LA ROUTE DU ROCK Eté #33
PULP – YARD ACT – PORRIDGE RADIO – GANS – BICHE – …
Date : 15 aout 2025
Salle : Fort de St Père
Lieu : Bretagne, Saint Malo (35)
.
Par Mike S.
Vingt-quatre ans après leur dernière venue, Pulp signe son grand retour à La Route du Rock. Le Fort s’est rapidement rempli d’une armée de fans, reconnaissables à leurs t-shirts frappés des quatre lettres du groupe, toutes époques confondues. Face à une telle attente, difficile pour les autres formations du jour de rivaliser en notoriété. Alors, autant redoubler d’énergie : chacun y est allé de son volume et de son intensité pour se faire entendre.
Ce soir, le Fort vibre de nostalgie et d’excitation : Pulp, depuis trop longtemps absent, va remonter sur scène ! À 23h30, Jarvis Cocker et son groupe investissent la scène, ouvrant le set long de 90 mn avec le titre Sorted for E’s & Wizz , dont les sonorités de claviers apportent tout de suite la saveur de cette madeleine de Proust que tout le monde attendait ! Ensuite, chaque morceau déploie cette même énergie familière : de Disco 2000 à Common People, le public oscille entre souvenirs de la britpop dorée et curiosité devant les nouveaux morceaux de More. Le répertoire est ainsi un savant mélange de vieux souvenirs et d’actualité, ponctué de titres incontournables comme This Is Hardcore ou Babies.
Sur scène, Jarvis n’a rien perdu de sa présence magnétique : sa silhouette se profile, mouvante et reconnaissable, illuminant le Fort d’un éclat presque chamanique. Aux côtés de Spike Island et Acrylic Afternoons, le concert tisse un fil entre passé et présent, entre ironie sociale et théâtralité brute. Jarvis s’essaie à la langue de Molière avec toujours autant de difficultés. Mais les informations distillées y sont précieuses, autour du contexte de ce retour, de ce nouvel album, de cette nouvelle tournée. « 497e concert du groupe », peut on lire sur les écrans ou « Ce concert est un Rappel ». Sous-entendu, un rappel des fans à leur groupe préféré.
Quand Common People retentit, c’est déjà l’apothéose : tout le monde chante à l’unisson, les barrières tremblent, la fausse centrale est en transe, l’ambiance est au pogo. Surprenant dans un contexte de BritPop. Et un tout petit peu dangereux aussi. Cette Britpop semble ce soir, malgré tout, toujours aussi pertinente, toujours aussi vivante. On aimerait y retrouver Suede, The Auteurs, Inspiral Carpets, Pulp, Cast… Certains tournent encore ! Avis aux programmateurs ! Pourquoi une soirée 100% Britpop l’an prochain ?
GANS : faire du bruit pour exister
Avant comme après Pulp, pas évident pour les autres groupes de tirer leur épingle du jeu. Certains ont donc choisi la surenchère sonore. C’est le cas de GANS, duo anglais originaire de Birmingham. Amis de longue date, Euan Woodman (batterie) et Thomas Rhodes (chant, guitare) ont monté ce projet musical, à la puissance ravageuse. Avec seulement un EP cinq titres paru début 2025, leur répertoire est encore restreint, mais leur manière de l’incarner sur scène frappe fort. Peu de chansons, mais déjà une attitude qui capte l’attention, avec seulement une batterie, une guitare et une valise mystérieuse, qui fait office de sampler ou plus exactement de machine à faire du bruit.
Yard Act : l’art du show
Même constat sur la grande scène avec YARD ACT. Le quatuor de Leeds a pris possession du Fort comme rarement, enflammant chaque titre. Beaucoup sont tirés de Where’s My Utopia (2024) – Dream Job ou We Make Hits –, où textes pleins d’humour et d’autodérision prennent toute leur ampleur en live. Défini comme post-punk, le groupe a gardé l’esprit, mais le pousse vers un style plus slamé. James Smith, chanteur à la voix grave et omniprésente, assure le show façon Art Brut ou Beck, soutenu par un son qui flirte avec le hip hop et le free jazz, notamment grâce au sax du claviériste. Résultat : un concert tendu, vibrant, impossible à suivre sans se laisser emporter.
