Indochine - 13 Tour - vignetteL’AccorHotels Arena (Bercy)

Indochine

Le 17 Février 2018 – Paris (75)

Notre avis :


L’AccorHotels Arena accueillait, pour 3 dates consécutives, le groupe Indochine venu présenter son treizième album au titre éponyme « 13 ». Toutes les dates de la 1ère tournée sont complètes, et pour cause, Indochine n’a qu’un seul objectif sur scène : partager un moment d’exception avec son public. Il faut prévoir d’arriver très tôt sur les lieux afin de rentrer à temps pour voir le début du show, la sécurité renforcée de la salle ne laissant place à aucune possibilité d’intrusion malveillante. Cette sécurité ne m’aura malheureusement pas permis de voir Grand Blanc qui assurait la 1ère partie ce soir, en cette deuxième date à l’AccorHotels Arena.

La salle, au complet, attend le groupe avec impatience. Applaudissements et olas se forment, et rapidement, la lumière s’éteint et c’est l’hystérie générale. La salle tremble sous les coups de pieds qui frappent le sol, accompagnés des cris du public. Les sons caractéristiques d’une station spatiale envahissent l’espace. Le plafond de la salle s’allume alors par un damier circulaire de 49 écrans sur lesquels sont projetés la coupole d’un silo de lancement. Les étoiles apparaissent, et le silo s’ouvre pour offrir une superbe nuit étoilée. Tout Bercy est dans cette gigantesque fusée qui s’ébranle et décolle ! Au loin, la lune se rapproche jusqu’à ce que nous la dépassions, nous rapprochant de Mars, et c’est finalement un défilé des planètes du système solaire. Les applaudissements montent crescendo jusqu’à ce que la scène s’illumine de faisceaux bleus avec « Black Sky », 1er titre de ce nouvel album. Et c’est un Nicola Sirkis blond platine que l’on découvre sur scène ! Surprenante métamorphose capillaire que le chanteur avait gardé secrète jusqu’à la semaine dernière, lors de la 1ère date de la tournée à Epernay. C’est bien dans une autre galaxie que le groupe nous emmène, puisque les écrans géants horizontaux et verticaux nous font sortir du système solaire à la rencontre de la Voie Lactée, d’amas globulaires, de nébuleuses et de météorites. Nicola se met à genoux, près de son public, amenant une minute de calme avant la tempête « 2033 », où Bercy (comme il l’aime encore l’appeler) est immergé dans un nuage de paillettes qui réfléchissent la scène bleue rosée.

Comme à chacun de ses concerts, Indochine travaille à la fois le graphisme scénique, auditif et visuel. Le chanteur est sur le prolongement de la scène qui traverse la salle, au-delà même de son centre. Le contact est physique et émotionnel, comme un vieux couple de 37 ans, qui se retrouve enfin, après une séparation de plus de 3 ans. Au bout de scène, Nicola lève les bras au ciel, et c’est toute l’assemblée qui le suit. Les paillettes rejaillissent du sol tandis que les 4 musiciens se succèdent sur les 7 écrans de la scène. 2 écrans latéraux étaient visiblement prévus, mais seul celui côté jardin fonctionne. Quelques flashs lumineux maintiennent notre excitation jusqu’à l’apparition, sur les écrans de scène, d’enfants aux visages familiers, ceux de la pochette du dernier album. Ce melting-pot introduit « Henri Darger ». Nicola silionne la scène centrale. Bercy 2, Vous êtes prêt ? Vous êtes prêt ? Houhouhou ! Le public répond par le même chant, et le titre se termine en chœur avant d’être tous plongés dans le noir. De retour sur la scène principale, une douche bleue-nuit laisse deviner Nicola au clavier qui chante lyriquement l’introduction anglaise de « Station 13 » dans sa version longue. Puis explosion de batterie, et toute la salle frappe dans ses mains. Les écrans de scène nous parlent de ces héros morts, chers au chanteur : David Bowie, Lou Reed et J.D. Salinger. Les couleurs saturent et se reflètent dans la veste à paillettes noires de Nicola. Bonsoir ! Merci de votre accueil, merci beaucoup ! Alors, vous voulez sauter encore ?!

