Archive – Le Liberté – Rennes (35)

ARCHIVE  en concert

Bienvenus dans la stratosphère !   

Date : 09 novembre 2019
Style : Rock, Rock Prog
Lieu : Le Liberté, Rennes (35)

Notre avis : [star rating= »4,5″ max= »5″]


Par Mike S.

25 ans ! Un quart de siècle que le groupe ARCHIVE ambiance nos vies avec leur musique électronique hypnotique, à mi chemin entre le Trip Hop et le Rock progressif. 25 ans à sculpter leur style, de plus en plus singulier. 25 ans et pourtant, on ne s’en lasse pas. La preuve en est que pour fêter l’événement, le groupe a sorti un album anniversaire de 25 titres et organisé une tournée monstrueuse avec 18 dates, rien qu’en France, et sur le seul mois de novembre. Après Lille, Le Havre et Brest, c’est à Rennes que les anglais s’arrêtaient et nous offraient 18 extraits de leur énorme discographie. 

On avait bien sûr regardé les précédentes dates sur le net, et on savait à peu près à quoi s’en tenir, la setlist ne variant pas beaucoup d’une date à l’autre. Mais on savait aussi qu’on allait en prendre pour près de 3 heures de musique enivrante ! Alors, installez vous bien confortablement dans votre fauteuil, le voyage vaarchive-2019-00 bientôt commencer ! Surtout pour ceux qui avaient trouvé une place assise au Liberté, la plupart des 2000 spectateurs (environ) s’étant retrouvés debout sur le devant de la scène, pour mieux ressentir les pulsions de la musique.

Le concert débute, comme souvent, par You Make Me Feel, premier extrait de leur deuxième album, sorti il y a tout juste 20 ans. Ce titre est parfait pour débuter un concert. Il allie puissance vocale et musicale, dans une montée graduelle de l’intensité du son, d’un refrain entêtant, et donne l’occasion à Maria Q d’exprimer son talent vocal dès l’ouverture du show, faisant oublier Suzanne Wooder pourtant reconnue pour la richesse harmonique de sa voix. Et pour faire de ce début de concert, une sorte d’introduction méthodique des personnages, la setlist se poursuit sur Fuck U, et la voix grave de Dave Pen, qui a du mal à faire oublier, quant à lui, celle de Craig Walker, sans doute le meilleur de tous les chanteurs étant passés par le collectif Archive.

A partir de cet instant, le concert est véritablement lancé, le rythme s’accélère, les nappes électroniques prennent de l’ampleur, et les autres acteurs, tapis dans l’ombre, commencent à se faire remarquer. Car, le secret d’Archive, c’est précisément, cet ensemble de talents, rassemblés sur une seule scène. C’est d’abord et avant tout, les deux têtes pensante d’Archive, Danny Griffiths et Darius Keeler, tous deux, placés de part et d’autre de la scène, calés sur le siège, derrière leurs claviers, en quelques sortes, les deux cœurs du réacteur, qui apportent l’énergie, l’émotion, les lignes mélodiques, parfaitement illustrés par Pills, puis par Bullets, rapide, puissant,  au refrain à la fois répétitif, entêtant et intriguant (Les balles sont la beauté du ciel, Responsabilité personnelle). Et l’occasion de faire venir au micro, le 3e chanteur de la formation, Pollard Berrier, les cheveux toujours plus longs, un grand chapeau rond et noir, vissé sur le crane, occupé jusque là à faire surgir des riffs électriques sur les nappes électroniques. Déjà 5 musiciens se sont donc fait remarqués à cet instant du concert, et pourtant, il en reste d’autres, plus discrets encore, ou plus en retrait, et pourtant indispensables à la réussite de la partition de ce soir. 

