L’Autre Canal /
Igorrr + Master Boot Record
+ Imperial Triumphant /
Le 15 Octobre 2025 – Nancy (54) /
Notre avis : 5/5.
L’Autre Canal s’est transformé en laboratoire sonore hors normes à l’occasion du Festival Nancy Jazz Pulsations. Loin des cadences swing ou funk habituellement associées à l’événement, la salle accueillait une affiche radicale et savamment chaotique : Igorrr, Master Boot Record et Imperial Triumphant. Trois entités à la croisée du metal, de la musique expérimentale et de l’électronique extrême, unies par une même fascination pour l’excès, la virtuosité et le dérèglement des sens.
IMPERIAL TRIUMPHANT
Dans la pénombre épaisse de la salle, Imperial Triumphant surgit comme une vision d’un autre monde. Les trois musiciens, masques dorés vissés au visage, incarnent à eux seuls la décadence d’un New York fantasmé, entre opulence et ruine. Dès les premières notes de « Goldstar », le ton est donné : le chaos sera somptueux. Les riffs fracturés de Zachary Ezrin, érigés en cathédrales dissonantes, se mêlent aux méandres labyrinthiques de la batterie de Kenny Grohowski, dont chaque frappe semble déconstruire le temps lui-même. Derrière son masque, Steve Blanco fait vivre la basse par gestes théâtraux et un humour absurde, presque dadaïste. Quand Ezrin s’adresse au public, c’est d’une voix de robot désincarné, glaciale, qui renforce le malaise autant que la fascination. Sur « Lexington Delirium » et « Gomorrah Nouveaux », le trio atteint un paroxysme de tension : jazz, black metal et bruitisme s’entrechoquent dans une orgie sonore d’une précision maniaque. Les titres de « Goldstar » s’enchaînent comme des visions urbaines, dressant un portrait sonore de la modernité malade. « Devs Est Machina » et « Industry Of Misery » évoquent la mécanique impitoyable des villes, tandis que « Eye Of Mars » clôt le set dans une transe baroque. Imperial Triumphant, plus que jamais, règne sur les ruines dorées du black metal avant-gardiste.

Imperial Triumphant : Facebook / Instagram / Twitter / Youtube / Site Officiel
Les photos de la soirée : ici.
MASTER BOOT RECORD
La salle est plongée dans une lumière froide, striée de verts phosphorescents et de rouges binaires : Master Boot Record entre en scène. Projet solo du musicien Italien Victor Love, désormais transfiguré en trio, le groupe déploie un mélange unique de metal industriel, d’électronique et de chiptune. Inspiré par l’esthétique rétro des systèmes DOS et des architectures informatiques, MBR convoque un univers où la nostalgie numérique rencontre la brutalité du métal. Le logo bleu façon IBM trône en fond, rappelant que tout ici est affaire de circuits, de mémoire et de processeurs. Sous son sweat à capuche, Victor Love arpente la scène comme un technicien déchaîné, épaulé par le guitariste virtuose Edoardo Taddei et le batteur surhumain Giulio Galati, de Nero di Marte. Ensemble, ils exécutent « CONFIG.SYS », « CPU » ou encore « VIRUS.DOS », martelant des riffs précis comme des instructions machines. Le public, hypnotisé, oscille entre headbangs frénétiques et contemplation cybernétique. Chaque morceau est une partition algorithmique, alliant complexité et froideur mécanique. Dans cette transe techno-métallique, MBR brouille la frontière entre homme et machine. Quand résonnent les dernières notes de « BAYAREA.BMP », la foule comprend qu’elle vient d’assister à une défragmentation totale de la réalité sonore.

Master Boot Record : Facebook / Instagram / Twitter / Bandcamp / Youtube / Site Officiel
Les photos de la soirée : ici.
