13e édition du Festival La Route du Rock – Collection Hiver
Lieu : Saint-Malo (35)
Du 23 au 24 février 2018
Notre avis :
Par Mike S.
Le « 13 » va-t-il porter chance à cette nouvelle collection Hiver de la Route du Rock à La Nouvelle Vague ? Dorénavant, les programmateurs parviennent à sortir quelques têtes d’affiche de leur chapeau ! L’an passé avec les Teenage Fanclub ou The Limiñanas et Fishbach. Et cette année, ce sont des protagonistes des éditions de l’Eté qui viennent passer la basse saison dans la cité corsaire. Les Girls in Hawaii et The Go! Team. Ajoutez à cela Baxter Dury ainsi qu’un chapelet de groupes prometteurs et vous obtenez une nouvelle édition 2018 TRES convenable et qui aura eu vite fait de vendre son millier de billet journalier, capacité maximale de La Nouvelle Vague.
Vendredi 23 février 2018 – La Nouvelle Vague
Démarrage dans un froid glacial à l’extérieur de la salle, mais déjà, à l’intérieur le public s’est pressé pour ne pas rater les premiers groupes de la soirée, tant on sait combien, les derniers deviendront peut-être les premiers. C’est un adage qui marche très souvent pour ce festival ! Et ça débute plutôt dans cet esprit dès 20h avec THE BRYAN MAGIC TEARS, un groupe originaire de Paris, auteur d’une poignée de singles et d’un album, sorti il y a un an de ça.
Le son de ce groupe est orienté Rock garage, mais avec des nappes électrisantes qui ne sont pas sans rappeler la période shoegaze des années 90, dont Ride ou Slowdive nous ont rappelé à leur bon souvenir il y a peu encore pendant l’Eté du Festival. Et histoire de brouiller un peu les pistes, le concert se termine sur une reprise.
On se croirait revenu au temps des Black Sessions. Les Bryan Magic Tears s’offrent en effet une version très personnelle de How Soon Is Now? des Smiths.Belle ouverture de Festival de toute évidence !
KELLEY STOLTZ leur emboîte le pas, après plus de 30 mn de préparation de scène. Avec une réputation qui le précède et une discographie déjà longue comme le bras, le chanteur californien nous propose un concert aux influences multiples, qui vont de Bowie au Velvet, des Beach boys à Nick Drake. Qu’importe, le son est bon, le rythme chaloupé, et les mélodies sont agréables à l’oreille. De plus en plus 70’s, au fur et à mesure que le concert avance. Il termine, lui aussi, sur quelques ouvertures à sa musique. A commencer par une reprise de Marvin Gaye, avec Merci Merci Me, et dont je me souvenais surtout la version de Robert Palmer. Si vous y ajoutez une veste à paillette façon Rod Stewart, vous arrivez à voir vers où Kelley Stoltz essayait de nous emmener à la fin – surprenante – de son set, totalement à contre-pied du début. Concert à revoir en entier sur le site d’Arte.
On retrouve les GIRLS IN HAWAII pour un 3e passage à la Route du Rock, mais cette fois, pour la collection Hiver. Le groupe ne cache pas son plaisir à revenir à Saint Malo, pour présenter leur 4e album, Nocturne, après 15 ans de carrière sur les scènes du monde entier ! (concert arte.tv).
C’est un plaisir d’entendre ce jeu de guitare acoustique mêlée aux électriques. Cela donne un son toujours singulier, très propre, très rond. Le groupe a un talent indéfectible pour créer de belles chansons et les habiller de beaux arrangements. Sur scène, on y ajoute, ce soir, un jeu de lumière exceptionnel, tantôt vert hypnotique, tantôt kaléidoscopique. Mêlant habilement Folk et Pop, les voix mêlées plaquée sur les guitares électriques me rappelle parfois Mercury Rev (notamment sur la magnifique Not Dead), au grand dam de mon voisin de festival, qui me fait des gros yeux quand je lui fais état de cette impression. Nada Surf ou les Beach Boys ne sont jamais bien loin non plus, dans ce méli-mélo de Pop sans âge.
