25e édition du Festival La Route du Rock
Lieu : Saint-Père (35)
Du 13 au 16 août 2015
Notre avis : [star rating= »4.5″ max= »5″]
Par Mike S.
25e édition de la Route du Rock… ça commence à faire… Et les Organisateurs avaient envie de marquer le coup. En 2000, pour les 10 ans, le festival avait fait revenir Placebo. Pour les 15 ans, c’est The Cure qui avait joué les têtes d’affiche. Pour les 20 ans, Massive Attack. Et pour les 25 ans, la tirelire avait de nouveau été cassée en faisant venir Bjork !
Malheureusement, pour des raisons d’épuisement, la diva islandaise n’a pu venir souffler les 25 bougies du Festival. A une semaine de l’événement, le Festival se devait de retrouver une tête d’affiche. Un moment, on a parlé de New Order. Mais c’est finalement Foals qui a répondu immédiatement présent. Et c’est leur 3e venue au Fort de Saint-Père. Autant dire que c’est presque la Famille… 23.000 spectateurs ont participé à la cérémonie d’anniversaire, tout au long de ces 4 jours de festivités…
jeudi 13 aout – La Nouvelle Vague
Soirée d’ouverture, presqu’intime, avec 900 places disponibles à la Nouvelle Vague, à l’abri des intempéries. Et deux groupes au programme. Un tres connu, The Notwist, venus sous diverses formes à ce festival.
Et un moins connu, Sun Kill Moon, groupe Folk, originaire de Californie. Son leader n’est pas un inconnu, puisqu’il s’agit de Mark Kozelek, leader des Red House Painters, un groupe disparu en 2001. On se renseigne pour vous en dire plus, car nous n’étions pas là.
21h00 Sun Kil Moon
22h45 The Notwist
Vendredi 14 août – Fort de Saint Père
Bienvenue en Bretagne où il ne pleut que sur les…. Festivaliers ! Nouveau coup du sort ! Un temps plutôt agréable depuis une semaine, a laissé place à un déluge pluvial, en ouverture de la « vrai » première journée de Festival au Fort de Saint-père… Le résultat est, comme chaque année, et malgré le travail de drainage du Fort, des images surréalistes de bassins d’eau devant la scène des Remparts, avec des festivaliers dansant et pataugeant dedans… L’arrivée au site était encore plus surréaliste, les parkings et les chemins imbibés d’eau, des voitures embourbées, des gens en bottes dans 10 cm de boue. L’enfer des tranchées, le Viet Nam, faites votre choix !
Malgré cette description apocalyptique, ni les festivaliers, ni les musiciens, n’ont été découragés et ont répondu présent à cette première soirée, dans la joie, la bonne humeur, et une bonne dose d’humour.
Scène du Fort
19h45 Thurston Moore Band
Thurston Moore est membre de Sonic Youth, mais aussi en solo depuis quelques années. Ce soir, c’est avec un trio, guitare, basse, batterie, que Thurston monte sur scène, lui-même équipé de sa guitare. Au programme, des titres de son dernier album The Best Day (2014, Matador Records), dont le single Detonation. Décontracté, nonchalant, habillé sur scène comme à la ville, sans aucun effort particulier, Thurston place sa musique sur un piedestal, avec une sorte de respect. Mais il n’hésite pas à la malmener par endroit, la triturer, l’allonger, la façonner telle de la pâte à modeler, dans son laboratoire sonore. A certains instants, on n’est pas loin de la prestation de Sonic Youth lors de sa venue en 2007. A d’autres, le Band redevient scolaire, Thurston Moore repassant derriere son pupitre, pour y lire paroles et notes. Étonnamment, le concert a lieu quasiment en ouverture de Festival, devant un public encore dispersés, les festivaliers étant encore, soit dans les bouchons, soit dans la boue, soit encore en train d’installer leur tente, dans le camping… Les rescapés, déjà présents, applaudissent et commencent déjà à s’échauffer dans la fausse.
