NJP 2021Le Chapiteau – La Pépinière /

Jamie Cullum /

Le 11 Octobre 2021 – Nancy (54) /

Notre avis :


À 40 ans désormais, une poignée de disques d’or et de Grammy Awards en poche, Jamie Cullum, sans avoir jamais rien abandonné de son incroyable sens du show fondé sur une énergie scénique irrésistible, a définitivement fait sa place dans la grande famille du jazz vocal et il ne viendrait plus à l’idée de personne de douter de sa légitimité. Avec toujours le même enthousiasme donc, mais riche désormais d’une maturité qui s’entend aussi bien dans son phrasé que dans des talents de songwriter de plus en plus affirmés, Jamie Cullum continue de décliner avec gourmandise sa vision désinhibée d’une tradition ancrée dans le jazz, mais résolument ouverte aux rythmes et sonorités des musiques populaires les plus contemporaines. Il était ce lundi soir sur la scène du Chapiteau.

JAMIE CULLUM

Jamie Cullum se conjugue au rock, ça s’entend aux premiers accords et ça déménage dès le premier morceau. Chemise blanche et veste noire, piano à queue et saxophone… les codes jazzy sont là, mais c’est le mauvais garçon qui perce, cheveux en bataille et gestuelle d’un front man consommé. Et quand le maestro prend le piano, il met tout le monde d’accord : il assure comme une bête. Je voyais bien le cocktail bad boy du côté de Damon Albarn et de la Brit pop, le britannique fait ça excellemment bien côté jazz. « Merci beaucoup Nancy je suis très honoré de jouer pour vous ce soir » en français dans le texte… il n’en faut pas plus pour une ovation du public. Jamie le magicien n’aura de cesse de faire apparaître des styles, des morceaux et des artistes, au gré de sa fantaisie. On enchaîne plus jazzy, ambiance tamisée mais intense. Jamie « feel fine » et nous aussi grâce à lui, et qu’est-ce que c’est bon. Vient la présentation du groupe – toujours en français s’il vous plaît – et on enchaîne avec une reprise de Bird et Sinatra. Là le kid commence à donner la pleine mesure de son talent – et le groupe aussi -, on rentre dans la cour des grands et manifestement il a ses entrées. Une facilité impressionnante, un public conquis, ambiance de Cotton Club sous le chapiteau, le NJP se teinte en blue ce soir. Piano – contrebasse – batterie… et la voix qui va avec, le public conquis suit les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, c’est un succès. Pas de temps mort, le garçon de 42 ans enchaîne les titres. « What a difference a day makes » seul au piano déclenche une ovation. Et il nous offre 6 min de chanson de Noël qu’il a composée pendant la pandémie, au son lourd et gras qui donne envie de se déhancher façon Cotton Club en 1930… Jamie Cullum (2021)

Ce garçon est un régal, et je ne vous parle même pas de ses choristes – un gars une fille – qui dansent aussi bien qu’ils chantent et enflamment la scène. Ce soir je suis noir dedans et je chante le skatt avec Jamie à Harlem. Et quand il enchaîne a capella entouré du groupe on atterrit dans le bayou et on glorifie Dieu dans le delta du Mississippi, et tout le monde tape dans les mains. Communion. Le public est là mais sur scène il n’est pas tout seul loin de là, musicos et choristes sont au diapason du petit génie. C’est pas de l’accompagnement c’est de l’osmose. De l’or dans les mains, de l’or dans la voix, il envoie son groove et ça swingue sur scène et dans la fosse. Ce type est le remède à la morosité, surtout debout sur son piano, il emballe tout le monde, hommes et femmes jeunes et vieux. Il convoque Nina Simone sur scène et on change d’ambiance, les percussions débrident un public prêt à le suivre partout y compris dans ses vocalises et ses danses frénétiques, ce n’est plus le Cotton Club c’est la nouvelle Orléans et son bal masqué, jazz et vaudou mélangé pour mieux nous séduire et nous perdre… et on ne demande que ça. Au tour de Prince d’investir la scène, sans faiblir dans le groove ni le déhanchement. Jamie nous emmène nous promène dans ses sentiers sans nous demander notre avis, et c’est un bonheur de se laisser guider – perdre ? – dans ses chemins. Et il enchaîne les traverses sans ralentir le rythme, surprenant comme un solo de clarinette ovationné par un public surchauffé, comme un solo de batterie débridé – sans parler du duo guitare / basse des guitares et basses qui déchaînent un sacré rock de derrière les fagots – avant de terminer son morceau de jazz. Évidemment il est rappelé par la foule, « tapez des mains et chantez s’il vous plaît » à sauter partout avec Jamie. Un pur moment de bonheur. Laissez faire le magicien il vous enchantera.

Jamie Cullum : Facebook / Instagram / TwitterYoutube / Site Officiel

Les photos de la soirée : bientôt.

Report : Vincent W.

#Live / #Report / #LiveReport / #Review / #LiveReview / #Photos / #Pictures