Rock En Seine 2022 vignetteRock En Seine

La Parc de Saint-Cloud (92)

Les 25 et 26 Août 2022

Notre avis : [star rating= »4″ max= »5″]


2022 restera une édition historique pour Rock En Seine : 4 jours de festival, dont 3 soirées sold out, pour 150 000 festivaliers ! Arctic Monkeys, Nick Cave & The Bad Seeds et bien d’autres encore ont transformé la pelouse de La Grande Scène en des rassemblements grandioses. Petite rétrospective de ce retour de Rock En Seine après 2 années de disette liées au covid…

Jeudi 25 Août 2022

YARD ACT

C’est avec Yard Act que nous avons le plaisir de débuter cette édition. On a à peine eu le temps de se remettre des tempêtes rock que sont Fontaines D.C., Idles, Shame, Black Midi, ou encore Squid que le Royaume-Uni nous envoie déjà sa toute nouvelle livraison : Yard Act. Il y a décidément de l’orage dans l’air chez ces jeunes Anglais, originaires de Leeds comme les légendaires Gang Of Four. Les festivités sont lancées avec « Dark Days », « Witness (Can I Get A?) » et « Dead Horse ». Sorti en début d’année, leur premier album, « The Overload », a mis la barre très haut en matière de post-punk électrocuté et de storytelling social. Le titre éponyme est envoyé dans la foulée, mettant en évidence tout le talent de ce quatuor déglingué. On pense à The Fall pour les textes sarcastiques, ou aux premiers Talking Heads pour la démarche arty et les rythmiques irrésistibles. Une belle découverte et une bonne mise en bouche pour ce début de journée !

Yard Act '2022)

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YUNGBLUD

Direction La Grande Scène où Yungblud débarque sous les applaudissements. Le set est lancé avec « Strawberry Lipstick », suivi de « Parents » et « Superdeadfriends ». Durant 50 minutes, l’artiste va nous proposer sa pop alliant le hip-hop, l’électro et le rock alternatif, le tout avec une énergie folle et un charisme indéniable. Lors de la cérémonie des NME Awards 2020, cet électron libre avait attiré tous les regards avec son maquillage appuyé, sa coupe pétaradante et son franc-parler amusant. Originaire du Yorkshire, Dominic Harrison (de son vrai nom) a sorti en 2018 son premier album, « 21st Century Liability », joyeux mélange de rock emo, de rap, de pop-punk et de ska, suivi de « Weird! » fin 2020. Que ce soit dans sa musique ou en chair et en os, cet Anglais de 24 ans ne passe pas inaperçu. Il se donne à fond et électrise la foule. Les titres s’enchaînent : le tube « The Funeral », « I Love You, Will You Marry Me » et « Weird! ». Benjamin Hekimian, dit Waxx, est invité sur scène pour « Fleabag ». Yungblug nous  honore d’une reprise avec « I Think I’m OKAY » de Machine Gun Kelly. Les applaudissements sont nourris pour cet ensemble relevé et énergique. Yungblud a fait bouger le public venu très nombreux.

Yungblud (2022)

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INHALER

Une intro musicale annonce le début du show. L’arrivée des protagonistes se fait sur « Lord Pretty Flacko Jodye 2 (LPFJ2) » de A$AP Rocky et le set est lancé avec « It Won’t Always Be Like This », suivi de « We Have to Move On ». Pour ceux qui ne le savent pas encore, Elijah Hewson, le chanteur-guitariste du groupe, est le fils de Bono (chanteur de U2), mais il sait parfaitement s’éloigner de l’héritage paternel pour se forger ses propres expériences. Les quatre membres d’Inhaler ont tous une vingtaine d’années, l’âge où on n’écoute pas vraiment les conseils des parents. Tant mieux, ça leur permet de composer des morceaux qui n’appartiennent qu’à eux. On a ainsi pu entendre depuis 2017 une flopée de singles, puis un album sorti en juillet 2021, et c’est bien grâce à leur musique que ces rockeurs Irlandais ont fait leur réputation de jeunes pousses à découvrir absolument. « Totally » et « Who’s Your Money On ? (Plastic House) » viennent poursuivre le show qui monte petit à petit en intensité. « Cheer Up Baby » et « My Honest Face » viennent terminer le tour de chant. Une belle prestation !