21h10 Fuzz
Ty Segall, Charles Moothart et Roland Cosio réinvente le Rock n’Roll en mêlant les codes du Hard Rock 70’s et le Rock Garage. Sur scène, les trois musiciens sont grimés et costumés de façon extravagante, comme à la grande époque de Kiss. Leur musique est à la fois mélodique et technique. Empruntant leur nom de scène à la première des pédales d’effet de saturation de l’histoire du Rock, il ne pouvait en être autrement. Il résulte de concert un effet visuel impressionnant, et une dynamique explosif, qui place le public immédiatement dans les bonnes conditions pour passer une bonne soirée électrique, digne des meilleurs moments de 25 années à la Route du Rock. Pas vraiment de leader ou de lead singer dans ce groupe, Ty Segall, Charles Moothart et Roland Cosio se partage les micros pour interpréter à tour de rôle les titres, extraits de leur premier album studio (Fuzz – Trouble in Mind Records 2014). Vraiment impressionné, le public est totalement réceptif au Hard Rock Progressif et Psychédélique de ces trois californiens originaires de San Francisco.
22h55 Timber Timbre Vu déjà cet été en Normandie au Festival Beauregard, le groupe est de retour dans l’Ouest de la France pour tenter de convertir le public au Rock Folk. Les canadiens ont déjà 5 albums à leur compteur et se produisent pour la premiere fois à la Route du Rock. Taylor Kirk, Simon Trottier et Mika Posen ont un son qui rappellent la musique de Goldfrapp, avec leurs ambiances Folk Country envoutante à la Ennio Morricone. Quant à la voix de Taylor, les yeux fermées, on pourrait aisément la confondre avec celle de Stuart Staple, le chanteur des Tindersticks. Des chansons à la fois sombres et fascinantes, dans un décor de lumière rouge, tout aussi sombre. On est loin du délire collectif provoqué par Fuzz quelques dizaine de minutes auparavant. Pour autant, le public semble tout aussi conquis. Après les avoir vu du coté de Caen, devant des festivaliers moins passionnés, c’est un plaisir de voir que le groupe a trouvé ici son public.
01h00 Ratatat 02h40 Rone
Scène des Remparts
18h50 Wand
22h05 Algiers Originaire de Londres et de New York, le trio devient un quatuor sur scène. Le groupe se présente ce soir sur la petite scène du Festival. Celle du côté Remparts. Celle aussi, qui est la plus imbibée par l’eau accumulée pendant la journée. Cela n’arrête pas pour autant les festivaliers, qui connaissent déjà la réputation d’Algiers, comme d’un groupe de scène, passionné et passionnant, totalement pénétré par les émotions que leur musique provoque.
A l’écoute de la poignée de titres que le groupe propose ce soir, on ne peut pas rester indifférent. A la manière d’un Brel ou d’un Abd Al Malik, le chanteur du groupe Franklin James Fisher est démonstratif, parfois même en transe. le bassiste a, quant à lui, des comportements inattendus, des gestes provocateurs, et sait se mettre en lumière pour le plaisir des photographes et des spectateurs.
00h10 Girl Band
Samedi 15 août – Fort de Saint Père
Scène du Fort
19h25 Kiasmos
Démarrage sur fond de Techno avec ces deux Dj’s qui forment le duo Kiasmos. Originaires d’Islande, Ólafur Arnalds et Janus Rasmussen, sur le papier, propose une forme de Techno expérimentale. Sur la scène, c’est tout bonnement de la musique à danser ! Rien de plus, rien de moins. Et il n’en faut pas plus pour mettre en mouvement, les quelques milliers de spectateurs déjà entrés dans le Fort. La pluie ayant décidé qu’elle était assez tombée, les chemins commencent à sécher, le sol de la scène II a été réparée à l’aide de paille, qui servira à la fin de la soirée, de champ de bataille, mieux qu’avec des polochons…
La musique est parfaite pour l’échauffement et pour se mettre en appétit.
21h10 The Soft Moon Seconde fois que nous avons l’occasion de voir et d’entendre les rythmes infernaux de The Soft Moon retentir dans l’enceinte du Fort de Saint Père. Surpuissantes, les compos de The Soft Moon n’étaient pas sans rappeler Nine Inch Nails. La gestuelle de son chanteur, couché sur son clavier, ajoutait encore au mimétisme. Mais la musique de The Soft Moon est beaucoup plus sombre, et même plus intense.
Avec ses rythmes martiaux et quasi industriels, Luis Vasquez et ses deux musiciens s’acharnent dès les premières secondes du concert à attirer l’attention des spectateurs, jusqu’aux plus éloignés de la grande scène. Les deux Matteo maltraitent leur percussions respectives, dans des sons métalliques quasi assourdissants. Ce concert est l’occasion de découvrir les titres du nouvel album, Deeper, directement sur scène. D’une rare efficacité, le concert a un effet hypnotique sur les festivaliers, qui dansent nerveusement sur les mêmes rythmes robotiques. Une autre facette de la Route du Rock, de tous les Rocks !