La salle se pare de rouge pour introduire « Adora », titre rock et masochiste de l’album « Alice et June ». Nicola s’agenouille puis s’allonge sur l’avancée de scène afin de toucher les mains tendues vers lui. Bercy saute et vibre, et c’est tout le public qui reprend avec lui le tube « Alice et June ». Perché sur une estrade derrière les musiciens, l’artiste fait chanter le public qui connaît le morceau par cœur. Nous voilà de nouveau plongés dans le noir de la navette spatiale, quelques flashs lumineux pour rythmer nos applaudissements. Les premières notes de « La vie est belle » résonnent. Nicola, guitare en main, dit la première phrase du couplet, et le public se charge de la seconde. Les visages de dizaine de spectateurs sont projetés sur les écrans de la scène. L’AccorHotels Arena, en noir en blanc, reprend un dernier refrain plus acoustique avec le groupe. Puis « Tes yeux noirs » conduit la salle dans l’album « 3 ». Nicola descend nous rejoindre, d’abord dans la fosse qu’il traverse, puis haut dans les gradins, côté jardin. Moment suspendu dans une forme de communion intense, il rebrousse chemin et finit dos à la scène, bras en croix, reconnaissant envers son public. Soudain, le ciel artificiel se pare de brume, et deux mains géantes viennent se poser sur la verrière de cet immense plafond. On devine un visage, puis une silhouette. Il s’agit d’Asia Argento, actrice et réalisatrice du clip du 1er single « La vie est belle ». Nicola, allongé sur le dos, sur l’avant-scène, chante face à face avec elle le titre « Gloria ».

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Puis le chanteur se lève et fait face à la superbe Asia, projetée sur les écrans de la scène. Un duo virtuel, mais plus vrai que nature, qui renforce la sensation de bulle au sein de notre vaisseau. Nous traversons ensuite des paysages enneigés, survolons un lac, en suivant une ambulance avec « Kimono dans l’ambulance ». Le trajet est aussi superbe que l’urgence d’arrivée monte dans les paroles. Bercy frappe des mains au rythme de « Song for a dream ». Y’a pas un jour, y’a pas une heure, y’a pas une seconde où on se dit qu’on a une putain de chance d’avoir un public comme vous ! Merci beaucoup ! Vous êtes prêts pour un été français ?! Le nouveau single du groupe se pare des couleurs patriotiques. Des drapeaux virtuels flottent en fond des visages de spectateurs filmés en live. « Un été français » se termine sur un immense drapeau tricolore sur lequel un ange en Marianne dresse ses deux majeurs. Puis ce sont des photos de filles et de jeunes femmes qui défilent sur l’écran centrale de la scène, en introduction à « Tomboy 1 » qu’on peut traduire par « Garçon manqué ». On voit alors Kiddy Smile, featuring sur ce titre, se maquiller et se travestir. Nous avons alors une projection de paillettes et de confettis multicolores dans une ambiance survoltée ! Cet arc en ciel de couleurs n’est pas sans rappeler le drapeau du mouvement LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), et le V de victoire d’une jeune fille sur l’écran central vient en conclusion de la chanson. Vu les premiers rangs, les derniers, il y a un peu de monde partout ! Je sais que vous venez de Berlin, Paris, la province, Lyon, la Belgique, tout le monde entier… Merci beaucoup de votre accueil !

Nicola, très ému, veut nous faire remonter le temps avec « A l’Assaut (des ombres sur l’O)». Ce soir, j’ai l’impression qu’avec ce morceau, c’était Lima Peru en 1988 ! Pouce en l’air, la joie du chanteur est communicative. Un retour aux origines qui comble autant Indochine que son public. Le groupe entame alors un série d’anciens tubes sur fond d’électro et de stroboscopes. « Canary Bay », « Kill Nico », « Les Tsars » et « Paradize » se succèdent dans un rythme effréné et une énergie transcendante. Ovation générale à la fin du Medley ! C’est l’heure du rendez-vous intime, comme à chaque concert d’Indochine. Nicola, seul avec sa guitare sur l’avancée de scène, remercie l’ensemble des techniciens de l’AccorHotels Arena et, une fois de plus, son public pour qui il se met à jouer une version acoustique d’« Electrastar ». A peine besoin de chanter, les spectateurs s’en chargent pour lui. Merci infiniment ! La salle s’assombrit d’avantage aux premières notes de « J’ai demandé à la lune ». Les leds des téléphones ont remplacé les briquets d’autrefois. Nicola laisse sa guitare, puisque Boris Jardel et Olivier Gérard le rejoignent dotés des leurs. C’est encore les indofans qui interprètent ce titre mythique. Et une fois de plus, c’est une ovation générale. Il fait quasiment noir, seuls les spots blancs délimitant l’espace scénique sont allumés, comme si, toujours à bord de notre vaisseau, les étoiles nous guidaient, sur fond de « College Boy ». Les écrans de la scène, en noir et blanc, alternent les membres du groupe et les spectateurs.