Et ce soir encore, après 20 ans de carrière bientôt, les deux voix d’Antoine et Lionel se marient à la perfection, appuyées par celles des autres musiciens, pour un rendu aérien. A la manière des versaillais de AIR, on a l’impression de flotter au milieu des nappes synthétiques, que le groupe ajoute à ses guitares, au milieu du tourbillon de lumières des boules à facettes ou des brumes électriques des lasers. Mais ne vous méprenez pas, Girls in Hawaii a sa propre identité et entend bien la faire vivre encore quelques années. Rendez-vous, dans 10 ans, à la Route du Rock, pour un 4e passage ?? 😉
On y découvre ensuite un groupe, pas si nouveau que ça, puisqu’il y a bientôt 10 ans, on le chroniquait dans les pages de La Magic Box, à l’occasion de leur tout premier EP 4 titres. Les CONCRETE KNIVES font leur retour après quelques années de silence. Et pourquoi ne pas fêter la sortie de leur nouvel album, Our Hearts, à Saint-Malo. « Our Hearts » est en effet sorti ce même jour, comme s’empressaient de le signaler les Girls in Hawaii, quelques minutes auparavant. D’autant que le groupe a déjà usé les planches de la Route du Rock, mais c’était en été… Il leur aura fallu 5 ans pour enregistrer la suite à Be Your Own King. On sent que cela n’a pas été toujours facile. Mais le resultat est là ce soir, devant nos yeux et surtout nos oreilles bien ouvertes. Une Pop un peu minimaliste, un peu vintage, mais très dynamique.
Elle donne sourire et bonne humeur en un rien de temps. Sa chanteuse, dont on disait qu’elle avait une extinction de voix, se révèle finalement dans une belle forme. Cela ne s’entend pas. Cachetonnée et boostée à l’adrénaline, elle donne un rythme généreux au concert, pendant que les guitares et les claviers assurent le reste de la prestation. Le rythme est d’ailleurs assez binaire, presque martiale, alors l’ambiance reste festive. C’est peut-être ça la particularité de ce groupe, qui s’apparente à Electrelane ou The Do, pour leur fraîcheur et leur naïveté respective.
Dans cette ambiance débonnaire, le groupe finit de mettre le public dans sa poche, malgré l’heure déjà bien avancée de la soirée, avec leur bondissant Brand New Start. Eux aussi sont retransmis sur arte.tv, à voir ou à revoir pendant qu’il en est encore temps ! (jusque aout 2018). Les plus courageux seront restés pour apprécier PARK HOTEL, un duo londonnien qui a tout de l’étoile filante, mais dont la Route du Rock a le secret pour nous aider à ne pas le manquer.
Samedi 24 février – La Nouvelle Vague
Retour dans l’antre de La Nouvelle Vague, qui affiche complet cette fois, pour une seconde soirée, qui débute avec INSECURE MEN, un duo anglais, qui vient d’enregistrer un album sous la houlette de Sean Lennon à New York. L’album est sorti la veille du concert, avec 11 titres, c’est à dire, la totalité des titres joués ce soir. Saul Adamczewski, guitariste de la Fat White Family, et Ben Romans-Hopcraft, membres des Childhood offrent ce soir un premier aperçu, avec une musique revival 70’s, qu’on pourrait imaginé inspiré par David Bowie ou Lou Reed, si les notes de synthé ne lui donnait pas un petit côté plus ludique, un peu à la manière de Granddady ou de Eels, deux grands champions du brouillage de pistes musicales. Le set se compose logiquement des premiers singles que le groupe avait égrainé ces derniers mois, et de quelques autres. Subaru Nights, I Don’t Wanna Dance (With My Baby) ou Teenage Toy servant de colonne vertébrale à ce set plus que convenable.