23h10 Foals
3e passage à la Route du Rock pour le groupe d’Oxford… On ne vous les présentent plus… Les remplaçants de Björk ont fait le job, et de très belle manière, malgré l’absence de leur bassiste, tombé malade le matin même, et remplacé – lui aussi – par son backliner… Petite pensée au musicien malade en début de concert, et autre pensée à Bjork, « qu’on salue… ou pas… ».
Et c’est avec Snake Oil, un extrait de leur tout nouvel album qui ne sortira qu’en fin de mois, que le groupe débute en trombe. Très vite suivi d’un titre qui sonne comme un tube, My number, extrait du précedent opus. Mais le groupe revient tres vite sur son petit nouveau What Went Down, avec Mountain at My Gates. L’ambiance est assez folle. A cet instant du concert, l’annulation de Bjork est totalement oubliée. Les milliers de spectateurs bougent à l’unisson. Sur le devant, il devient difficile de rester en place. C’est l’euphorie totale dans le milieu, avec des mouvements de foule, comme une énorme vague qui déferle et repart avec la même frénésie. Le groupe termine son set avec Two steps, twice, un ancien titre maintenant, qui a rappelé des souvenirs aux plus assidus des festivaliers de la Route… Contre toute attente, une belle tête d’affiche !
00h50 Daniel Avery 02h15 Lindstrom
Scène des Remparts 18h30 Only Real 20h20 Hinds
A part leur jolis minois, les 4 musiciennes madrilènes une sorte de Pop garage naïve, pas encore tout à fait bien calé sur scène. Les filles sont d’ailleurs extrêmement impressionnées par la foule qui s’est amassée devant le petite scène des Remparts. Leur 5e concert en France, dit l’une d’entre elles, pendant que l’autre, la voix étouffée, déclare dans un tres bon français qu’elles n’ont jamais vu autant de spectateurs à la fois pour un de leurs concerts.
Un des moments les plus marquant de ce concert de Hinds, c’est sans doute le single Trippy Gum sur lequel les 4 filles chantent le refrain en chœur. Les balades sont simples, faciles à retenir. Peu d’espoir de les retrouver un jour à l’affiche d’un autre grand festival français. Mais un petit moment de candeur, parmi tous ces groupes, parfois trop élitistes, ça ne fait jamais de mal.
22h15 Spectres
Petit clin d’oeil à la chanteuse islandaise absente, avec son visage grand format sur le t-shirt du chanteur de Spectres, ce soir au Fort de Saint Père. Le groupe est originaire de Bristol, formé par 4 musiciens. Il joue un Rock extrêmement racé, qui puise ses racines dans différentes scènes, de l’Indus au Shoegaze. Pour vous faire une meilleure idée, je vous invite à regarder le clip de Mirrorsur Youtube. Ce soir, à la Route du Rock, encore totalement inconnus avant le passage, ils ont fait tres bonne impression. On y a quasiment retrouvé l’essence de ce qu’a pu être la Route du Rock à ses débuts. Belle surprise !
Dimanche 16 août – Fort de Saint Père
Scène du Fort
19h40 Father John Misty
Il vient prêcher la bonne musique au Fort de Saint-Père, une Pop illuminée, dans la veine des Garçons de plage… A découvrir ! Avec ses cheveux hirsutes et sa barbe d’ermite, Father John et ses 5 musiciens font revivre la décennie Flower Power, avec un air de Doors ou de Beach Boys. Pas avare de postures propices aux photographie, le chanteur est imprégné de son personnage et vit littéralement chaque chanson du répertoire. Pendant près d’une heure, on assiste à ce show avec des fleurs plein les yeux,et on chante en chœur les refrains. Spirituel, le chanteur échange avec le public, répondant aux questions qui fusent. On apprendra surtout que sa couleur préféré est le vert… Le concert a débuté simplement, comme le nouvel album, avec son titre éponyme, I Love You Honeybear. Il se termine, dans la liesse générale, devant un public amassé, dès le premier concert de la soirée, contre la barrière. Pour vous faire vivre l’événement, un extrait vidéo d’un des titres de la soirée, Chateau Lobby 4.
