La Cartonnerie /
Knives + Ellah A. Thaun /
Le 25 Avril 2025 – Reims (51) /
Notre avis : 5/5.
Ce vendredi soir, La Cartonnerie ouvrait ses portes à une soirée placée sous le signe des guitares électriques et des atmosphères habitées, portée par deux figures singulières de la scène alternative : Knives et Ellah A. Thaun. Dans un cadre intimiste, les spectateurs ont été invités à un véritable voyage sonore, entre tensions électriques, poésie sombre et expérimentations noise. Retour sur un concert où la vulnérabilité brute et l’énergie incandescente se sont rencontrées sans détour.
ELLAH A. THAUN
Ellah A. Thaun prend possession de la scène pour nous offrir un concert d’une densité rare. Devant une salle captivée, l’artiste et son groupe déploient leur univers fascinant, à la croisée d’une pop expérimentale audacieuse, d’une poésie sombre et d’une énergie héritée des scènes extrêmes. Il y a quelques années encore, Ellah A. Thaun explore en solitaire les méandres de l’experimental bedroom. Depuis la parution des deux volumes d' »Arcane Majeur », et désormais avec l’arrivée imminente de « The Seminal Record Of Ellah A. Thaun » (prévu pour le 16 mai 2025 chez Incisive Records, Howlin’ Banana et Flippin’ Freaks Records), une mue impressionnante s’opère : celle d’un projet personnel devenu groupe incandescent, cristallisant sur scène une intensité quasi mystique. Pendant 45 minutes et huit titres (« Birthday », « The Ballad Of Isley », « U.F.O’S », « 1999 », « Time. Again. Allergic », « When I Was A Vampire », « Telepathine » et « Ghost »), Ellah A. Thaun conduit l’assemblée dans un véritable rituel sonore. Le concert s’ouvre avec « Birthday », morceau tendu et hypnotique, où la voix d’Ellah oscille entre douceur spectrale et colère sourde, soutenue par une section rythmique lourde et texturée. À mesure que les morceaux s’enchaînent, l’influence du post-hardcore et du grunge se fait palpable, mais toujours réinventée par des échappées expérimentales. Les musiciens, issus d’univers indus, metal et hardcore, apportent à chaque morceau une tension presque cérémonielle, parfois dissonante, mais jamais hermétique. Au contraire, la force d’Ellah A. Thaun réside dans sa capacité à mêler cette radicalité sonore à une accessibilité mélodique, ou encore un certain psychédélisme pop. Sur scène, tout est pensé pour l’immersion : éclairages tamisés, iconographie occulte discrètement projetée, longues plages instrumentales où guitares distordues et nappes synthétiques s’entremêlent dans une montée en transe, comme sur un saisissant « Telepathine ». Le final, « Ghost », scelle ce voyage à la fois brut et onirique, laissant La Cartonnerie entre deux mondes, à mi-chemin entre rêve et cataclysme intérieur. Avec cette prestation, Ellah A. Thaun prouve que sa fanbase, d’abord discrète, grandit désormais à chaque concert.

Ellah A. Thaun : Facebook / Instagram / Youtube / Bandcamp / Soundcloud
Les photos de la soirée : ici.
KNIVES
Knives électrise la salle avec 45 minutes d’énergie brute et indisciplinée, livrant un set incandescent où l’essence du chaos s’affirme comme une véritable signature. Originaire de Bristol, ce sextet hybride prouve que l’avenir du post-punk pourrait bien se jouer dans la ville du trip-hop, loin de ses atmosphères feutrées. Dès les premières notes de « The Dagger », la scène est engloutie dans un orage sonore : guitares acérées, basse vrombissante, batterie furieuse, éclats de saxophones en transe et le chant tour à tour tranchant et incantatoire. Une charge frontale sans préavis. Porté par une écriture incisive nourrie de visions du monde sans concession, Knives refuse toute forme de tiédeur. Chaque morceau explose dans une lutte permanente entre l’ordre rythmique et une urgence presque incontrôlable, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre. Les titres s’enchaînent sans répit : « Rhinestone Cowboy », « I Hope You Get It », « Eat Thy Neighbour »… Chaque chanson est une gifle sonore, un condensé de post-punk tendu flirtant avec la rage du hardcore et des embardées noise sans filet. Pas de temps mort, pas de respiration : juste une montée en tension continue. Mention spéciale à « PHD » et « Public Juice », où l’interaction entre la batterie sauvage et les incartades free jazz du saxophone atteint des sommets de furie libératrice. À mi-concert, « Chroma » et « Post Machoism » installent un climat plus lourd, plus rampant, presque tribal, comme un mauvais sort lancé à la foule. Puis vient l’explosion : « Ultraviolet » et « You Think You Know » pulvérisent les dernières résistances, transformant la salle en une marée humaine incontrôlable. Knives ne se contente pas d’exécuter son répertoire : il le vit, l’expulse, l’arrache. Le collectif prouve que son concept de « noise collective » n’est pas un slogan creux mais un pacte sonore vivant, viscéral, où chaque membre pousse l’autre dans ses derniers retranchements. Le final est à l’image du concert : dévastateur. « Headcase », « Sadness », « 98 » et « Doppelgänger » achèvent un public à la fois hébété et euphorique, lessivé par cette tempête maîtrisée de bout en bout. Knives taille dans le vif et laisse derrière lui un champ de ruines électriques. Une seule certitude : avec leur premier album « Glitter » en approche, ces six-là ne se contenteront pas de suivre la vague — ils sont prêts à la dévaster.

Knives : Facebook / Instagram / TikTok / Youtube / Linktr.ee
Les photos de la soirée : ici.
Photos : Fabrice A.