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Parmi ceux qui ont été les plus impressionnant, je crois pouvoir dire qu’il y a Steve Barnard, l’ancien batteur de Joe Strummer. Placé traditionnellement en fond de scène, ses baguettes volent littéralement sur les éléments de sa batterie, c’est presque de la magie. Il est véritablement impressionnant ! Additionné à l’ingé lumière, le duo constitué donne un rythme et une énergie renforcée à ce concert qui n’en manque déjà pas. Car les lumières sont aussi des ingrédients indispensables au spectacle de ce soir. D’abord portées par des néons disséminés en diagonale un peu partout sur la scène, les lumières sont aussi alimentées par des lasers stroboscopiques de rouge, de blanc et de vert, au fur et à mesure du concert, plongeant toute la salle du liberté dans une ambiance de concert de Jean-Michel Jarre… Il n’en fallait pas plus, aux spectateurs, pour tout oublier de leur quotidien, et se laisser entraîner dans cet univers fantastiques aux effets sonores époustouflants.

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Il y a d’ailleurs tellement d’informations sonores et visuelles qui vous arrivent, qu’il est parfois difficile de suivre, c’est ce qui rend aussi la musique d’Archive tellement hypnotique. Au point de se sentir un peu perdu, en milieu de concert, avec des titres un peu moins connus, et bien trop sophistiqués, pour se raccrocher à une voix, un riff, un gimmick…. Dans un concert de plus de 2h30, cet impression ne dure peut-être qu’une petite heure, voir à peine 30 minutes, mais elle interroge un peu sur la pertinence, finalement, d’un concert aussi long. Alors même que le groupe en avait encore sous le pied pour nous faire monter aux cimes. En effet, on a perdu Numb dans cette setlist construite pourtant en forme de best of ! On a aussi tout zappé du premier album du groupe…

Mais on a gagné Remains of Nothing, le nouveau single du groupe, sorti en début d’année, et qui marque comme une nouvelle orientation au groupe, retrouvant un coté Hip Hop et ses influences Floydiennes des débuts. La retranscription scénique, n’est pas à la hauteur du clip qui l’accompagnait, tant sur le archive-25-rennes-setlistplan visuel que sur celui de l’orchestration, mais il permet de raccrocher à la setlist, qui va nous emmener progressivement vers la fin, dans un déluge de titres, puissant sur le plan vocal (Erase) ou rythmique (Finding It So Hard). Controlling crowds, et Dangervisit, en fin de set, finissent de nous faire vibrer, avant de sortir de la transe dans laquelle le groupe parvient toujours à nous faire entrer. Me faisant dire, que malgré tout, la magie opère encore, et malgré les années qui passent, et les derniers albums moins prisé ou moins remarqués que les premiers.   

En rappel, retour en apnée avec Light et Again, deux titres qui ont fait la notoriété du groupe, et leur image de groupe de Rock progressif, de par ces compositions étirables sur 15 à 20 mn. De fait, seulement deux titres en rappel, mais un bonus de 30 minutes de concert tout de même, histoire de nous faire garder un souvenir inaltérable, à la hauteur de leur tournée de 2013, qui les avait fait passer par Saint Malo, et inaugurer La Nouvelle Vague, tout nouvellement rebaptisée.  Le dernier titre, Again, demeure sans doute la plus grande réussite du groupe et se retrouve logiquement à ce moment de la soirée, comme le Graal, celui qu’on attend, celui qu’on espère, celui qui nous fascine aussi, tant il est inusable, 17 ans après sa sortie. Il est d’ailleurs fort à parier que le groupe se fendra d’une tournée un jour ou l’autre, pour jouer cet indémodable You All Look the Same to Me dans son intégralité.

Après ce moment d’anthologie, à la fin du concert, les 8 musiciens se retrouvent sur le devant de la scène pour saluer le public, et graver un dernier souvenir sur nos rétines, avant de nous laisser ensuite, quasiment Knock-Out, mais aussi détendu et rêveur, sur le chemin du retour. un grand merci !     

Les autres photos du concert sur Facebook.

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Bonus : petit souvenir de Again, dans sa version live aux Eurockéennes de Belfort en 2006, durant lequel, le public, comme à Rennes, samedi, applaudit à mi-parcours, avant que le titre reprenne plus hypnotique et puis plus puissant encore. Un bel enthousiasme totalement intact.