21h40 Savages On les a découvertes au même endroit il y a 3 ans. Jehn, Gemma, Ayşe et Fay sont de retour. On les croyait sans vraiment d’actu discographie, juste une envie d’en découdre avec le public malouin… Mais ce soir, elles nous annoncent avoir terminé d’enregistrer leur deuxieme album, et proposant de nous en faire l’exclusivité de quelques titres ! Le concert débute sur une ambiance un peu froide, à l’image de leur musique Post Punk glaciale et agressive. Mais, très vite, la chanteuse se décrispe, échange avec le public ses souvenirs d’enfance, passés à Saint Malo, à la Route du Rock, juste là, comme festivaliere. Elle se dit impressionnée et fiere d’être maintenant sur scène. Cela dans un français parfait. On se souvient pourtant aussi en 2009 de John & Jehn au Palais du Grand large… Et du premier passage de Savages au Fort en 2012. Mais en fait, ça, c’était avant ! Avant que Jehn ne devienne Jehnny, et que Savages ne se transforme en bête de scène, avec sa chanteur au regard ravageur, à la voix intrigante à la Patti Smith ! Mêlant des titres sombres et inquiétant à, plus souvent, des uppercuts dévastateurs ! Que ce soient les déjà classiques Shud up, Husbands ou I am Here… ou bien les nouveaux, comme The Answer ou le dernier de la soirée, Fuckers, souvenir d’une soirée bien arrosée à refaire le monde, les titres sont accueillis avec enthousiame. Quant à Jehn, elle prend de l’assurance, au fur et à mesure du concert, et vient se frotter au public, à deux reprises, grimpant sur la barriere, protégée de près par la sécurité. Le public est sous le charme. Le public est en transe. Le public en redemande. Encore et encore !
23h05 Ride
Le Come Back du groupe emmené par Mark Gardener et Andy Bell (Beady Eye, Oasis). On les retrouve avec un registre ancien, bien entendu, mais toujours très actuel, ayant très certainement inspiré le Post Rock des années 2000… Avec My Bloody Valentine ou Chapterhouse, ils ont inventé au début des années 90 un nouveau genre, le Shoegaze, passant plus de temps sur scène à jouer avec leur pédales à effet, qu’ç regarder le public… Pour leur retour, en 2015, le groupe fait la tournée des Festivals, et s’arrête, le temps d’une douzaine de chansons, dans l’enceinte du Fort de St Père.
Les deux leaders du groupe font front sur la scène, face au public. Mais pas un instant, on ne les verra se rapprocher l’un de l’autre, pour se lancer dans une battle de 6 cordes… Non, les musiciens rester quasiment imperturbables derriere leur micro et leurs pédales à effet. Pour autant, le registre du groupe et leur interprétation presque scolaire suffiront à raviver les souvenirs, vieux de 20 ans, dans de nombreuses mémoires, parmi les fans amassés à la barrière.
Tout au long du concert, les mélodies se redessinent dans nos têtes. De Taste à Chelsea Girl, de Paralized à Chrome waves… Avec une petite insistance sur les titres de l’album Nowhere, qui dominent la setlist du début à la fin. L’album avait d’ailleurs été réédité en 2010 dans une version Deluxe pour fêter les 20 ans de sa sortie. On avait oublié le côté très Rock de Ride. On le retrouve avec Black Nite Crash, toutes riffs dehors. Tout ça fait un bien fou !
00h40 Dan Deacon
J’aurais dû rester sur cette bonne impression et partir après le concert de Ride, comme un feu d’artifice, le bouquet final de l’édition 2015 de la Route du Rock. Mais n’ayant envie de mourir bête, je suis resté… Et c’est à ce moment que le drame est arrivé !
Nouvel OVNI comme seuls les programmateurs de la Route du Rock savent nous en dénicher. Musicien composeur-performeur, Dan Deacon fait du « Futur Shock ». Et cela vous heurte les tympans du début à la fin du concert. Difficile de tenir jusqu’au bout. Son beat est hargneux, agressif. Dan, quant à lui, est dans son monde, jouant avec sa drôle de machine et sa voix, trafiquée par je ne sais quel procédé, dans un délire robotique vintage. Totalement inclassable. Et quasiment inécoutable… j’ai dû fuir après 3 ou 4 titres. Insupportable, vraiment. Dommage pour Jungle, que j’aurai pas attendu.
02h40 Jungle
Scène des Remparts 18h45 The Districts
20h45 Viet Cong Du Post Punk Canadien… Tout le monde en parle déjà… Reste à les voir sur scène…
La Route du Rock 2015 – Saint Malo
Lieu : Saint-Père (35)
Du 13 au 16 août 2015
Notre avis : [star rating= »4.5″ max= »5″]
Par Mike S.