#Live / #Report / #LiveReport / #Review / #LiveReview / #Photos / #Pictures
Knives + Ellah A. Thaun /
Le 25 Avril 2025 – Reims (51) /
Notre avis : 5/5.
Ce vendredi soir, La Cartonnerie ouvrait ses portes à une soirée placée sous le signe des guitares électriques et des atmosphères habitées, portée par deux figures singulières de la scène alternative : Knives et Ellah A. Thaun. Dans un cadre intimiste, les spectateurs ont été invités à un véritable voyage sonore, entre tensions électriques, poésie sombre et expérimentations noise. Retour sur un concert où la vulnérabilité brute et l’énergie incandescente se sont rencontrées sans détour.
ELLAH A. THAUN
Ellah A. Thaun prend possession de la scène pour nous offrir un concert d’une densité rare. Devant une salle captivée, l’artiste et son groupe déploient leur univers fascinant, à la croisée d’une pop expérimentale audacieuse, d’une poésie sombre et d’une énergie héritée des scènes extrêmes. Il y a quelques années encore, Ellah A. Thaun explore en solitaire les méandres de l’experimental bedroom. Depuis la parution des deux volumes d' »Arcane Majeur », et désormais avec l’arrivée imminente de « The Seminal Record Of Ellah A. Thaun » (prévu pour le 16 mai 2025 chez Incisive Records, Howlin’ Banana et Flippin’ Freaks Records), une mue impressionnante s’opère : celle d’un projet personnel devenu groupe incandescent, cristallisant sur scène une intensité quasi mystique. Pendant 45 minutes et huit titres (« Birthday », « The Ballad Of Isley », « U.F.O’S », « 1999 », « Time. Again. Allergic », « When I Was A Vampire », « Telepathine » et « Ghost »), Ellah A. Thaun conduit l’assemblée dans un véritable rituel sonore. Le concert s’ouvre avec « Birthday », morceau tendu et hypnotique, où la voix d’Ellah oscille entre douceur spectrale et colère sourde, soutenue par une section rythmique lourde et texturée. À mesure que les morceaux s’enchaînent, l’influence du post-hardcore et du grunge se fait palpable, mais toujours réinventée par des échappées expérimentales. Les musiciens, issus d’univers indus, metal et hardcore, apportent à chaque morceau une tension presque cérémonielle, parfois dissonante, mais jamais hermétique. Au contraire, la force d’Ellah A. Thaun réside dans sa capacité à mêler cette radicalité sonore à une accessibilité mélodique, ou encore un certain psychédélisme pop. Sur scène, tout est pensé pour l’immersion : éclairages tamisés, iconographie occulte discrètement projetée, longues plages instrumentales où guitares distordues et nappes synthétiques s’entremêlent dans une montée en transe, comme sur un saisissant « Telepathine ». Le final, « Ghost », scelle ce voyage à la fois brut et onirique, laissant La Cartonnerie entre deux mondes, à mi-chemin entre rêve et cataclysme intérieur. Avec cette prestation, Ellah A. Thaun prouve que sa fanbase, d’abord discrète, grandit désormais à chaque concert.
Ellah A. Thaun : Facebook / Instagram / Youtube / Bandcamp / Soundcloud
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KNIVES
Knives électrise la salle avec 45 minutes d’énergie brute et indisciplinée, livrant un set incandescent où l’essence du chaos s’affirme comme une véritable signature. Originaire de Bristol, ce sextet hybride prouve que l’avenir du post-punk pourrait bien se jouer dans la ville du trip-hop, loin de ses atmosphères feutrées. Dès les premières notes de « The Dagger », la scène est engloutie dans un orage sonore : guitares acérées, basse vrombissante, batterie furieuse, éclats de saxophones en transe et le chant tour à tour tranchant et incantatoire. Une charge frontale sans préavis. Porté par une écriture incisive nourrie de visions du monde sans concession, Knives refuse toute forme de tiédeur. Chaque morceau explose dans une lutte permanente entre l’ordre rythmique et une urgence presque incontrôlable, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre. Les titres s’enchaînent sans répit : « Rhinestone Cowboy », « I Hope You Get It », « Eat Thy Neighbour »… Chaque chanson est une gifle sonore, un condensé de post-punk tendu flirtant avec la rage du hardcore et des embardées noise sans filet. Pas de temps mort, pas de respiration : juste une montée en tension continue. Mention spéciale à « PHD » et « Public Juice », où l’interaction entre la batterie sauvage et les incartades free jazz du saxophone atteint des sommets de furie libératrice. À mi-concert, « Chroma » et « Post Machoism » installent un climat plus lourd, plus rampant, presque tribal, comme un mauvais sort lancé à la foule. Puis vient l’explosion : « Ultraviolet » et « You Think You Know » pulvérisent les dernières résistances, transformant la salle en une marée humaine incontrôlable. Knives ne se contente pas d’exécuter son répertoire : il le vit, l’expulse, l’arrache. Le collectif prouve que son concept de « noise collective » n’est pas un slogan creux mais un pacte sonore vivant, viscéral, où chaque membre pousse l’autre dans ses derniers retranchements. Le final est à l’image du concert : dévastateur. « Headcase », « Sadness », « 98 » et « Doppelgänger » achèvent un public à la fois hébété et euphorique, lessivé par cette tempête maîtrisée de bout en bout. Knives taille dans le vif et laisse derrière lui un champ de ruines électriques. Une seule certitude : avec leur premier album « Glitter » en approche, ces six-là ne se contenteront pas de suivre la vague — ils sont prêts à la dévaster.
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Photos : Fabrice A.
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By Fabrice A. • Reportage Concert, Reportages 0 • Tags: Ellah A. Thaun, Knives, La Cartonnerie, La Cartonnerie De Reims, Reims