Une des plus intéressante découverte de ce festival, ensuite, selon moi évidemment, c’est MONTERO, qui nous arrive de Grèce, bien que son chanteur soit originaire d’Australie. Il vit depuis quelques années en Europe. Il y peint mais il enregistre aussi des chansons magnifiques. Le whisky et la bière coulent à flot en ce début de concert. Reste à savoir si Bjenny Montero va parvenir au bout du concert en restant debout… Rien n’est moins sûr !
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’entendre David Bowie partout depuis deux jours ! Et la musique de Montero, quoi qu’éloignée du dandy anglais, a quelque chose d’emprunté à Ziggy Stardust, à ce personnage inventé de toute pièce et à l’imaginaire qui l’entoure depuis 40 ans maintenant. Habillé d’un pantalon trop kisch pour qu’on puisse prendre le bonhomme au sérieux, Montero parvient à nous bluffer en quelques chansons bien amenées et que le chanteur semble vivre de l’intérieur. A l’instar de ses clips psychédéliques, Montero nous entraine qu’on le veuille ou non dans son univers parallèle et nous hypnotise totalement avec sa voix aiguë et ses accords de guitares 70’s. Les mélodies impeccables finissent de nous dépeindre ce paysage multicolore très Flower Power. On est alors pas loin de franchir les Portes de la perception. Quant à Bjenny Montero, je crois pouvoir dire qu’il les a bel et bien franchies, si je m’en tiens au fait qu’il est en train de ramper sur le sol à la recherche de jolies pâquerettes… Du verre de Whisky, il est passé à la bouteille directement. Évitons les intermédiaires ! Pour finir de satisfaire votre curiosité, je vous laisse découvrez son univers sur son site officiel haut en couleurs, que ce soit à travers ses dessins, ses peintures ou même ses clips surréalistes empreints de Contre-culture et du psychédélisme d’Aldous Huxley !
Impossible après cela de remettre les pieds sur terre ! Et cela tombe plutôt bien car, notre prochain chanteur va avoir plus souvent les pieds en l’air que sur la terre ferme ! CHAIN AND THE GANG débarque, composé de 4 musiciennes et d’un chanteur-performer, tous endimanchés avec de magnifiques costumes en léopard rose… Effet visuel garanti pour une kitsch attitude assumée et réussie ! Avec sa tête et sa dégaine de Mick Jagger, Chain distille un Rock’n’Roll très minimaliste, pour ne pas dire binaire. Un seul objectif à cette musique du diable : faire bouger les foules ! Et pas de doute, l’objectif est atteint, dès la première minute du concert. Ian Folke Svenonius, le chanteur foutraque ne se ménage pas pour nous faire vivre son concert comme un moment d’exception.
N’allez pas imaginer une quelconque recherche artistique, pas la peine, ce n’est qu’énergie pure ! la chanteuse, à ses cotés, avec son air de garçon manqué et sa voix fluette, apporte une patine « gainsbourienne » à ce tableau surprenant, et nous donne une occasion inespérée de trouver un lien avec le concert suivant…
Car, Gainsbourg a, dit-on, pas mal influencé BAXTER DURY qui débarque, impeccable, avec son costume et sa cravate, son air de dandy grisonnant, nonchalant. Loin des furies du Gang précédent, et avant la tempête The Go! Team, la musique de Baxter Dury a quelque chose d’apaisant et presque nécessaire à ce moment de la soirée, les 12 coups de minuits ayant retenti depuis peu. Une musique synthétique et aérienne. Une voix grave, accompagnée de chœurs sensuels, à la manière de I’m Your Man de Leonard Cohen ou d’un Charlotte For Ever de Gainsbourg. Voici planté le décor délicat, presque gracieux, de Baxter Dury.
