MARQUIS DE SADE en concert
+ TCHEWSKY  & WOOD 

40 bougies et un Come back réussi !

 

date : 16 septembre 2017
Style : Rock
Lieu : Le Liberté – Bretagne, Rennes (35)

Notre avis :


Par Mike S. et David B.

Pas vraiment connu par le commun des mortels, Les Marquis de Sade ont pourtant laissé une trace indélébile dans le cœur des Rennais et plus largement dans celui des fans de Rock indus des années 80. 36 ans que le groupe ne s’était pas retrouvé sur scène pour proposer un tel spectacle autour des deux seuls albums qui leur ont assuré une postérité indéniable. On avait ce soir rendez-vous avec l’Histoire du Rock ! 

3000 personnes s’étaient donnés rendez-vous dans la salle mythique de Rennes au nom si symbolique. 3000 personnes entassées, dont les rangs n’ont cessé de grossir depuis l’annonce de ce concert il y a 6 mois. 3000 personnes dont l’âge moyen dépassait la cinquantaine, un peu réduit par la nouvelle génération venue accompagner les parents et découvrir un des fleurons du Rock de leur jeunesse.

Mais pour ouvrir la soirée, c’est Tchewsky & Wood, un jeune trio rennais, qui avait profité de l’événement pour élargir son public. On les avait déjà vu en 1ere partie improvisée de Jad Wio, au printemps dernier. L’impression avait été très positive, mais le côté showcase en format duo, n’avait pas montré le quart de la moitié du potentiel du groupe. Le set de ce soir aura, cette fois, bien posé les choses et mis les points sur les i :  Tchewsky & Wood a un son énorme et terriblement envoûtant !

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Marina Keltchewsky et Gaël Desbois (ex-Mobiil avec Olivier Mellano) était accompagné d’un guitariste ce soir, pour dérouler leur concert aux allures Post-21868232_10214250938738563_1487322143_oPunk. Sur des rythmes binaires, la chanteuse balance des textes hybrides en russe, en anglais, en français, en rromani. L’esprit de Dead Can Dance semble alors très proche, surtout quand on entend les incantations monocordes de Marina sur ces ambiances tribales. Ajoutez à cela de belles lumières, un aisance à bouger sur la scène, à passer du micro aux percu pour Marina par exemple, et un plaisir évident de jouer là ce soir ! Tout sourire et à peine stressés !

Le concert se déroule sur une grosse demi-heure, le public apprécie et applaudit. Bien que 40 ans séparent les deux formations de ce soir, il est évident que les deux musiques ont des connections, et les spectateurs y retrouvent un esprit commun, inspiré par Joy division ou Birthday Party, une forme d’avant-gardisme, une longueur d’avance sur son époque. Il est fort à parier qu’il y aura un avant et un après pour  Tchewsky & Wood, avec ce concert devant plusieurs milliers de personnes, prouvant leur capacité à jouer et tenir en haleine un public de festival, par exemple. L’Eté 2018 devrait être celui de Marina Keltchewsky et Gaël Desbois !

Après avoir apprécié l’apéro façon pirojkis/vodka, il était temps de passer au plat de résistance qui allait rester gravé dans nos mémoires pour au moins quarante autres années. Mais pour éviter tout oubli, on pourra compter sur les caméras qui ont immortalisé le moment et devrait fournir les images d’un DVD pour Noël !

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Philippe Pascal, Frank Darcel, Thierry Alexandre et Eric Morinière montent sur la scène dans la pénombre d’une vidéo céleste et d’un air d’opéra digne de Ligeti. Et c’est avec le premier titre de Dantzig twistSet In Motion Memories, que le groupe débute presque logiquement leur set. La voix est intacte (retravaillée pour la circonstance), le son tout autant. Il n’y a que les cheveux qui ont pris des couleurs d’automne, les visages sont un peu plus burinés qu’auparavant, et les mouvements un peu psychédéliques. Le climat Rock 80’s de la scène Rennaise s’installe dès les premières notes et va rester là pendant une vingtaine de titres, comme le promet la setlist posée sur la table de mixage des ingés-sons ! Henry et Who said Why y participent largement en nous faisant continuer l’exploration quasi-archéologique de Dantzig twist.  C’est Brouillard Définitif qui nous fait passer dans le second album, avec l’arrivé de Paul Dechaume, le petit nouveau aux claviers (membre du groupe « Les Vilars »), placé en font de scène, à coté de la batterie d’Eric Morinière. Suivi par le saxo de Daniel Paboeuf, à la fin du titre suivant, Boys boys. Le groupe est alors au complet pour nous replonger 40 ans et arrière et nous filer une de ces claques, appuyées par le poids des années qui nous sont passées dessus, à vitesse supersonique. La guitare de Frank Darcel a quelque chose de magique, qui vous donne encore des frissons, 4 décennies plus tard.

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Le public applaudit copieusement et échange quelques mots avec Philippe Pascal, toujours heureux de remettre les titres dans leur contexte ou pour expliquer combien certains titres ont été difficile à préparer, pour cette date peut-être unique. C’est notamment le cas de Japanese Spy. Petit flottement en fin de premier set, avant les rappels, sur l’intro de White Light, car le groupe avait prévu une petite surprise : faire remonter sur scène les « anciens » du Marquis ! Et c’est, entre autres, Christian Dargelos, un des co-fondateurs du groupe, repassé récemment dans l’actualité avec la reformation d’un autre groupe mythique rennais, Les NUS ! Il y a aussi Sergeï Papaïl qui officia, avec lui dans Frakture, Pierre Thomas ex-Marc Seberg… Tout ça est un peu brouillon, mais le plaisir est indéniable, de retrouver cette bande de potes, parmi lesquels il manquait bien évidemment Frédéric Renaud, disparu en 2013. Et dans le public, parmi les anonymes, il y avait aussi des fans plus connus et tout aussi émus par l’événement : Dominique A, Yann Tiersen, Pascal Obispo, Etienne Daho. Une preuve de plus, s’il en fallait une, pour dire que la soirée était toute particulière. La musique froide et tourmentée du Marquis en a touché plus d’un et a sans doute participé à l’apparition de vocations !

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Une fois passée les retrouvailles, le groupe disparaît quelques instants dans les coulisses, histoire de reprendre son souffle, le poids des années agit tout le même sur les organismes…   et c’est avec Walls et Conrad Veidt que le groupe offre un premier rappel. Deux titres du 1er album, une fois de plus, montrant combien Philippe Pascal reste attaché à celui-ci plus qu’au second. Et le second rappel ne nous contredira pas, puisque c’est Henry qui est rejoué, avec Daniel et Paul cette fois. Avant21743624_10155200478399635_728505274958629489_o cela, une petite reprise – rituel de Black session, pour les nostalgiques… – avec le titre Hero emprunté au groupe allemand de Krautrock Neu!. De quoi nous maintenir dans l’atmosphère générale de la soirée et faire plaisir aux fans avec un nouveau titre du Marquis de Sade 36 ans après la dissolution. Une cerise supplémentaire sur le gâteau d’anniversaire  !

Pas de doute, cette soirée fera date dans les anales du Rock rennais, ayant comblé tous les espoirs et à aucun moment donné une impression d’artifice. C’était une fête pour tout le monde, une occasion de se souvenir ou de découvrir un chapitre de l’Histoire du Rock à Rennes, voir même d’en réécrire quelques pages, pour permettre aux nouvelles générations de s’en inspirer.  3000 merci !


Reportage : Mike S. 
Photos : Mike S. et David Bilot

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