KOMPROMAT en concert

+ 1ere partie : DROGES

Date : 18 décembre 2025
Salle : La Nouvelle Vague
Lieu : Bretagne, Saint-Malo (35)

.


Par Mike S.

Ce soir, La Nouvelle Vague à Saint-Malo affichait complet pour accueillir KOMPOMAT, le duo formé par Vitalic et Rebeka Warrior. Dans une salle bondée d’environ 1000 personnes, deux groupes se sont succédés pour faire de cette soirée, un moment inoubliable.  

Le concert s’est ouvert avec DROGES, duo originaire de la Drôme et des Vosges, dont le nom naïf et évident reflète bien l’univers qu’ils proposent. Leur set d’une quarantaine de minutes a débuté sur un ton provocateur : une « dédicace à Louis Sarkozy », fils de l’ancien président, introduisant le premier morceau, Fils de Bourge Crève. Les paroles sont sans concession : « Relève-toi, j’te pète le nez, j’vais te buter, j’vais t’éclater, t’enfoncer, j’vais t’égorger… Tu sers à rien. Fils de bourges, rends l’argent, tout ce que t’as c’est à nous… ». Ces mots au vitriole, scandés sur des rythmes électroniques aussi percutants que leur violence, auraient sans doute immédiatement été censurés ou interdits de diffusion s’ils avaient été lancés par un rappeur comme Orelsan

Droges a déroulé ensuite une série de titres minimalistes et incisifs, parfois absurdes, entre humour noire et colère sociale : Drome-Vosges-Droges, Mascu Ferme Ta Gueule, ou l’improbable Mode d’Emploi Pour Dégonfler Un SUV. Le duo a balancé des uppercuts textuels aussi puissants que le beat de leur musique, sans artifice ni détour poétique : là où Brassens ou Brel parsemaient leurs chansons contestataires d’images et de sous-entendus, Droges va droit au but. 

Le style musical est volontairement primaire, presque brutal dans sa simplicité, mais c’est précisément ce minimalisme qui renforce l’impact. Le public fut partagé : certains se sont éclatés, d’autres ont été déstabilisés, mais personne n’est resté indifférent. Pas sûr que l’effet puisse être renouvelé après la première écoute. 

droges-live-lanouvellevague

KOMPOMAT, c’est le mariage artistique d’un Vitalic discret derrière ses machines et d’une Rebeka Warrior charismatique et omniprésente sur scène. Avec leur musique 100 % électronique, ils brouillent les frontières entre EBM, Cold Wave, New Wave et techno radicale, créant un univers à la fois sombre et fascinant. Leur dernier album, PLДYING / PRДYING (Warriorecords, 2025), explore des thèmes aussi variés que les rites funéraires, les prières païennes ou non, le passage entre les mondes, mais aussi la danse, l’extase et les plaisirs charnels – autant d’invocations divines par la musique. Des sujets que le duo retranscrit sur scène sous la forme d’une grande communion humaine. 

kompromat

Le concert était parfois baigné d’une lumière stroboscopique, blanche, rouge et verte, parfois aveuglante, entre deux temps d’obscurité totale, sculptant l’espace et accompagnant chaque pulsation. Vitalic, fidèle à son image, restait presque invisible derrière ses machines, lunettes noires sur le visage, tatouages discrets mais présents. Rebeka Warrior, au crâne rasé et vêtue de noir, incarnait l’énergie du duo. Sa veste en cuir noire, qu’elle fit tournoyer avant de l’abandonner, laissait apparaître une multitude de tatouages couvrant ses bras jusqu’aux mains. Elle monopolisait la scène, captant tous les regards par ses mouvements et son chant trilingue – allemand, anglais, parfois français – où les paroles importaient moins que l’impact des mots et des idées : Intelligence Artificielle, Playing/Praying, I left Myself Go Blind, Possession, Traum und Existenz. Ces slogans sonnaient comme des collages hypnotiques, des mantras modernes.

kompromat

La musique de KOMPOMAT est répétitive, synthétique, implacablement rythmée, ponctuée d’accélérations enivrantes qui vous font vibrer jusqu’aux entrailles. On y retrouve la rigueur et l’inventivité des pionniers de l’électronique, de Kraftwerk à Jean-Michel Jarre, de Klaus Nomi aux origines de la techno. Les voix secondaires, échos d’un autre monde – Vimala Pons et Sonia DeVille sur l’album – semblaient planer autour du duo, fantomatiques et mystérieuses.

Ce soir-là, KOMPOMAT n’a pas proposé seulement un concert : ils ont offert une immersion totale dans un univers sombre, hypnotique et sacré, où la musique devient prière, transe et expérience sensorielle. Une expérience que l’on sent vibrer bien après la sortie de la salle. Sans parler des bourdonnements dans les oreilles jusqu’au matin ! Inoubliable, vraiment !  

kompromat


Merci aux musiciens, aux techniciens et aux organisateurs de cette belle soirée à la Nouvelle Vague !


Kompromat : FB /Bandcamp 
Nouvel album début 2025 et nouvel EP, K-live, paru le 29 octobre 2025 

Droges : Bandcamp / YT
Nouvel album :  « Tout ça on crame » paru le 17 octobre 2025.