Mais ne vous y fiez pas trop ! Malgré l’emballage, le bonbon, aux apparences de caramel, peut prendre le gout de parfums plus piquants, plus acides, plus poivrés, d’une chanson à l’autre. A l’instar de ce Cocain Man, un titre d’il y a une dizaine d’année, qui vous trotte dans la tête, comme une simple ritournelle…
Baxter Dury était très attendu par le public de la Route du Rock. Et quelque chose me dit qu’il n’a vraiment pas été déçu, par l’élégance et la qualité de la prestation. Passé 1h30 du Mat’, le public a alors besoin de rythme pour ne pas s’endormir. Et comme il n’a pas encore envie d’affronter le froid glacial qui règne dehors, les programmateurs nous ont prévu à cet effet, une véritable Dreamteam !
Et c’est un ouragan qui va déferler maintenant sur la scène ! L’atmosphère chaloupée ou suave de Mr. Dury laisse place à un climat orageux digne d’une fin de journée d’été au Brésil. Avec sa robe rouge qui a plus du t-shirt de basketteur de la NBA, et son pas de danse épileptique, la chanteuse Ninja fait d’un coup passer la température au dessus des 30 ° ! Les percussions et la trompette venant renforcer cette impression de tempête et de chaleur, le groupe nous entraîne immédiatement dans un tourbillon qui va durer une bonne partie de cette nuit aux allures tropicales ! THE GO! TEAM, habitué des lieux aussi, emporte le public, dans des rythmes frénétiques, poussés à l’extrême par sa pétulante chanteuse et son collectif débridé !
Même si j’ai parfois du mal à trouver un quelconque intérêt musical à The Go! Team sur leur disque – et le dernier Semicircle n’a pas échappé à cela – je dois bien avouer que le groupe sait créer une ambiance de folie !
Ce groupe était bien le client idéal pour clore avec panache cette 13e édition hivernale de La Route du Rock ! Rendez-vous maintenant au mois d’août avec Etienne Daho, Nils Frahm et beaucoup d’autres !
13e édition du Festival La Route du Rock – Collection Hiver
Lieu : Saint-Malo (35)
Du 23 au 24 février 2018
Notre avis :
Par Mike S.
Le « 13 » va-t-il porter chance à cette nouvelle collection Hiver de la Route du Rock à La Nouvelle Vague ? Dorénavant, les programmateurs parviennent à sortir quelques têtes d’affiche de leur chapeau ! L’an passé avec les Teenage Fanclub ou The Limiñanas et Fishbach. Et cette année, ce sont des protagonistes des éditions de l’Eté qui viennent passer la basse saison dans la cité corsaire. Les Girls in Hawaii et The Go! Team. Ajoutez à cela Baxter Dury ainsi qu’un chapelet de groupes prometteurs et vous obtenez une nouvelle édition 2018 TRES convenable et qui aura eu vite fait de vendre son millier de billet journalier, capacité maximale de La Nouvelle Vague.
Vendredi 23 février 2018 – La Nouvelle Vague
Démarrage dans un froid glacial à l’extérieur de la salle, mais déjà, à l’intérieur le public s’est pressé pour ne pas rater les premiers groupes de la soirée, tant on sait combien, les derniers deviendront peut-être les premiers. C’est un adage qui marche très souvent pour ce festival ! Et ça débute plutôt dans cet esprit dès 20h avec THE BRYAN MAGIC TEARS, un groupe originaire de Paris, auteur d’une poignée de singles et d’un album, sorti il y a un an de ça.
Le son de ce groupe est orienté Rock garage, mais avec des nappes électrisantes qui ne sont pas sans rappeler la période shoegaze des années 90, dont Ride ou Slowdive nous ont rappelé à leur bon souvenir il y a peu encore pendant l’Eté du Festival. Et histoire de brouiller un peu les pistes, le concert se termine sur une reprise.
On se croirait revenu au temps des Black Sessions. Les Bryan Magic Tears s’offrent en effet une version très personnelle de How Soon Is Now? des Smiths. Belle ouverture de Festival de toute évidence !