Un tube encore plus d’actualité, comme nous le rappelle Nicola, avec toutes les récentes polémiques sur le harcèlement. Le sol reflète une immense croix qui renvoie directement au clip que l’on voit se rembobiner en accéléré, en conclusion du morceau. L’effet visuel continue avec une douce pénombre bleue et la voix de Nicola en fond sonore. Une tendre introduction en anglais avant l’explosion de « 3 nuits par semaine ». Les couplets sont au chanteur et les refrains au public, heureux de retrouver ce titre culte. Un intermède électro-rock permet à Nicola de présenter ses musiciens à ceux qui ne les connaîtraient pas déjà. Tout d’abord le suédois Ludwig Dahlberg à la batterie, le bassiste Marc Eliard doyen du groupe, le guitariste Boris Jardel, dont on apprend qu’il est tout jeune marié (il a épousé sa compagne le 3 février dernier), le nancéen Olivier Gérard, surnommé oLi dE SaT au clavier et à la guitare. Le morceau reprend alors pour un final volcanique ! Nous voilà désormais sous l’eau, deux mains nagent au-dessus de nous pour revenir à la surface, qui s’avère être de nouveau l’espace. Le voyage spatial s’accélère, et nous nous approchons dangereusement d’un soleil en même temps que monte doucement les notes de « l’Aventurier ». Le terme du concert approche aussi vite que ce soleil qui finit par exploser ! Bercy nage désormais au milieu des confettis et des traditionnels ballons géants sur le titre phare ! La salle vibre, c’est une vague d’émotions sensorielles incroyable qui nous submerge. Nicola retourne dans la fosse, côté cour cette fois-ci.

Un profond respect règne ici, un amour inconditionnel qui ne peut qu’émouvoir les spectateurs novices. Ça va toujours Bercy ? Nicola, essoufflé, s’inquiète de réussir à aller au bout de cette tournée. C’est trop fatigant pour mon âge ! (rappelons que le chanteur fêtera ses 59 ans le 22 juin prochain). Surprise, c’est finalement « Karma girl » qui clôturera le concert, sous des mandalas orange projetés sur les écrans horizontaux et verticaux. Un retour sur Terre qui se fait recouvert d’étoiles et d’explosions de couleurs qui n’est pas sans rappeler Holi, la traditionnelle fête des couleurs en Inde. Nous sommes très touchés, merci beaucoup ! Ce dernier titre résonne comme une déclaration d’amour pour les fans du groupe. Merci à tous ! A demain ou après !… À un autre jour ! On est fier de vous ! Le groupe vient saluer en toute simplicité son public avant de quitter la scène. Les écrans affichent un énorme MERCI sur fond du drapeau de Paris. Et c’est en toute logique que nous quittons la salle avec « Live on Mars » de David Bowie. 2h30 d’un show exceptionnel ! Indochine nous a livré, comme à son habitude, une prestation incroyable. La performance scénique et musicale est un voyage systématique dans l’univers et l’imaginaire du groupe. C’est assurément une tournée incroyable qui les attend, à la hauteur des espoirs de tous leurs fans.

Indochine :

Nicola Sirkis au chant et à la guitare.
Ludwig Dahlberg à la batterie.
Marc Eliard à la basse.
Boris Jardel à la guitare.
Olivier Gérard – oLi dE SaT – au clavier et à la guitare.

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Les photos de la soirée : ici.

Report :

Lucie G.
Avec l’aimable soutien de Stéphanie G.M.

Photos : Lucie G.