7e édition du
Festival Baisers Volés
Jour 2
Avec : ALIOCHA SCHNEIDER + CLARA YSÉ + COLT + ANDÉOL + JEANNE BONJOUR
Style : Pop, Chanson , Electro, Rap
Lieu : Bretagne, La Nouvelle Vague, Saint Malo (35)
Notre avis :
Par Mike S.
Deuxième soirée du Festival Baisers Volés qui a accueilli la veille Etienne de Crécy et Isaac Delusion en tête d’affiche. Ce soir, deux nouvelles têtes d’affiche, le franco-canadien Aliocha Schneider, boosté par son tube « Ensemble », et la parisienne Clara Ysé, auteure de l’incontournable « Oceano Nox » (2023 – Tôt ou Tard) et dont la réédition récente présentent quelques inédits.
Pour débuter la soirée, le Festival propose à une jeune chanteuse locale de se faire mieux connaitre. Originaire de Cancale, et vivant à Rennes, Jeanne Bonjour, de son vrai nom, puisqu’elle nous le fait savoir avec beaucoup d’humour en introduction du set, est auteure d’un second EP en 2024, Nouvelle Ere, et en préparation d’un premier album. Elle termine sa première tournée d’une trentaine de dates, avec ce concert malouin, quasiment dans son fief, avec quelques fans de la première heure, venus l’applaudir.
Pétillante et pleine d’humour, Jeanne occupe la scène, alterne ses chansons et ses interventions, dignes d’un stand up. Elle est accompagnée de deux musiciens, aux claviers, et à la batterie (et guitare). On apprend que c’est son frère qui est derrière la batterie électronique, et dont le bruit sourd venant des impacts des baguettes et le son électronique provenant des amplis sont malheureusement audibles simultanément. Une vraie batterie, vraiment, on a rien fait de mieux ! Mais qu’importe. On se concentre sur le sourire et la voix de Jeanne, et sur ses chansons aux rythmes variés, aux ambiances changeantes. Au milieu de ses compositions originales, elle nous propose une cover, qu’on retrouve en bonus track sur son EP. Il s’agit de Creep de Radiohead, qu’elle chante en version française et sur un tempo plus dansant, pour un résultat très convaincant. Au point qu’on a du mal et abandonner le concert de Jeanne, pour aller rejoindre la grande scène, où Aliocha est déjà en train d’arriver.
C’est avec une chanson en anglais, Flash in the Pan, extrait d’Eleven Songs (2018) qu’Aliocha Schneider entame son set ce soir à la Nouvelle Vague. Une salle qu’il connait déjà puisqu’il y a assuré la première partie d’Adé, au début de cette même année. 20 petites minutes, regrette-t-il, tout en étant heureux d’être de retour aussi vite, pour un set qu’il promet d’au moins une heure, cette fois. Très différent de celui de Jeanne Bonjour, le set d’Aliocha se veut très intimiste. Mais l’artiste a la même envie d’échanger avec le public. Avec un humour très différent, très subtil et le plus souvent dans l’autodérision. De quoi le rendre à la fois humain et très attachant. Côté musique, il joue de sa guitare acoustique, et est accompagné d’une guitariste électrique, d’un batteur et d’un bassiste.
L’ambiance est très feutrée du début à la fin. Si le public au bar en fond de salle, qui ne se rend pas compte qu’on les entend un peu trop. Mais bon, cela ne nous empêche pas de rester attentif à Aliocha et à son set impeccable. On découvre des chansons très personnelles. Et même si on les connait déjà, le chanteur nous les fait découvrir différemment, en les introduisant par des explications, un contexte de création. Pour exemple, Sarah, inspirée par son premier amour, et dont je tairai la petite histoire pour garder un peu de surprise. Mais je peux dire qu’en « clown triste », Aliocha n’a pas son pareil pour amuser le public de ses histoires malheureuses. Ce qui n’empêche pas – au public – de garder une forme d’empathie à l’écoute de toutes ces histoires, empreintes d’émotion, d’un bout à l’autre du concert, comme c’est aussi le cas sur le dernier album, qui a beaucoup gagné à être écrit en français.
Pas vraiment de rappel, faute de temps, mais un intermède avec une cover, là aussi, qu’il décrit comme le plus grand tube de son set. Il reprend en effet, à trois voix, Le Sud, de Nino Ferrer. Un titre qui garde la même couleur sépia que ses chansons. Et de terminer, évidemment, avec Ensemble, le titre très attendu du public, ou que certains reconnaissent, l’ayant entendu dans une pub à la télé (sncf).
