Mathieu Boogaerts – Promeneur

20 ans séparent « Promeneur » du premier album de Mathieu Boogarts, Super. 20 ans que Mathieu Boogaerts révise les codes de la chanson française et lui insuffle de la modernité et quelques grains de folie. Résultat : 20 ans que Mathieu Boogaerts nous prend à contrepied à chaque nouvel album et à chaque nouvelle tournée. Etait-il possible qu’il en soit autrement cette fois ?

Il y a un an, fin 2015, il débute l’enregistrement de son septième album studio, dans une maison isolée à la montagne, juste lui, sa voix et sa guitare, pour accompagner cette nouvelle aventure. Une façon de s’échapper du monde et du quotidien et en profiter pour repenser son processus créatif, avant de faire appel, plus tard, à d’autres musiciens, et ajouter une guitare électrique ou quelques violons, à ces ébauches presqu’achevées que Mathieu veut toujours minimalistes.

A la fin du processus : un album de 13 chansons, douces et sincères… Chaque chanson est courte, deux à trois minutes, leur titre aussi, un ou deux mots, fluide, en forme d’interrogation parfois, de contemplation aussi. Si les jurés du Prix Nobel ont su reconnaitre dans l’écriture de Bob Dylan, une forme moderne de poésie, nul doute que ce qui sort de la tête de Mathieu Boogaerts en est assez proche, dans la langue d’Aragon, Rimbaud ou Baudelaire. Et si les mots sont modernes, les idées sont classiques, on y croise le bien et le mal, le passé et le futur, l’amour et le désir, la prison et la liberté, le doute, la certitude et la désillusion, l’émancipation, la tentation, etc.

Quoi qu’acoustique et minimaliste, la musique de ce Promeneur n’en est pas moins riche, expressive, pour ne pas dire picturale. Elle accompagne, colore, illustre, avec toute la discrétion possible et imaginable chez Mathieu Boogaerts. Pour un rendu doux, délicat et mélancolique.

Et en fin de compte, cette nouvelle petite collection anodine de vers, ce joli bouquet innocent de mots, cette brassée rustique de notes et d’accords, se transforment une fois encore en une sorte d’anthologie, un best of, un digest, un abrégé de ce que Mathieu Boogaerts nous offre depuis maintenant 20 ans, sans artifice, sans ruse, sans filet.

Et sans être capable de le dire avec le même talent que son auteur, en fin d’album, tout simplement MERCI pour tout !