux blagues, se balance aux refrains. Sous les apparences légères, les textes piquent parfois là où on ne s’y attend pas. Un set drôle, chaleureux, tout en décalage avec ce qui va suivre.

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Le show suivant a besoin d’obscurité. Alors, on attend, on attend encore, comme s’il s’agissait des feux du 14 juillet. Finalement, la nuit tombe. Un silence s’installe. Une ombre monte sur scène. Seul. Maxime Nucci, alias YODELICE. Plus de chapeau, plus de larme peinte sous l’œil. Costume noir ample, chemise sombre. Les cheveux, noirs, lissés vers l’arrière, lui donnent des airs de Dave Gahan époque Songs of Faith and Devotion. A sa droite, un étrange boîtier scintille de lumières rouges : sa “valise nucléaire”, cœur battant de ce nouveau son. A sa gauche, un clavier. Et derrière lui, sa guitare, une Gretsch noir, qui scintille sous les lumière, seule à l’accompagner sur scène. 

La première déflagration sonore surprend. Les basses font vibrer le plancher de la scène. Les beats électro frappent comme des coups de masse. Le public recule d’instinct. Yodelice s’en amuse, micro en main : “Certains regardent leur billet… pensant aux Petits Mouchoirs. Ils croient s’être trompés de concert.”

Ce soir, pas d’anciens titres. Pas de place pour le folk ou le rock plus classique. Le set est entièrement dédié à What’s the Cure?, le cinquième album de l’artiste, sorti en 2024. On navigue entre New Order, Archive, Depeche Mode ou AaRON. Parfois, la Gretsch noire brille dans les faisceaux de lumière, tranchant le mur électronique de ses riffs blues. Elle est aussi remplacée par sa guitare argentée aux formes de tête de mort et aux yeux rouges, qui suit le musicien depuis 20 ans. Les machines déclenchent des pulsations hypnotiques, irrésistiblement dansantes. Le chanteur a déjà avoué possèder près de 70 guitares. Ce doit être difficile de choisir pour préparer une tournée !  

Actrices du spectacle à part entière, les lumières suivent la cadence. Rouges ardents, violets saturés, stroboscopes qui éclatent par vagues. Par moments, on se croirait en pleine rave : répétition des beats, flashes aveuglants, corps en mouvement. Dans cette transe colorée, on reconnaît “Muse in Motion” et ses accents dancefloor, le sombre “What’s the Cure?”, l’implacable “Desires Never Die” ou encore “Ghostly Affair”, ballade glacée qui évoque directement Depeche Mode et plus particulièrement Dave Gahan, de par son look et sa voix ensorcelante. 

Soudain, les pédales tombent en panne. Yodelice improvise. Quinze minutes de création brute. Une pièce instrumentale qu’il baptise immédiatement “Dinard”. Puis, dans un éclat de rire, “la chanson de l’âne”, dont le cri semble résonnant tout du long qu’il est descendu de scène, fendant la foule, dansant au milieu des spectateurs, se laisse porter par les mains et les sourires.

Après The Circle et son minimalisme, ce virage électro-rock est un choc frontal, qui a raison de certains spectateurs. Rien à voir avec Tree of Life ou Square Eyes. Mais Yodelice assume. Il pousse l’expérience jusqu’au bout. Ce soir, il ne donne pas juste un concert : il embarque plusieurs centaines de personnes dans une immersion sonore et visuelle totale.

Pas de rappel pour ce concert. En quittant le parc, ceux qui sont parvenus à rester jusqu’au bout, ont encore les yeux rouges des stroboscopes, les oreilles bourdonnantes. Tous, en revanche, gardent le souvenir d’une soirée hors norme. Une tempête musicale, dense et hypnotique ! Le chanteur lui-même, s’en souviendra longtemps, entre guitares désaccordées et pédale d’effet rendant son dernier soupire, en toute fin de tournée. Mais, avec le sourire de bout en bout !   


Merci à la Mairie de Dinard et aux organisateurs du Festival Dinard Opening

Photo d’illustration de Yodelice : Crédit : Yann Orhan. 

On est un peu déçu ne pas avoir pu vous montrer de belles photos du concert de Yodelice. La liberté de la presse, c’était mieux avant 😉

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