Bernard Lavilliers – 5 minutes au paradis

2017 –  11 titres – 41’39
Label : Barclay
Style : Chanson
Origine : France, Auvergne-Rhône-Alpes, Saint-Etienne (42)
Date de sortie de l’album : 29 septembre 2017

Notre avis :


Par Mike S.

« 5 minutes au paradis », un titre a la fois beau et énigmatique, pour un artiste qui n’a pas son égal dans toute la Scène française actuelle et passée. Bernard Lavilliers propose en cette rentrée son 22e album. Et une fois de plus, le poète joue des mots et des idées sur les balades du musicien aux effluves tropicales, mais pas que !    

Bernard Lavilliers : 71 ans, 50 ans de carrière, 22 albums studio, 6 en public, 2 BOF et au moins autant de tournées dans toute la Francophonie. En un mot : un Pilier de la Chanson Française. Avec ses hauts et ses bas, mais toujours là, et plutôt en haut à nouveau depuis 2001, et son album Arrêt sur image.   

« Bataclan et l’Hymne à l’Amour
Ce sera pour un autre jour »

Avec son nouvel album, l’artiste poursuit sa route en roue libre, abordant des sujets brûlants d’actualité, avec sérieux et respect. Et pour mieux laisser passer les messages, il laisse souvent voguer sa voix grave et chaude sur des rythmes langoureux d’Amérique du Sud et des orchestrations cuivrées. Mais sur livraison 2017, c’est un peu moins vrai, on y retrouve plutôt la noirceur et le dureté de « If » (1988). L’esprit du Rock habite à nouveau les bandes de ce nouvel opus, appuyé par les musiciens de Feu! Chatterton, sur Charleroi, par exemple.

Avec Croisières méditerranéennes, par exemple, ne vous attendez pas à un voyage 5* sur un paquebot Coasta Croisière… Ajoutez à Vendredi 13, un certain mois de Novembre, et replongez dans une sombre soirée au scénario catastrophe, peuplée de terroristes fous-à-lier et, de victimes ensanglantées ou choquées pour le restant de leur vie. Avec Fer et défaire et Bon pour la casse, la violence n’est pas toujours une histoire de terroristes ou de guerres, elle peut être engendrée froidement par le monde industriel dont ArcelorMittal a démontré tout son talent.

Au milieu de ce tableau apocalyptique de notre époque, Lavilliers glisse furtivement la beauté de notre Capital sur la moiteur d’un air brésilien, sur Paris la grise est un poème qui respire la douceur de vivre, avec ce qu’il faut de réalisme, pour ne pas en faire une page Harlequin, pour autant.

Cette mélodie qui longe la Seine
Du quai des Tournelles à l’île St Louis 
Je la fredonne et pense à Verlaine 
A François Villon perdu dans la nuit 

Il y a Montparnasse – Buenos Aires qui vous fera voyager un peu encore. Il y a aussi Muse, plus ensoleillée et cuivrée que jamais, avec des maux qui vous prennent tout de même à contre-pied. Mais très vite, comme c’était le cas encore sur l’album If, il y a 30 ans, le chanteur nous replonge dans une autre réalité, noire, blafarde (Fer et défaire). Dans cette sinistre réalité, il y a ce piano et ce synthé, en mode Psychose, rapidement renforcés par quelques cordes. C’est le titre éponyme de l’album, 5 minutes au Paradis, et c’est le plus beau de l’album, rassemblant une atmosphère lourde et oppressante, pour des textes d’une rare beauté, et tout aussi lourds dans leurs propos.

« 5 minutes au Paradis
Avant que le diable n’apprenne ta mort ! « 

L’album se termine sur une note d’Espoir, en duo avec Jeanne Cherhal et son piano, dans la lumière d’un soleil levant, sur un nouveau jour, où se croisent pèle-mêle des images de bonheur simple et d’amour (cf clip ci-dessus). Un moment d’accalmie attendu par 7.5 milliards de locataires de la planète bleue, à quelques grands malades près. Ce message d’espoir ponctue avec élégance ce 22e album de Bernard Lavilliers, qui prouve une fois encore qu’il n’a pas dit son dernier mot, et qu’on pourra compter sur eux – ses mots – pendant quelques années encore.

Entre Gloire et Espoir5 minutes au paradis fait un nouveau tour du monde socio-politico-économique avec discernement, sens critique et ce qu’il faut de poésie, pour rester un prince et un seigneur de cet art mineur.


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Line-up :
Bernard Lavilliers : Chant, guitare
Jeanne Cherhal : Chant sur « L’Espoir »
Florent Marchet : Claviers, piano et basse.
Fred Pallem: Basse, guitare, claviers et arrangements cordes.
Romain Humeau : Guitare électrique et acoustique, arrangements cordes, percussions, programmations et chœurs.
Benjamin Biolay : Piano et basse.
Feu! Chatterton : Clément Doumic (guitare et claviers), Antoine Wilsson (basse et claviers), Sebastien Wolf (guitare et claviers) et Raphaël de Pressigny (batterie)
Xavier Tribolet : Piano et Orgue Hammond.
Nicolas Bonnière : Guitare électrique et percussions.
Ludovic Bruni : Guitare électrique, acoustique et barytone.
Nicolas Fiszman : Guitare et basse
François Poggio : Guitares
Hugo Cechosz : Basse et percussions.
Estelle Humeau : Percussions, piano et traverso.
Raphaël Chassin, Denis Benarrosh, Guilaume Marsault, Emiliano Turi : Batterie
Abraham Manfaroll, Thomas Ostrowiecki : Percussions
Rémi Sciuto : Saxophone Baryton
Sylvain Bardiau : Trompette
Frederic Gastard : Saxophone Ténor
Mathias Malher : Trombone
Richard George, Everton Nelson, Ian Humphries, Tom Pigott-Smith, Emil Chakalov : Violon
Ian Burdge et Jonny Byers : Violoncelle
Rachel Robson, Frances Dewar et Reiad Chibah : Alto
Richard Pryce et Lucy Shaw : Contrebasse

Tracklist :
1. La Gloire – 03:08
2. Croisières méditerranéennes – 04:03
3. Charleroi – 04:54
4. Montparnasse – Buenos Aires – 03:39
5. Muse – 04:27
6. 5 minutes au paradis – 03:21
7. Vendredi 13 – 04:20
8. Paris la grise – 03:17
9. Fer et défaire – 03:02
10. Bon pour la casse – 03:13
11. L’ Espoir – 04:07