IGORRR
Gautier Serre, qui est à l’origine de ce projet qu’est Igorrr, ouvre le bal seul derrière ses platines, faisant lentement monter la tension. Peu à peu, les lumières s’assombrissent avant l’apparition de JB Le Bail, dressé sur une estrade, silhouette encapuchonnée et hiératique, tout droit sorti d’un cauchemar baroque. La scène se peuple alors d’étranges détails : des mains s’étendent de la batterie et du matériel de Serre, comme une horde de zombies, rappelant le goût viscéral d’Igorrr pour les chairs qui se mêlent et se tordent. L’atmosphère est lourde, occulte, presque rituelle. Igorrr joue avec nos nerfs avant de tout écraser dans une avalanche sonore où le baroque rencontre le metal, où les Balkans croisent l’électro et les chants tibétains. L’entrée de Marthe Alexandre, nouvelle voix féminine, apporte un souffle lyrique maîtrisé, s’accordant parfaitement au timbre sombre et enragé de JB Le Bail, figure mystique en toge. Ensemble, ils forment un duo hypnotique, incarnation des forces contraires qui animent Igorrr. La setlist défile comme une transe : « Daemoni », « Spaghetti Forever », « Nervous Waltz », « Blastbeat Falafel »… Les pogos et wall of death se multiplient dans la fosse, tandis que sur scène, les musiciens naviguent entre frénésie et délicatesse. Sur « ieuD », la complicité entre Marthe et JB culmine : ils se défient du regard, se repoussent, se cherchent, rejouant la tension interne de la musique. Chaque morceau est un voyage chaotique mais d’une cohérence fascinante. Sous la direction du génie Gautier Serre, Igorrr transcende les genres pour offrir un spectacle total, à la fois violent, drôle, théâtral et profondément humain. Le final — « Very Noise », « Camel Dancefloor », « Opus Brain » — achève le public, conquis. Igorrr, plus qu’un concert, c’est un exorcisme sonore.

Igorrr : Facebook / Instagram / Twitter / Youtube / Site Officiel
Les photos de la soirée : ici.
Photos : Fabrice A.
#Live / #Report / #LiveReport / #Review / #LiveReview / #Photos / #Pictures
Igorrr + Master Boot Record
+ Imperial Triumphant /
Le 15 Octobre 2025 – Nancy (54) /
Notre avis : 5/5.
L’Autre Canal s’est transformé en laboratoire sonore hors normes à l’occasion du Festival Nancy Jazz Pulsations. Loin des cadences swing ou funk habituellement associées à l’événement, la salle accueillait une affiche radicale et savamment chaotique : Igorrr, Master Boot Record et Imperial Triumphant. Trois entités à la croisée du metal, de la musique expérimentale et de l’électronique extrême, unies par une même fascination pour l’excès, la virtuosité et le dérèglement des sens.
IMPERIAL TRIUMPHANT
Dans la pénombre épaisse de la salle, Imperial Triumphant surgit comme une vision d’un autre monde. Les trois musiciens, masques dorés vissés au visage, incarnent à eux seuls la décadence d’un New York fantasmé, entre opulence et ruine. Dès les premières notes de « Goldstar », le ton est donné : le chaos sera somptueux. Les riffs fracturés de Zachary Ezrin, érigés en cathédrales dissonantes, se mêlent aux méandres labyrinthiques de la batterie de Kenny Grohowski, dont chaque frappe semble déconstruire le temps lui-même. Derrière son masque, Steve Blanco fait vivre la basse par gestes théâtraux et un humour absurde, presque dadaïste. Quand Ezrin s’adresse au public, c’est d’une voix de robot désincarné, glaciale, qui renforce le malaise autant que la fascination. Sur « Lexington Delirium » et « Gomorrah Nouveaux », le trio atteint un paroxysme de tension : jazz, black metal et bruitisme s’entrechoquent dans une orgie sonore d’une précision maniaque. Les titres de « Goldstar » s’enchaînent comme des visions urbaines, dressant un portrait sonore de la modernité malade. « Devs Est Machina » et « Industry Of Misery » évoquent la mécanique impitoyable des villes, tandis que « Eye Of Mars » clôt le set dans une transe baroque. Imperial Triumphant, plus que jamais, règne sur les ruines dorées du black metal avant-gardiste.