25e édition de la Route du Rock… ça commence à faire… Et les Organisateurs avaient envie de marquer le coup. En 2000, pour les 10 ans, le festival avait fait revenir Placebo. Pour les 15 ans, c’est The Cure qui avait joué les têtes d’affiche. Pour les 20 ans, Massive Attack. Et pour les 25 ans, la tirelire avait de nouveau été cassée en faisant venir Bjork !
Malheureusement, pour des raisons d’épuisement, la diva islandaise n’a pu venir souffler les 25 bougies du Festival. A une semaine de l’événement, le Festival se devait de retrouver une tête d’affiche. Un moment, on a parlé de New Order. Mais c’est finalement Foals qui a répondu immédiatement présent. Et c’est leur 3e venue au Fort de Saint-Père. Autant dire que c’est presque la Famille… 23.000 spectateurs ont participé à la cérémonie d’anniversaire, tout au long de ces 4 jours de festivités…
jeudi 13 aout – La Nouvelle Vague
Et un moins connu, Sun Kill Moon, groupe Folk, originaire de Californie. Son leader n’est pas un inconnu, puisqu’il s’agit de Mark Kozelek, leader des Red House Painters, un groupe disparu en 2001. On se renseigne pour vous en dire plus, car nous n’étions pas là.
21h00 Sun Kil Moon
22h45 The Notwist
Vendredi 14 août – Fort de Saint Père
Bienvenue en Bretagne où il ne pleut que sur les…. Festivaliers ! Nouveau coup du sort ! Un temps plutôt agréable depuis une semaine, a laissé place à un déluge pluvial, en ouverture de la « vrai » première journée de Festival au Fort de Saint-père… Le résultat est, comme chaque année, et malgré le travail de drainage du Fort, des images surréalistes de bassins d’eau devant la scène des Remparts, avec des festivaliers dansant et pataugeant dedans… L’arrivée au site était encore plus surréaliste, les parkings et les chemins imbibés d’eau, des voitures embourbées, des gens en bottes dans 10 cm de boue. L’enfer des tranchées, le Viet Nam, faites votre choix !
Malgré cette description apocalyptique, ni les festivaliers, ni les musiciens, n’ont été découragés et ont répondu présent à cette première soirée, dans la joie, la bonne humeur, et une bonne dose d’humour.
Scène du Fort
19h45 Thurston Moore Band
Thurston Moore est membre de Sonic Youth, mais aussi en solo depuis quelques années. Ce soir, c’est avec un trio, guitare, basse, batterie, que Thurston monte sur scène, lui-même équipé de sa guitare. Au programme, des titres de son dernier album The Best Day (2014, Matador Records), dont le single Detonation. Décontracté, nonchalant, habillé sur scène comme à la ville, sans aucun effort particulier, Thurston place sa musique sur un piedestal, avec une sorte de respect. Mais il n’hésite pas à la malmener par endroit, la triturer, l’allonger, la façonner telle de la pâte à modeler, dans son laboratoire sonore. A certains instants, on n’est pas loin de la prestation de Sonic Youth lors de sa venue en 2007. A d’autres, le Band redevient scolaire, Thurston Moore repassant derriere son pupitre, pour y lire paroles et notes. Étonnamment, le concert a lieu quasiment en ouverture de Festival, devant un public encore dispersés, les festivaliers étant encore, soit dans les bouchons, soit dans la boue, soit encore en train d’installer leur tente, dans le camping… Les rescapés, déjà présents, applaudissent et commencent déjà à s’échauffer dans la fausse.
21h10 Fuzz
Ty Segall, Charles Moothart et Roland Cosio réinvente le Rock n’Roll en mêlant les codes du Hard Rock 70’s et le Rock Garage. Sur scène, les trois musiciens sont grimés et costumés de façon extravagante, comme à la grande époque de Kiss. Leur musique est à la fois mélodique et technique. Empruntant leur nom de scène à la première des pédales d’effet de saturation de l’histoire du Rock, il ne pouvait en être autrement. Il résulte de concert un effet visuel impressionnant, et une dynamique explosif, qui place le public immédiatement dans les bonnes conditions pour passer une bonne soirée électrique, digne des meilleurs moments de 25 années à la Route du Rock. Pas vraiment de leader ou de lead singer dans ce groupe, Ty Segall, Charles Moothart et Roland Cosio se partage les micros pour interpréter à tour de rôle les titres, extraits de leur premier album studio (Fuzz – Trouble in Mind Records 2014). Vraiment impressionné, le public est totalement réceptif au Hard Rock Progressif et Psychédélique de ces trois californiens originaires de San Francisco.
