Benjamin Clementine – I tell a fly

2017 – 11 titres – 45’03
Label : Behind Records / Barclay
Style : Pop classieuse / Piano – Voix
Origine : Angleterre, Londres
Date de sortie de l’album : 29 septembre 2017

Notre avis :


Par Mike S.

Quelques mois après qu’on l’a aperçu au sein du collectif Gorillaz pour un « Hallelujah Money » qui le sortait à peine de son univers, Benjamin Clementine y revient pour donner une suite à At Least For Now, qui avait permis au chanteur aux pieds nus de se faire remarquer à plus d’un titre. Avec  I Tell A Fly, nul doute que son aura va encore l’élargir, en offrant sa vision tellement singulière de la Pop du XXIe siècle. 

Artiste charismatique comme pouvait l’être David Bowie, Benjamin Clementine parvient à capter l’attention par sa seule présence, et peut ainsi se permettre d’enregistrer un album unique, s’affranchissant de tous les codes et repères pouvant le rattacher à ses contemporains. Avec ce drôle d’album concept dont le pitch met en scène deux mouches au regard décomposé sur le monde actuel.

A la voix-piano des débuts de l’artiste, on découvre aujourd’hui une orchestration riche et complexe, polyrythmique, piochant autant dans le classique que dans le moderne, autant dans le sacré que dans le profane, allant chercher les sons les plus éloignés, dans le temps et dans l’espace, pour les marier de force au milieu de ses compositions capricieuses et versatiles (Paris Cor Blimey, God Save the Jungle). C’est troublant, pour ne pas dire perturbant, vous obligeant à grandir pour tenter de vous placer à la hauteur de ce géant de la musique contemporaine. Et sans même en comprendre vraiment le sens, ses chansons vous apportent le frisson, aussi sûr que la Terre est ronde et que le Ciel est bleu.

C’est du Ciel que Clementine tire son regard le plus accablé sur le monde, donnant ses yeux à Ben, un extraterrestre gobe-mouche et déplaçant son regard sur Jupiter, pour mieux décrire encore le désarroi de notre propre monde. Et c’est de la musique baroque que Clementine tire le maximum de ses influences sur ce second opus, plaçant le clavecin, cher au XVIIe siècle des châteaux et palais, de JB Luly à Marin Marais, à tous les carrefours de ses compositions (Better Sorry Than A Safe, Ave Dreamer, By The Ports Of Europe). Cette petite fantaisie apporte un peu plus au sentiment de désorientation temporelle qui nous envahit tout du long de ce disque exigeant, personnel et sans concession, qui pousse encore plus loin son art, pour placer ses premières compos telles que London, au rang de simples ritournelles enfantines et dont il ne reste peut-être que Quintessence sur ce nouvel opus, rappelant une dernière fois la Pop baroque de Divine Comedy.

J’ai lu sur la biographie qu’on ne peut être nouveau qu’une seule fois dans sa carrière. Mais on peut se renouveler sans cesse. Avec  I tell a fly, Benjamin Clemetine se renouvelle 11 fois et nous émerveille à chaque étape de cet album luxuriant.


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Line-up :
Benjamin Clementine

Tracklist :
01. Farewell Sonata
02. God Save The Jungle
03. Better Sorry Than A Safe
04. Phantom Of Aleppoville
05. Paris Cor Blimey
06. Jupiter
07. Ode From Joyce
08. One Awkward Fish
09. By The Ports Of Europe
10. Quintessence
11. Ave Dreamer