Schvédranne – Athènes ?

2016 – 8 titres
Label : Salamah
Style : Slam Rock
Origine : France, Lyon, Grenoble
Date de sortie de l’album : 12 février 2016

Notre avis :


Par Mike S.

Né de la rencontre entre un auteur et poète Gilles B. Vachon et un compositeur Antoine Colonna, Schvédranne est une union improbable, au même titre qu’avait pu l’être Présence Humaine (Michel Houellebecq – Bertrand Burgalat) en 2007. De long textes récités avec expressivité et un dub tantôt hypnotique tantôt ravivé par des rythmes batailleurs et mordants. Bienvenus dans le monde de Schvédranne, tel un oeil grand ouvert sur une planète en décomposition.

Entre Rock et Dub, entre poésie et Slam, entre témoignages et hallucinations, Schvédranne nous invite à un long voyage. Un regard naturaliste, pragmatique, sur ce monde contemporain, en mouvement, d’Athènes à Alger, fruits de milliers d’années de bouleversements (Stupeur et Tremblements, Arigo Vespucci). Gilles B. Vachon nous offre son regard de français, vivant à Grenoble, mais ayant voyagé partout dans le monde, et pouvant exprimer une vision plus éclairée que quiconque.

Autant la musique d’Antoine Colonna nous porte, nous berce, parfois nous bouscule et nous débarque…. Autant les mots et l’interprétation de Gilles B. Vachon nous transporte d’un lieu à l’autre, pour mieux nous expliquer la gravité du Monde et la futilité de la Vie. Entre sociologue et philosophe, il bouscule nos vies sans reliefs, pour faire ressurgir nos émotions les plus enfouies, celles qui réapparaissent une seconde quand on nous montre une photo d’un enfant mort sur une plage, et qu’on refoule le lundi matin, en allant prendre sa voiture ou son métro pour reprendre docilement le train de la vie, en se disant, qu’est ce qu’on y peut, nous, petites fourmis perdues dans l’immense fourmilière. C’est pourtant des Fourmis qui se sont réveillées à  Sidi Bouzid ou au Caire, en 2010, ces mêmes fourmis, qui, 200 ans plus tôt avaient fait tomber la Bastille dans notre propre pays.

Gilles Vachon, le poète, est aussi un provocateur, et contemple 300 ans d’histoire esclavagiste à travers une fresque accusatrice, un procès à charge contre ses ancêtres, plongeant dans sa propre histoire, dans ses propres racines, le temps de ce titre glaçant, intitulé Haïti ! Sa propre histoire, il en poursuit le récit, avec Litanie du goudron, et son chapelet de souvenirs surgis des limbes de son cerveau fatigué de 74 printemps, 74 été, 74 automnes et 74 hivers, porté par une musique en forme de boléro grondant, intensifiant, rugissant, tonitruant ! Avant de retomber (…) dans un dub reggae hypnotique.

Un voyage fantastique, jusqu’aux confins du monde, si loin, si proche, des réminiscences par milliers, mais toujours une lucidité froide. Je pense donc je frappe !

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