Docteur Sadd – La Madrague ou la vertu de la catastrophe

2018 –  15 titres – 62’23
Label :  PTP Records / UrgenceDisk Records / Native digital Associated
Style :  Rock psychédélique, Blues Rock, Folk
Origine : Suisse, Geneve
Date de sortie de l’album : 27 avril 2018

Notre avis : [star rating= »4.5″ max= »5″]


Par Mike S.

Deux ans se sont écoulés depuis « La tragédie païenne », le dernier album de Docteur Sadd. Entre temps, l’an dernier, le Docteur Sadd avait tout de même réussi à faire sortir, en contrebande, son Whiskey songs, un EP d’une poignée de balades torturées. Et le voilà déjà de retour avec un nouvel album, au titre digne de la lignée des précédents ! 

Introduit par le bruit des vagues et la douce mélopée d’une flûte, La Madrague (ou la vertu de la catastrophe), nous plonge la tête la première dans l’univers si singulier du Docteur Sadd, cette fois inspiré par le soleil et les plages de Saint-Tropez, mais pas n’importe quand, en 1977 ! Affranchissez vous alors de toutes les règles que vous connaissez sur la musique populaire actuelle. Ici, le Docteur Sadd en fait fi ! D’un revers de main glissant sur les cordes de sa cithare ou de sa flûte indienne, il nous conte, 14 minutes durant, une histoire, ou plutôt un songe d’une nuit d’été, noyée dans la mélancolie la plus totale et dans des nappes de musiques inspirée autant par l’orient que par l’occident  (La nuit, je songe) ou par le chœur vocal qui pourrait très bien être (les) Brigitte, dont la folie douce de leur musique a plus d’un point commun avec celle du praticien suisse.

Album concept, s’il en est, ce nouveau volet de la discographie du Docteur nous entraîne dans son délirium sans bornes, pour mieux nous faire comprendre la folie des hommes et du monde qu’ils ont construit. Utilisant le mythe de Cassandre, il balise son disque, ici et là, de récits romanesques (par la voix de Léa Luttringer), mis en musique avec un saxo suave, une flûte irlandaise ou indienne, et nous emporte un peu plus profondément, dans les méandres de son extravagance, dans un délire tout à fait communicatif.

Le Docteur Sadd a quelque chose du Gérard Manset des années 70. Je ne sais pas si c’est son dernier concept album Opération Aphrodite, ou plutôt son premier La Mort d’Orion,  qui m’y ont fait pensé, mais il y a quelque chose dans la démarche, dans la liberté de création. A l’instar de Philippe Katerine, aussi, dont on se souvient de ses deux albums sortis en 1999 (Les Creatures/L’Homme à trois mains). Ou de Jad Wio (Fleur de Metal, Monstre-toi). Et rendons à Gainsbourg ce qui est à Gainsbourg (Histoire de Melody Nelson, Bonnie and Clyde) à qui La Madrague a sans doute emprunté le titre interprété par B.B.

Rien que pour cette liberté, cette attitude désinvolte, cette insouciance déclarée – et sans même parler de la richesse de ses musiques (L’amour Libre), de ses orchestrations (La nuit je songe, Les arenes de Seville) qui ont nécessité près d’une année d’écriture et d’enregistrement – Rien que pour cela, cela vaut la peine d’aller s’imprégner de l’univers saddien dans ce nouveau chapitre hallucinogène.

 


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Line-up :
Docteur Sadd
Valérian McRabbit : Flûte, choeurs
Aude Hamel : chant
Pierre Miesserly : Trompette
Aziz Keddar : Guitare
Arnaud Combe : choeurs
Marie Meyrin : Saxophone ténor
Pierre Rousseau : Batterie
Léa Luttringer : Narration

Tracklist :

  1. Introduction – 02:16
  2. La nuit je songe – 14:17
  3. Cassandre – 02:38
  4. Au cafe de la plage – 03:50
  5. Compromettre – 03:32
  6. Cassandre 2 – 01:34
  7. La Madrague – 07:59
  8. L’amour libre – 06:04
  9. Cargo – 03:14
  10. Les arenes de Seville – 04:32
  11. Cassandre 3 – 03:32
  12. Mourir a Saigon – 02:22
  13. Diamant brun – 01:43
  14. Le fond diffus cosmologique – 06:06
  15. Final – 01:44