KELLEY STOLTZ leur emboîte le pas, après plus de 30 mn de préparation de scène. Avec une réputation qui le précède et une discographie déjà longue comme le bras, le chanteur californien nous propose un concert aux influences multiples, qui vont de Bowie au Velvet, des Beach boys à Nick Drake. Qu’importe, le son est bon, le rythme chaloupé, et les mélodies sont agréables à l’oreille. De plus en plus 70’s, au fur et à mesure que le concert avance. Il termine, lui aussi, sur quelques ouvertures à sa musique. A commencer par une reprise de Marvin Gaye, avec Merci Merci Me, et dont je me souvenais surtout la version de Robert Palmer. Si vous y ajoutez une veste à paillette façon Rod Stewart, vous arrivez à voir vers où Kelley Stoltz essayait de nous emmener à la fin – surprenante – de son set, totalement à contre-pied du début. Concert à revoir en entier sur le site d’Arte.
On retrouve les GIRLS IN HAWAII pour un 3e passage à la Route du Rock, mais cette fois, pour la collection Hiver. Le groupe ne cache pas son plaisir à revenir à Saint Malo, pour présenter leur 4e album, Nocturne, après 15 ans de carrière sur les scènes du monde entier ! (concert arte.tv).
C’est un plaisir d’entendre ce jeu de guitare acoustique mêlée aux électriques. Cela donne un son toujours singulier, très propre, très rond. Le groupe a un talent indéfectible pour créer de belles chansons et les habiller de beaux arrangements. Sur scène, on y ajoute, ce soir, un jeu de lumière exceptionnel, tantôt vert hypnotique, tantôt kaléidoscopique. Mêlant habilement Folk et Pop, les voix mêlées plaquée sur les guitares électriques me rappelle parfois Mercury Rev (notamment sur la magnifique Not Dead), au grand dam de mon voisin de festival, qui me fait des gros yeux quand je lui fais état de cette impression. Nada Surf ou les Beach Boys ne sont jamais bien loin non plus, dans ce méli-mélo de Pop sans âge.
Et ce soir encore, après 20 ans de carrière bientôt, les deux voix d’Antoine et Lionel se marient à la perfection, appuyées par celles des autres musiciens, pour un rendu aérien. A la manière des versaillais de AIR, on a l’impression de flotter au milieu des nappes synthétiques, que le groupe ajoute à ses guitares, au milieu du tourbillon de lumières des boules à facettes ou des brumes électriques des lasers. Mais ne vous méprenez pas, Girls in Hawaii a sa propre identité et entend bien la faire vivre encore quelques années. Rendez-vous, dans 10 ans, à la Route du Rock, pour un 4e passage ?? 😉
On y découvre ensuite un groupe, pas si nouveau que ça, puisqu’il y a bientôt 10 ans, on le chroniquait dans les pages de La Magic Box, à l’occasion de leur tout premier EP 4 titres. Les CONCRETE KNIVES font leur retour après quelques années de silence. Et pourquoi ne pas fêter la sortie de leur nouvel album, Our Hearts, à Saint-Malo. « Our Hearts » est en effet sorti ce même jour, comme s’empressaient de le signaler les Girls in Hawaii, quelques minutes auparavant. D’autant que le groupe a déjà usé les planches de la Route du Rock, mais c’était en été… Il leur aura fallu 5 ans pour enregistrer la suite à Be Your Own King. On sent que cela n’a pas été toujours facile. Mais le resultat est là ce soir, devant nos yeux et surtout nos oreilles bien ouvertes. Une Pop un peu minimaliste, un peu vintage, mais très dynamique.