22h55 Timber Timbre
Vu déjà cet été en Normandie au Festival Beauregard, le groupe est de retour dans l’Ouest de la France pour tenter de convertir le public au Rock Folk. Les canadiens ont déjà 5 albums à leur compteur et se produisent pour la premiere fois à la Route du Rock. Taylor Kirk, Simon Trottier et Mika Posen ont un son qui rappellent la musique de Goldfrapp, avec leurs ambiances Folk Country envoutante à la Ennio Morricone. Quant à la voix de Taylor, les yeux fermées, on pourrait aisément la confondre avec celle de Stuart Staple, le chanteur des Tindersticks. Des chansons à la fois sombres et fascinantes, dans un décor de lumière rouge, tout aussi sombre. On est loin du délire collectif provoqué par Fuzz quelques dizaine de minutes auparavant. Pour autant, le public semble tout aussi conquis. Après les avoir vu du coté de Caen, devant des festivaliers moins passionnés, c’est un plaisir de voir que le groupe a trouvé ici son public.
01h00 Ratatat
02h40 Rone
Scène des Remparts
18h50 Wand
Originaire de Londres et de New York, le trio devient un quatuor sur scène. Le groupe se présente ce soir sur la petite scène du Festival. Celle du côté Remparts. Celle aussi, qui est la plus imbibée par l’eau accumulée pendant la journée. Cela n’arrête pas pour autant les festivaliers, qui connaissent déjà la réputation d’Algiers, comme d’un groupe de scène, passionné et passionnant, totaleme
nt pénétré par les émotions que leur musique provoque.
22h05 Algiers
A l’écoute de la poignée de titres que le groupe propose ce soir, on ne peut pas rester indifférent. A la manière d’un Brel ou d’un Abd Al Malik, le chanteur du groupe Franklin James Fisher est démonstratif, parfois même en transe. le bassiste a, quant à lui, des comportements inattendus, des gestes provocateurs, et sait se mettre en lumière pour le plaisir des photographes et des spectateurs.
00h10 Girl Band
Samedi 15 août – Fort de Saint Père
Scène du Fort
19h25 Kiasmos
Démarrage sur fond de Techno avec ces deux Dj’s qui forment le duo Kiasmos. Originaires d’Islande, Ólafur Arnalds et Janus Rasmussen, sur le papier, propose une forme de Techno expérimentale. Sur la scène, c’est tout bonnement de la musique à danser ! Rien de plus, rien de moins. Et il n’en faut pas plus pour mettre en mouvement, les quelques milliers de spectateurs déjà entrés dans le Fort. La pluie ayant décidé qu’elle était assez tombée, les chemins commencent à sécher, le sol de la scène II a été réparée à l’aide de paille, qui servira à la fin de la soirée, de champ de bataille, mieux qu’avec des polochons…
La musique est parfaite pour l’échauffement et pour se mettre en appétit.
21h10 The Soft Moon
Seconde fois que nous avons l’occasion de voir et d’entendre les rythmes infernaux de The Soft Moon retentir dans l’enceinte du Fort de Saint Père. Surpuissantes, les compos de The Soft Moon n’étaient pas sans rappeler Nine Inch Nails. La gestuelle de son chanteur, couché sur son clavier, ajoutait encore au mimétisme. Mais la musique de The Soft Moon est beaucoup plus sombre, et même plus intense.
Avec ses rythmes martiaux et quasi industriels, Luis Vasquez et ses deux musiciens s’acharnent dès les premières secondes du concert à attirer l’attention des spectateurs, jusqu’aux plus éloignés de la grande scène. Les deux Matteo maltraitent leur percussions respectives, dans des sons métalliques quasi assourdissants. Ce concert est l’occasion de découvrir les titres du nouvel album, Deeper, directement sur scène. D’une rare efficacité, le concert a un effet hypnotique sur les festivaliers, qui dansent nerveusement sur les mêmes rythmes robotiques. Une autre facette de la Route du Rock, de tous les Rocks !
23h10 Foals
3e passage à la Route du Rock pour le groupe d’Oxford… On ne vous les présentent plus… Les remplaçants de Björk ont fait le job, et de très belle manière, malgré l’absence de leur bassiste, tombé malade le matin même, et remplacé – lui aussi – par son backliner… Petite pensée au musicien malade en début de concert, et autre pensée à Bjork, « qu’on salue… ou pas… ».