Que d’émotion à fleur de peau durant cette petite heure de concert ! Et ce n’est pas terminé, puisque, après 30 mn de pause, on revient devant cette même scène, pour y voir et écouter Clara Ysé, dont les chansons n’ont rien d’un hymne à la joie. Pour autant, on y découvre, tant dans son album que dans ce concert, une façon très singulière pour utiliser le tragique et le transformer en quelque chose de lumineux. Les sujets abordés sont souvent noirs, mais elle y met une telle émotion, au travers de sa présence scénique, de sa gestuelle, qui force les regards, au travers de sa voix profonde et habitée, qu’on pourrait rapprocher d’une Barbara, et enfin, de cette orchestration riche et multiculturelle.
Le set débute d’ailleurs directement avec le titre Douce, dont les paroles sont d’une telle violence : « Si tu savais la haine qui coule dans mes veines, Tu aurais peur, tu aurais peur« . De quoi nous plonger la tête la première dans son univers oppressant, mais tellement beau, poétique, faisant penser aussi aux concerts de Feu! Chatterton, bien que les registres musicaux varient parfois.
La suite du concert nous permet d’apprécier dans des versions live, assez proche de celles de l’album, des titres au même poids émotionnel, tels que Soleil à minuit, Le Désert, La Maison ou encore L’Étoile. L’émotion se lisait même sur les visages des spectateurs du premier rang, jusqu’aux larmes pour les plus empathiques. De grosses larmes parfois, qui m’ont fait penser, que la musique de Clara Ysé pouvait avoir un pouvoir de soin, si ce n’est de guérison sur les âmes.
Quelle belle soirée avec ces trois premiers concerts aussi différents que passionnants. Vraiment ce festival Baisers Volés n’en finit de nous surprendre avec des programmations toujours en avance sur leur temps. La suite de la soirée s’est faite sans moi, mais avec deux artistes tout aussi prometteurs, Andéol et Colt, deux projets musicaux, très différents, mais totalement en phase avec le son actuel. A peine les portes du Festival refermées qu’on a les yeux rivés sur 2025 et sa future programmation qu’on imagine déjà tout aussi ambitieuse.
Découvrez plus de photos sur notre page Facebook.
Merci aux organisateurs et aux techniciens de la Nouvelle Vague et du Festival Baisers Volés.
7e édition du
Festival Baisers Volés
Jour 2
Avec : ALIOCHA SCHNEIDER + CLARA YSÉ + COLT + ANDÉOL + JEANNE BONJOUR
Style : Pop, Chanson , Electro, Rap
Lieu : Bretagne, La Nouvelle Vague, Saint Malo (35)
Notre avis :
Par Mike S.
Deuxième soirée du Festival Baisers Volés qui a accueilli la veille Etienne de Crécy et Isaac Delusion en tête d’affiche. Ce soir, deux nouvelles têtes d’affiche, le franco-canadien Aliocha Schneider, boosté par son tube « Ensemble », et la parisienne Clara Ysé, auteure de l’incontournable « Oceano Nox » (2023 – Tôt ou Tard) et dont la réédition récente présentent quelques inédits.
Pour débuter la soirée, le Festival propose à une jeune chanteuse locale de se faire mieux connaitre. Originaire de Cancale, et vivant à Rennes, Jeanne Bonjour, de son vrai nom, puisqu’elle nous le fait savoir avec beaucoup d’humour en introduction du set, est auteure d’un second EP en 2024, Nouvelle Ere, et en préparation d’un premier album. Elle termine sa première tournée d’une trentaine de dates, avec ce concert malouin, quasiment dans son fief, avec quelques fans de la première heure, venus l’applaudir.
Pétillante et pleine d’humour, Jeanne occupe la scène, alterne ses chansons et ses interventions, dignes d’un stand up. Elle est accompagnée de deux musiciens, aux claviers, et à la batterie (et guitare). On apprend que c’est son frère qui est derrière la batterie électronique, et dont le bruit sourd venant des impacts des baguettes et le son électronique provenant des amplis sont malheureusement audibles simultanément. Une vraie batterie, vraiment, on a rien fait de mieux ! Mais qu’importe. On se concentre sur le sourire et la voix de Jeanne, et sur ses chansons aux rythmes variés, aux ambiances changeantes. Au milieu de ses compositions originales, elle nous propose une cover, qu’on retrouve en bonus track sur son EP. Il s’agit de Creep de Radiohead, qu’elle chante en version française et sur un tempo plus dansant, pour un résultat très convaincant. Au point qu’on a du mal et abandonner le concert de Jeanne, pour aller rejoindre la grande scène, où Aliocha est déjà en train d’arriver.
