Raphaël – Solitude des latitudes

2015 –  10 titres – 47’47
Label :  Play On / Warner
Style : Chanson
Origine : France
Date de sortie de l’album : 18 décembre 2015

Notre avis :


Par Mike S.

Le 11 juillet 2015, Gérard Manset était à La Rochelle, aux Francofolies… Connu pour son aversion pour la scène, il ne s’agissait pas pour lui de donner une représentation, ce qui relèverait de l’exploit pour les programmateurs… En revanche, c’est bien le répertoire de Manset qui est à l’honneur ce soir, diffusé en direct sur France Inter. Et c’est Raphaël qui a la lourde tâche de faire vivre ces chansons en live, le temps d’un soir ou d’une éternité… 

Il faut dire que la manageuse de Raphaël n’est autre que Caroline Manset, la fille de ce vieil ermite. Et que Raphaël, depuis longtemps, a fait siens les mots du poète, que ce soit dans ses albums, dans un tribute ou même en duo avec Gérard sur Toutes choses (Un oiseau s’est posé – 2014). Il était donc le candidat idéal pour cet exercice. Ce qui ne devait en aucun cas enlever le stress et la pression sur les épaules de Raphaël, ce soir là, à La Rochelle, en interprétant cette poignée de chansons, véritable trésor de guerre, reliques sacrées, qu’on s’ose à peine toucher du bout des doigts, en espérant seulement s’imprégner de leur âme. Et là, sur scène, la voix tremblante, Raphaël revisite Manset, à travers les âges, de 1970 jusqu’à aujourd’hui.

Et parmi plus de 40 ans de carrière, 20 albums, ce sont 10 chansons qui ont été choisies et réorchestrées pour cet événement exceptionnel. Restituées sur un CD, en cette fin d’année, juste pour être posé sous le sapin, on retrouve ces chansons, habillées de fête, à grand renfort de cordes, dont on doit les arrangements à Moritz Reich. Dès le début de la représentation, le quatuor fait vibrer ses cordes, claires et graves, sur Solitude des Latitudes, un des cinq titres que Raphaël va emprunté à Matrice, considéré par les fans, comme l’oeuvre majeure de Manset (1989). La voix de Raphaël est retenue, ténue même, et fébrile, montant et descendant dans les fréquences, jouant avec ses propres cordes. On y ressent peur, respect et fascination. Moins tendu, sur Filles des jardins, Raphaël réanime sa voix, son timbre, et joue avec les harmonies, pendant que la guitare de Yan Péchin s’électrise discrètement. Quoi qu’acoustique, le titre Matrice, est ce soir, le plus proche de l’original. On sent ici l’envie de garder intact l’icône sacrée. Alors qu’à l’inverse, plus tard, dans le concert, Comme un légo se voit totalement transformé, le textes devient même un poème récité, pendant que la musique acoustique, électrique, se promène autour. L’atmosphère ressemble à un soir d’orage dans la chaleur de l’été. Electrique. Fébrile. Presque Post Rock. On aurait tres bien pu imaginer Bashung, qui l’a aussi chanté, venir l’accompagner en duo surprise avec Raphaël, qui termine finalement le titre en chantant.

La représentation et le CD s’achève sur Revivre, juste après Il voyage en solitaire, seul titre de Manset à être passé à la postérité. Et voilà le miracle en somme… Raphaël, seul au piano. Avant de quitter la scène et laisser le rideau retomber, il remercie l’ensemble des personnes ayant contribué à la concrétisation de cette soirée, avant de saluer Gérard Manset, lui-même, présent dans la pénombre de la salle.

Une expérience sans précédent, à la hauteur de l’événement et qu’il faut absolument réitérer ! Raphaël en surprendra plus d’un, moi le premier !

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Bonus : Manset revisite Manset : Matrice 2014.