Et c’est avec Snake Oil, un extrait de leur tout nouvel album qui ne sortira qu’en fin de mois, que le groupe débute en trombe. Très vite suivi d’un titre qui sonne comme un tube, My number, extrait du précedent opus. Mais le groupe revient tres vite sur son petit nouveau What Went Down, avec Mountain at My Gates. L’ambiance est assez folle. A cet instant du concert, l’annulation de Bjork est totalement oubliée. Les milliers de spectateurs bougent à l’unisson. Sur le devant, il devient difficile de rester en place. C’est l’euphorie totale dans le milieu, avec des mouvements de foule, comme une énorme vague qui déferle et repart avec la même frénésie. Le groupe termine son set avec Two steps, twice, un ancien titre maintenant, qui a rappelé des souvenirs aux plus assidus des festivaliers de la Route… Contre toute attente, une belle tête d’affiche !
00h50 Daniel Avery
02h15 Lindstrom
Scène des Remparts
18h30 Only Real
20h20 Hinds
A part leur jolis minois, les 4 musiciennes madrilènes une sorte de Pop garage naïve, pas encore tout à fait bien calé sur scène. Les filles sont d’ailleurs extrêmement impressionnées par la foule qui s’est amassée devant le petite scène des Remparts. Leur 5e concert en France, dit l’une d’entre elles, pendant que l’autre, la voix étouffée, déclare dans un tres bon français qu’elles n’ont jamais vu autant de spectateurs à la fois pour un de leurs concerts.
Un des moments les plus marquant de ce concert de Hinds, c’est sans doute le single Trippy Gum sur lequel les 4 filles chantent le refrain en chœur. Les balades sont simples, faciles à retenir. Peu d’espoir de les retrouver un jour à l’affiche d’un autre grand festival français. Mais un petit moment de candeur, parmi tous ces groupes, parfois trop élitistes, ça ne fait jamais de mal.
22h15 Spectres
Petit clin d’oeil à la chanteuse islandaise absente, avec son visage grand format sur le t-shirt du chanteur de Spectres, ce soir au Fort de Saint Père. Le groupe est originaire de Bristol, formé par 4 musiciens. Il joue un Rock extrêmement racé, qui puise ses racines dans différentes scènes, de l’Indus au Shoegaze. Pour vous faire une meilleure idée, je vous invite à regarder le clip de Mirror sur Youtube. Ce soir, à la Route du Rock, encore totalement inconnus avant le passage, ils ont fait tres bonne impression. On y a quasiment retrouvé l’essence de ce qu’a pu être la Route du Rock à ses débuts. Belle surprise !
Dimanche 16 août – Fort de Saint Père
Scène du Fort
19h40 Father John Misty
Il vient prêcher la bonne musique au Fort de Saint-Père, une Pop illuminée, dans la veine des Garçons de plage… A découvrir ! Avec ses cheveux hirsutes et sa barbe d’ermite, Father John et ses 5 musiciens font revivre la décennie Flower Power, avec un air de Doors ou de Beach Boys. Pas avare de postures propices aux photographie, le chanteur est imprégné de son personnage et vit littéralement chaque chanson du répertoire. Pendant près d’une heure, on assiste à ce show avec des fleurs plein les yeux,et on chante en chœur les refrains. Spirituel, le chanteur échange avec le public, répondant aux questions qui fusent. On apprendra surtout que sa couleur préféré est le vert… Le concert a débuté simplement, comme le nouvel album, avec son titre éponyme, I Love You Honeybear. Il se termine, dans la liesse générale, devant un public amassé, dès le premier concert de la soirée, contre la barrière. Pour vous faire vivre l’événement, un extrait vidéo d’un des titres de la soirée, Chateau Lobby 4.