C’est avec une chanson en anglais, Flash in the Pan, extrait d’Eleven Songs (2018) qu’Aliocha Schneider entame son set ce soir à la Nouvelle Vague. Une salle qu’il connait déjà puisqu’il y a assuré la première partie d’Adé, au début de cette même année. 20 petites minutes, regrette-t-il, tout en étant heureux d’être de retour aussi vite, pour un set qu’il promet d’au moins une heure, cette fois. Très différent de celui de Jeanne Bonjour, le set d’Aliocha se veut très intimiste. Mais l’artiste a la même envie d’échanger avec le public. Avec un humour très différent, très subtil et le plus souvent dans l’autodérision. De quoi le rendre à la fois humain et très attachant. Côté musique, il joue de sa guitare acoustique, et est accompagné d’une guitariste électrique, d’un batteur et d’un bassiste.
L’ambiance est très feutrée du début à la fin. Si le public au bar en fond de salle, qui ne se rend pas compte qu’on les entend un peu trop. Mais bon, cela ne nous empêche pas de rester attentif à Aliocha et à son set impeccable. On découvre des chansons très personnelles. Et même si on les connait déjà, le chanteur nous les fait découvrir différemment, en les introduisant par des explications, un contexte de création. Pour exemple, Sarah, inspirée par son premier amour, et dont je tairai la petite histoire pour garder un peu de surprise. Mais je peux dire qu’en « clown triste », Aliocha n’a pas son pareil pour amuser le public de ses histoires malheureuses. Ce qui n’empêche pas – au public – de garder une forme d’empathie à l’écoute de toutes ces histoires, empreintes d’émotion, d’un bout à l’autre du concert, comme c’est aussi le cas sur le dernier album, qui a beaucoup gagné à être écrit en français.
Pas vraiment de rappel, faute de temps, mais un intermède avec une cover, là aussi, qu’il décrit comme le plus grand tube de son set. Il reprend en effet, à trois voix, Le Sud, de Nino Ferrer. Un titre qui garde la même couleur sépia que ses chansons. Et de terminer, évidemment, avec Ensemble, le titre très attendu du public, ou que certains reconnaissent, l’ayant entendu dans une pub à la télé (sncf).
Que d’émotion à fleur de peau durant cette petite heure de concert ! Et ce n’est pas terminé, puisque, après 30 mn de pause, on revient devant cette même scène, pour y voir et écouter Clara Ysé, dont les chansons n’ont rien d’un hymne à la joie. Pour autant, on y découvre, tant dans son album que dans ce concert, une façon très singulière pour utiliser le tragique et le transformer en quelque chose de lumineux. Les sujets abordés sont souvent noirs, mais elle y met une telle émotion, au travers de sa présence scénique, de sa gestuelle, qui force les regards, au travers de sa voix profonde et habitée, qu’on pourrait rapprocher d’une Barbara, et enfin, de cette orchestration riche et multiculturelle.
Le set débute d’ailleurs directement avec le titre Douce, dont les paroles sont d’une telle violence : « Si tu savais la haine qui coule dans mes veines, Tu aurais peur, tu aurais peur« . De quoi nous plonger la tête la première dans son univers oppressant, mais tellement beau, poétique, faisant penser aussi aux concerts de Feu! Chatterton, bien que les registres musicaux varient parfois.
La suite du concert nous permet d’apprécier dans des versions live, assez proche de celles de l’album, des titres au même poids émotionnel, tels que Soleil à minuit, Le Désert, La Maison ou encore L’Étoile. L’émotion se lisait même sur les visages des spectateurs du premier rang, jusqu’aux larmes pour les plus empathiques. De grosses larmes parfois, qui m’ont fait penser, que la musique de Clara Ysé pouvait avoir un pouvoir de soin, si ce n’est de guérison sur les âmes.
Quelle belle soirée avec ces trois premiers concerts aussi différents que passionnants. Vraiment ce festival Baisers Volés n’en finit de nous surprendre avec des programmations toujours en avance sur leur temps. La suite de la soirée s’est faite sans moi, mais avec deux artistes tout aussi prometteurs, Andéol et Colt, deux projets musicaux, très différents, mais totalement en phase avec le son actuel. A peine les portes du Festival refermées qu’on a les yeux rivés sur 2025 et sa future programmation qu’on imagine déjà tout aussi ambitieuse.
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Merci aux organisateurs et aux techniciens de la Nouvelle Vague et du Festival Baisers Volés.