Inhaler (2022)

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IDLES

La formation débarque sur scène et lancent les festivités avec « Colossus ». Les premiers accords s’élèvent et Joe Talbot commence sa terrifiante psalmodie. Le décollage est imminent et le parterre explose avec « Car Crash ». Les pogos sont lancés et la bière commence à déborder des gobelets. C’est une foule déchaînée que nous avons dès le départ. « Mr. Motivator » et « Grounds » sont ensuite balancés. Mark Bowe, revêtu d’une robe, est habité par le diable. Il parcourt la scène de long en large, va au contact du public. Les titres s’enchaînent : « Mother », « Divide And Conquer », « The Beachland Ballroom », « Never Fight A Man With A Perm », « Crawl! », « A Hymn », « The Wheel ». Pogos et slams redoublent d’intensité. Il y a une sacrée ambiance ! Le groupe reçoit régulièrement une ovation. Complètement allumé et enragé, Idles nous offre du post punk, sec et nerveux, avec des guitares incendiaires et une batterie mordante. »Wizz », « I’m Scum », « Danny Nedelko » et « Rottweiler » viennent compléter le tour de chant. Ce concert restera forcément dans la mémoire de tous ceux qui étaient là cet après-midi !

Idles (2022)

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ARCTIC MONKEYS

Elle paraît bien loin l’époque où on a vu débarquer ces quatre adolescents Anglais, sourires goguenards et tignasses ébouriffées. C’était en 2006 et rien ne pouvait nous préparer à la claque magistrale de leur premier album, « Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not », fantastique concentré de sève adolescente, d’énergie rock, de spoken word et d’accent de Sheffield. A peine majeurs sur leurs passeports, les Arctic Monkeys sont immédiatement devenus incontournables, inspirant des vocations et triomphant à chaque sortie d’album. Ces dernières années, ils avaient quitté les ruelles en briques de Sheffield pour le soleil de Los Angeles. Ils étaient ce soir au Parc de Saint-Cloud devant la foule des grands jours. Journée sold out ! Le début des festivités est mené tambour battant avec « Do I Wanna Know ? » et « Brianstorm ». Le public, conquis, reprend en choeur. Emmenés par un Alex Turner en grande forme, les rockeurs Anglais ont comblé les fans en passant en revue leur 20 ans de carrière, nous présentant également un titre inédit « I Ain’t Quite Where I Think I Am » qui figurera sur le nouvel album « The Car ». La sortie est prévue le 21 octobre prochain. Un retour réussi pour cette édition de Rock En Seine !

Arctic Monkeys (2022)

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Vendredi 26 Août 2022

JEHNNY BETH

C’est avec Jehnny Beth que nous débutons cette nouvelle journée. Le set est lancé avec « Innocence » et la chanteuse n’hésite pas à venir au contact du public pour les titres suivants. L’artiste nous présente en grande partie l’album « To Love Is to Live » sorti en juin 2020 avec une prestation enflammée. Le set déborde d’énergie. Jehnny Beth se démultiplie à l’infini sur différents projets – sauvageonne en chef du quatuor féminin Savages, récemment co-auteure d’un superbe album en duo avec Bobby Gillespie (Utopian Ashes), actrice, présentatrice de l’émission musicale Echoes sur Arte, animatrice radio sur Beats 1, collaboratrice surbookée (notamment avec Gorillaz, Julian Casablancas et Tindersticks), boxeuse à ses heures perdues… Elle nous offre durant ce set une reprise de Nine Inch Nails : « Closer ». Une belle mise en bouche pour lancer cette 2ème journée !

Jehnny Beth (2022)

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ALDOUS HARDING

Petit passage à La Grande Scène où nous assistons au début du set d’Aldous Harding. La chanteuse Néo-Zélandais prend possession de la scène entourée de 4 musiciens. Son attitude et sa gestuelle ont de quoi surprendre. Elle a une façon bien à elle de se déplacer ou de chorégraphier ses chansons. Ce qui lui donne un côté un peu barré. La chanteuse semble être dans son monde. Elle s’adresse à peine au public entre chaque chanson.  Le set est lancé avec « Ennui » et « Tick Tock ». Aldous Harding puise son inspiration dans la pop psychédélique, le rock et la folk. Elle y ajoute autant de sensibilité que d’excentricité pour signer des morceaux soigneusement mis en forme. Le quatrième album « Warm Chris » sorti au printemps dernier nous a été présenté.

Aldous Harding

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DIIV

Diiv nous a offert un set totalement prenant. Le très discret leader, chanteur et guitariste Zachary Cole Smith (un peu caché à droite de la scène), l’expansif et barré guitariste Andrew Bailey (qui grimace comme un dingue et cabotine en plein milieu), l’énorme bassiste Colin Caulfield (qui donne tout) et le très bon batteur Ben Newman (qui assure comme une bête) créent de bluffantes cathédrales sonores où se côtoient indie rock, shoegaze, pop enfumée et post rock. C’est classe, très enveloppant. Difficile de ne pas fermer les yeux et de ne pas laisser divaguer son esprit !