Elle donne sourire et bonne humeur en un rien de temps. Sa chanteuse, dont on disait qu’elle avait une extinction de voix, se révèle finalement dans une belle forme. Cela ne s’entend pas. Cachetonnée et boostée à l’adrénaline, elle donne un rythme généreux au concert, pendant que les guitares et les claviers assurent le reste de la prestation. Le rythme est d’ailleurs assez binaire, presque martiale, alors l’ambiance reste festive. C’est peut-être ça la particularité de ce groupe, qui s’apparente à Electrelane ou The Do, pour leur fraîcheur et leur naïveté respective.
Dans cette ambiance débonnaire, le groupe finit de mettre le public dans sa poche, malgré l’heure déjà bien avancée de la soirée, avec leur bondissant Brand New Start. Eux aussi sont retransmis sur arte.tv, à voir ou à revoir pendant qu’il en est encore temps ! (jusque aout 2018). Les plus courageux seront restés pour apprécier PARK HOTEL, un duo londonnien qui a tout de l’étoile filante, mais dont la Route du Rock a le secret pour nous aider à ne pas le manquer.
Samedi 24 février – La Nouvelle Vague
Retour dans l’antre de La Nouvelle Vague, qui affiche complet cette fois, pour une seconde soirée, qui débute avec INSECURE MEN, un duo anglais, qui vient d’enregistrer un album sous la houlette de Sean Lennon à New York. L’album est sorti la veille du concert, avec 11 titres, c’est à dire, la totalité des titres joués ce soir. Saul Adamczewski, guitariste de la Fat White Family, et Ben Romans-Hopcraft, membres des Childhood offrent ce soir un premier aperçu, avec une musique revival 70’s, qu’on pourrait imaginé inspiré par David Bowie ou Lou Reed, si les notes de synthé ne lui donnait pas un petit côté plus ludique, un peu à la manière de Granddady ou de Eels, deux grands champions du brouillage de pistes musicales. Le set se compose logiquement des premiers singles que le groupe avait égrainé ces derniers mois, et de quelques autres. Subaru Nights, I Don’t Wanna Dance (With My Baby) ou Teenage Toy servant de colonne vertébrale à ce set plus que convenable.
Une des plus intéressante découverte de ce festival, ensuite, selon moi évidemment, c’est MONTERO, qui nous arrive de Grèce, bien que son chanteur soit originaire d’Australie. Il vit depuis quelques années en Europe. Il y peint mais il enregistre aussi des chansons magnifiques. Le whisky et la bière coulent à flot en ce début de concert. Reste à savoir si Bjenny Montero va parvenir au bout du concert en restant debout… Rien n’est moins sûr !
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’entendre David Bowie partout depuis deux jours ! Et la musique de Montero, quoi qu’éloignée du dandy anglais, a quelque chose d’emprunté à Ziggy Stardust, à ce personnage inventé de toute pièce et à l’imaginaire qui l’entoure depuis 40 ans maintenant. Habillé d’un pantalon trop kisch pour qu’on puisse prendre le bonhomme au sérieux, Montero parvient à nous bluffer en quelques chansons bien amenées et que le chanteur semble vivre de l’intérieur. A l’instar de ses clips psychédéliques, Montero nous entraine qu’on le veuille ou non dans son univers parallèle et nous hypnotise totalement avec sa voix aiguë et ses accords de guitares 70’s. Les mélodies impeccables finissent de nous dépeindre ce paysage multicolore très Flower Power. On est alors pas loin de franchir les Portes de la perception. Quant à Bjenny Montero, je crois pouvoir dire qu’il les a bel et bien franchies, si je m’en tiens au fait qu’il est en train de ramper sur le sol à la recherche de jolies pâquerettes… Du verre de Whisky, il est passé à la bouteille directement. Évitons les intermédiaires ! Pour finir de satisfaire votre curiosité, je vous laisse découvrez son univers sur son site officiel haut en couleurs, que ce soit à travers ses dessins, ses peintures ou même ses clips surréalistes empreints de Contre-culture et du psychédélisme d’Aldous Huxley !