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MASTER BOOT RECORD
La salle est plongée dans une lumière froide, striée de verts phosphorescents et de rouges binaires : Master Boot Record entre en scène. Projet solo du musicien Italien Victor Love, désormais transfiguré en trio, le groupe déploie un mélange unique de metal industriel, d’électronique et de chiptune. Inspiré par l’esthétique rétro des systèmes DOS et des architectures informatiques, MBR convoque un univers où la nostalgie numérique rencontre la brutalité du métal. Le logo bleu façon IBM trône en fond, rappelant que tout ici est affaire de circuits, de mémoire et de processeurs. Sous son sweat à capuche, Victor Love arpente la scène comme un technicien déchaîné, épaulé par le guitariste virtuose Edoardo Taddei et le batteur surhumain Giulio Galati, de Nero di Marte. Ensemble, ils exécutent « CONFIG.SYS », « CPU » ou encore « VIRUS.DOS », martelant des riffs précis comme des instructions machines. Le public, hypnotisé, oscille entre headbangs frénétiques et contemplation cybernétique. Chaque morceau est une partition algorithmique, alliant complexité et froideur mécanique. Dans cette transe techno-métallique, MBR brouille la frontière entre homme et machine. Quand résonnent les dernières notes de « BAYAREA.BMP », la foule comprend qu’elle vient d’assister à une défragmentation totale de la réalité sonore.
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IGORRR
Gautier Serre, qui est à l’origine de ce projet qu’est Igorrr, ouvre le bal seul derrière ses platines, faisant lentement monter la tension. Peu à peu, les lumières s’assombrissent avant l’apparition de JB Le Bail, dressé sur une estrade, silhouette encapuchonnée et hiératique, tout droit sorti d’un cauchemar baroque. La scène se peuple alors d’étranges détails : des mains s’étendent de la batterie et du matériel de Serre, comme une horde de zombies, rappelant le goût viscéral d’Igorrr pour les chairs qui se mêlent et se tordent. L’atmosphère est lourde, occulte, presque rituelle. Igorrr joue avec nos nerfs avant de tout écraser dans une avalanche sonore où le baroque rencontre le metal, où les Balkans croisent l’électro et les chants tibétains. L’entrée de Marthe Alexandre, nouvelle voix féminine, apporte un souffle lyrique maîtrisé, s’accordant parfaitement au timbre sombre et enragé de JB Le Bail, figure mystique en toge. Ensemble, ils forment un duo hypnotique, incarnation des forces contraires qui animent Igorrr. La setlist défile comme une transe : « Daemoni », « Spaghetti Forever », « Nervous Waltz », « Blastbeat Falafel »… Les pogos et wall of death se multiplient dans la fosse, tandis que sur scène, les musiciens naviguent entre frénésie et délicatesse. Sur « ieuD », la complicité entre Marthe et JB culmine : ils se défient du regard, se repoussent, se cherchent, rejouant la tension interne de la musique. Chaque morceau est un voyage chaotique mais d’une cohérence fascinante. Sous la direction du génie Gautier Serre, Igorrr transcende les genres pour offrir un spectacle total, à la fois violent, drôle, théâtral et profondément humain. Le final — « Very Noise », « Camel Dancefloor », « Opus Brain » — achève le public, conquis. Igorrr, plus qu’un concert, c’est un exorcisme sonore.
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Photos : Fabrice A.
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By Fabrice A. • Reportage Festival, Reportages 0 • Tags: Igorrr, Imperial Triumphant, L'Autre Canal, Master Boot Record, Nancy, Nancy Jazz Pulsations, NJP