21h40 Savages
On les a découvertes au même endroit il y a 3 ans. Jehn, Gemma, Ayşe et Fay sont de retour. On les croyait sans vraiment d’actu discographie, juste une envie d’en découdre avec le public malouin… Mais ce soir, elles nous annoncent avoir terminé d’enregistrer leur deuxieme album, et proposant de nous en faire l’exclusivité de quelques titres ! Le concert débute sur une ambiance un peu froide, à l’image de leur musique Post Punk glaciale et agressive. Mais, très vite, la chanteuse se décrispe, échange avec le public ses souvenirs d’enfance, passés à Saint Malo, à la Route du Rock, juste là, comme festivaliere. Elle se dit impressionnée et fiere d’être maintenant sur scène. Cela dans un français parfait. On se souvient pourtant aussi en 2009 de John & Jehn au Palais du Grand large… Et du premier passage de Savages au Fort en 2012. Mais en fait, ça, c’était avant ! Avant que Jehn ne devienne Jehnny, et que Savages ne se transforme en bête de scène, avec sa chanteur au regard ravageur, à la voix intrigante à la Patti Smith ! Mêlant des titres sombres et inquiétant à, plus souvent, des uppercuts dévastateurs ! Que ce soient les déjà classiques Shud up, Husbands ou I am Here… ou bien les nouveaux, comme The Answer ou le dernier de la soirée, Fuckers, souvenir d’une soirée bien arrosée à refaire le monde, les titres sont accueillis avec enthousiame. Quant à Jehn, elle prend de l’assurance, au fur et à mesure du concert, et vient se frotter au public, à deux reprises, grimpant sur la barriere, protégée de près par la sécurité. Le public est sous le charme. Le public est en transe. Le public en redemande. Encore et encore !
23h05 Ride
Le Come Back du groupe emmené par Mark Gardener et Andy Bell (Beady Eye, Oasis). On les retrouve avec un registre ancien, bien entendu, mais toujours très actuel, ayant très certainement inspiré le Post Rock des années 2000… Avec My Bloody Valentine ou Chapterhouse, ils ont inventé au début des années 90 un nouveau genre, le Shoegaze, passant plus de temps sur scène à jouer avec leur pédales à effet, qu’ç regarder le public… Pour leur retour, en 2015, le groupe fait la tournée des Festivals, et s’arrête, le temps d’une douzaine de chansons, dans l’enceinte du Fort de St Père.
Les deux leaders du groupe font front sur la scène, face au public. Mais pas un instant, on ne les verra se rapprocher l’un de l’autre, pour se lancer dans une battle de 6 cordes… Non, les musiciens rester quasiment imperturbables derriere leur micro et leurs pédales à effet. Pour autant, le registre du groupe et leur interprétation presque scolaire suffiront à raviver les souvenirs, vieux de 20 ans, dans de nombreuses mémoires, parmi les fans amassés à la barrière.
Tout au long du concert, les mélodies se redessinent dans nos têtes. De Taste à Chelsea Girl, de Paralized à Chrome waves… Avec une petite insistance sur les titres de l’album Nowhere, qui dominent la setlist du début à la fin. L’album avait d’ailleurs été réédité en 2010 dans une version Deluxe pour fêter les 20 ans de sa sortie. On avait oublié le côté très Rock de Ride. On le retrouve avec Black Nite Crash, toutes riffs dehors. Tout ça fait un bien fou !
00h40 Dan Deacon
J’aurais dû rester sur cette bonne impression et partir après le concert de Ride, comme un feu d’artifice, le bouquet final de l’édition 2015 de la Route du Rock. Mais n’ayant envie de mourir bête, je suis resté… Et c’est à ce moment que le drame est arrivé !
Nouvel OVNI comme seuls les programmateurs de la Route du Rock savent nous en dénicher. Musicien composeur-performeur, Dan Deacon fait du « Futur Shock ». Et cela vous heurte les tympans du début à la fin du concert. Difficile de tenir jusqu’au bout. Son beat est hargneux, agressif. Dan, quant à lui, est dans son monde, jouant avec sa drôle de machine et sa voix, trafiquée par je ne sais quel procédé, dans un délire robotique vintage. Totalement inclassable. Et quasiment inécoutable… j’ai dû fuir après 3 ou 4 titres. Insupportable, vraiment. Dommage pour Jungle, que j’aurai pas attendu.
02h40 Jungle
Scène des Remparts
18h45 The Districts
20h45 Viet Cong
Du Post Punk Canadien… Tout le monde en parle déjà… Reste à les voir sur scène…
01h45 The Juan Maclean
Site officiel du Festival
By Mike S. • Reportage Festival • Tags: Algiers, Dan Deacon, Daniel Avery, Father John Misty, Foals, Fuzz, Girl Band, Hinds, Jungle, Kiasmos, Lindstrom, Only Real, Ratatat, Ride, Rone, Savages, Spectres, Sun Kil Moon, The Districts, The Juan Maclean, The Notwist, The Soft Moon, Thurston Moore, Timber Timbre, Viet Cong