Diiv (RES 2022)

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THE LIMIÑANAS

Contrairement à d’autres couples musiciens, Marie et Lionel Limiñana n’ont jamais cherché à rester enfermés dans leur cocon douillet (leur maison/home-studio de Cabestany, près de Perpignan). Bien au contraire, le duo garage-psyché a un goût prononcé (et impeccable) pour les collaborations. C’est dans cet esprit de partage, de convivialité et d’ouverture qu’ils envisagent leur musique. Après leurs œuvres communes avec Bertrand Belin, Anton Newcombe, Pascal Comelade ou encore Peter Hook, le dernier exemple en date est « De Película », un album coréalisé avec Laurent Garnier, DJ et producteur de légende. Ici, la Dream Team joue sous une bannière krautrock qui n’est pas sans rappeler les grandes heures de Can, avec des paroles en spoken word qui racontent une histoire façon road movie. Hypnotique. Le duo Catalan se transforme en collectif musical sur scène. Le plateau est bien rempli ! L’ensemble proposé est dansant et envoûtant. Le chant est partagé au sein du collectif qui nous a offert un joli moment, de belles ballades aux sons soigneusement travaillés, à grand renfort de pédales reverb. Une très très belle prestation, originale, énergique, avec de bonnes vibrations 60’s. À voir absolument !

The Liminanas (RES 2022)

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JAMES BLAKE

En plus d’avoir fait chavirer la presse et le public dès son premier album éponyme, en 2011, James Blake n’a pas cessé de présenter des projets toujours plus intéressants, sur lesquels il a pris toujours plus d’assurance autant dans sa façon de chanter que dans son songwriting et dans ses productions pour les autres (il a collaboré avec Beyoncé, Frank Ocean et autres Kendrick Lamar, pour ne citer que les superstars). Sur ses propres albums, le trentenaire Anglais a gagné en ampleur sans renoncer au minimalisme de ses débuts, à ce goût pour le silence qu’il manie si bien. Électro, soul, ambient et trip-hop s’enlacent délicatement dans ses morceaux, dans une ambiance recueillie qui donne des frissons en live.

James Blake (2022)

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LONDON GRAMMAR

Contrairement à ce que laissait entendre le titre de leur premier tube, « Wasting My Young Years », ces trois Londoniens n’ont rien gâché de leur jeunesse : depuis leurs débuts en 2013, ils ont créé des chansons mémorables qui œuvrent dans les eaux de la dream-pop, de l’électronica, de la pop orchestrale et du trip-hop. Voilà donc plus de dix ans que ce groupe renouvelle son art à chaque nouvel album. Sur le dernier en date, « Californian Soil », Hannah Reid, leur chanteuse lyrique jusqu’à présente discrète, prend les rênes et assume une position de leader qui lui sied à la perfection. Sa voix de contralto, aussi à l’aise dans la voltige émotionnelle que dans une retenue élégante, prend toujours plus d’ampleur à mesure que cette jeune femme sensible gagne en maturité et en confiance en elle. Un joli moment !

London Grammar (2022)

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SQUID

Au sein de l’écurie Warp, label pointu spécialisé dans les musiques électroniques et expérimentales, les groupes de rock sont triés sur le volet. Le groupe Squid fait partie de cette sélection d’élite grâce à son post-punk abrasif. Originaires de Brighton, puis relocalisés à Londres, ces cinq Anglais parviennent à transposer en live toute la singularité et la force ahurissante de leur premier album studio, « Bright Green Field », sorti en mai 2021 et produit par le talentueux Dan Carey. Ce savant condensé de punk, de krautrock, de funk et de rock progressif fait taire tous ceux qui croyaient, à tort, que le rock était devenu obsolète ces derniers temps !

Squid (2022)

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KRAFTWERK

Dans le cadre de leur tournée 3-D, les pionniers de la musique électronique Kraftwerk était de retour en France avec leurs compositions mêlant innovations techniques, voix synthétiques et rythmes informatiques. Une expérience unique en 3D à RockEn Seine !

Kraftwerk

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NICK CAVE AND THE BAD SEEDS

Une longue silhouette ténébreuse, le charisme incarné, qui arpente la scène comme un prédicateur possédé et interprète des morceaux incandescents avec sa troupe de pirates rock (dont le maestro Warren Ellis) : si vous n’avez encore jamais vu en live Nick Cave & The Bad Seeds, vous avez raté un spectacle inoubliable ! Aussi à l’aise dans la lumière que dans le crépuscule, aussi crédible en punk rageur qu’en crooner recueilli au piano, l’Australien pratique un mélange de blues en auto-combustion, de romantisme noir, de références bibliques et de songwriting classique. Pas un seul faux pas en plus de trente-cinq ans de carrière, de ses débuts chez The Birthday Party à ses somptueuses B.O. de films, en passant par l’aventure Grinderman. Monumental !

Nick Cave (2022)

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