Impossible après cela de remettre les pieds sur terre ! Et cela tombe plutôt bien car, notre prochain chanteur va avoir plus souvent les pieds en l’air que sur la terre ferme ! CHAIN AND THE GANG débarque, composé de 4 musiciennes et d’un chanteur-performer, tous endimanchés avec de magnifiques costumes en léopard rose… Effet visuel garanti pour une kitsch attitude assumée et réussie ! Avec sa tête et sa dégaine de Mick Jagger, Chain distille un Rock’n’Roll très minimaliste, pour ne pas dire binaire. Un seul objectif à cette musique du diable : faire bouger les foules ! Et pas de doute, l’objectif est atteint, dès la première minute du concert. Ian Folke Svenonius, le chanteur foutraque ne se ménage pas pour nous faire vivre son concert comme un moment d’exception.
N’allez pas imaginer une quelconque recherche artistique, pas la peine, ce n’est qu’énergie pure ! la chanteuse, à ses cotés, avec son air de garçon manqué et sa voix fluette, apporte une patine « gainsbourienne » à ce tableau surprenant, et nous donne une occasion inespérée de trouver un lien avec le concert suivant…
Car, Gainsbourg a, dit-on, pas mal influencé BAXTER DURY qui débarque, impeccable, avec son costume et sa cravate, son air de dandy grisonnant, nonchalant. Loin des furies du Gang précédent, et avant la tempête The Go! Team, la musique de Baxter Dury a quelque chose d’apaisant et presque nécessaire à ce moment de la soirée, les 12 coups de minuits ayant retenti depuis peu. Une musique synthétique et aérienne. Une voix grave, accompagnée de chœurs sensuels, à la manière de I’m Your Man de Leonard Cohen ou d’un Charlotte For Ever de Gainsbourg. Voici planté le décor délicat, presque gracieux, de Baxter Dury.
Mais ne vous y fiez pas trop ! Malgré l’emballage, le bonbon, aux apparences de caramel, peut prendre le gout de parfums plus piquants, plus acides, plus poivrés, d’une chanson à l’autre. A l’instar de ce Cocain Man, un titre d’il y a une dizaine d’année, qui vous trotte dans la tête, comme une simple ritournelle…
Baxter Dury était très attendu par le public de la Route du Rock. Et quelque chose me dit qu’il n’a vraiment pas été déçu, par l’élégance et la qualité de la prestation. Passé 1h30 du Mat’, le public a alors besoin de rythme pour ne pas s’endormir. Et comme il n’a pas encore envie d’affronter le froid glacial qui règne dehors, les programmateurs nous ont prévu à cet effet, une véritable Dreamteam !
Et c’est un ouragan qui va déferler maintenant sur la scène ! L’atmosphère chaloupée ou suave de Mr. Dury laisse place à un climat orageux digne d’une fin de journée d’été au Brésil. Avec sa robe rouge qui a plus du t-shirt de basketteur de la NBA, et son pas de danse épileptique, la chanteuse Ninja fait d’un coup passer la température au dessus des 30 ° ! Les percussions et la trompette venant renforcer cette impression de tempête et de chaleur, le groupe nous entraîne immédiatement dans un tourbillon qui va durer une bonne partie de cette nuit aux allures tropicales ! THE GO! TEAM, habitué des lieux aussi, emporte le public, dans des rythmes frénétiques, poussés à l’extrême par sa pétulante chanteuse et son collectif débridé !
Même si j’ai parfois du mal à trouver un quelconque intérêt musical à The Go! Team sur leur disque – et le dernier Semicircle n’a pas échappé à cela – je dois bien avouer que le groupe sait créer une ambiance de folie !
Ce groupe était bien le client idéal pour clore avec panache cette 13e édition hivernale de La Route du Rock ! Rendez-vous maintenant au mois d’août avec Etienne Daho, Nils Frahm et beaucoup d’autres !
Site officiel du Festival