Porridge Radio : le dernier tour de piste
À l’inverse, en début de soirée, l’ambiance était toute autre avec PORRIDGE RADIO. Trois ans après leur précédente venue au festival, le groupe revenait présenter son nouvel EP The Machine Starts To Sing, sorti en février. Une tournée d’adieu annoncée dans la foulée a confirmé ce que tout le monde redoutait : leur séparation. Leur passage à la Route du Rock aura donc sans doute été la dernière chance de les voir sur cette scène, dans une atmosphère à la fois mélancolique et intense. Et ce fut vraiment une belle prestation, tenue par la voix singulière de Dana Margolin, dont on imagine une carrière solo prochainement.
On les a manqué, mais il y avait aussi, ce même jour, les concerts et sets DJ de Biche, Tropical Fuck Storm, Frankie and the Witch Fingers, David Shaw and the beat, No Gigsta et enfin, après le concert de Pulp, une désormais traditionnelle énorme chenille humaine, qui aurait impressionné Jarvis Cocker. Quels déconneurs ces bretons !
Merci aux musiciens, aux techniciens et aux organisateurs de ce festival unique en France !
LA ROUTE DU ROCK Eté #33
PULP – YARD ACT – PORRIDGE RADIO – GANS – BICHE – …
Date : 15 aout 2025
Salle : Fort de St Père
Lieu : Bretagne, Saint Malo (35)
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Par Mike S.
Vingt-quatre ans après leur dernière venue, Pulp signe son grand retour à La Route du Rock. Le Fort s’est rapidement rempli d’une armée de fans, reconnaissables à leurs t-shirts frappés des quatre lettres du groupe, toutes époques confondues. Face à une telle attente, difficile pour les autres formations du jour de rivaliser en notoriété. Alors, autant redoubler d’énergie : chacun y est allé de son volume et de son intensité pour se faire entendre.
Ce soir, le Fort vibre de nostalgie et d’excitation : Pulp, depuis trop longtemps absent, va remonter sur scène ! À 23h30, Jarvis Cocker et son groupe investissent la scène, ouvrant le set long de 90 mn avec le titre Sorted for E’s & Wizz , dont les sonorités de claviers apportent tout de suite la saveur de cette madeleine de Proust que tout le monde attendait ! Ensuite, chaque morceau déploie cette même énergie familière : de Disco 2000 à Common People, le public oscille entre souvenirs de la britpop dorée et curiosité devant les nouveaux morceaux de More. Le répertoire est ainsi un savant mélange de vieux souvenirs et d’actualité, ponctué de titres incontournables comme This Is Hardcore ou Babies.
Sur scène, Jarvis n’a rien perdu de sa présence magnétique : sa silhouette se profile, mouvante et reconnaissable, illuminant le Fort d’un éclat presque chamanique. Aux côtés de Spike Island et Acrylic Afternoons, le concert tisse un fil entre passé et présent, entre ironie sociale et théâtralité brute. Jarvis s’essaie à la langue de Molière avec toujours autant de difficultés. Mais les informations distillées y sont précieuses, autour du contexte de ce retour, de ce nouvel album, de cette nouvelle tournée. « 497e concert du groupe », peut on lire sur les écrans ou « Ce concert est un Rappel ». Sous-entendu, un rappel des fans à leur groupe préféré.
Quand Common People retentit, c’est déjà l’apothéose : tout le monde chante à l’unisson, les barrières tremblent, la fausse centrale est en transe, l’ambiance est au pogo. Surprenant dans un contexte de BritPop. Et un tout petit peu dangereux aussi. Cette Britpop semble ce soir, malgré tout, toujours aussi pertinente, toujours aussi vivante. On aimerait y retrouver Suede, The Auteurs, Inspiral Carpets, Pulp, Cast… Certains tournent encore ! Avis aux programmateurs ! Pourquoi une soirée 100% Britpop l’an prochain ?
GANS : faire du bruit pour exister
Avant comme après Pulp, pas évident pour les autres groupes de tirer leur épingle du jeu. Certains ont donc choisi la surenchère sonore. C’est le cas de GANS, duo anglais originaire de Birmingham. Amis de longue date, Euan Woodman (batterie) et Thomas Rhodes (chant, guitare) ont monté ce projet musical, à la puissance ravageuse. Avec seulement un EP cinq titres paru début 2025, leur répertoire est encore restreint, mais leur manière de l’incarner sur scène frappe fort. Peu de chansons, mais déjà une attitude qui capte l’attention, avec seulement une batterie, une guitare et une valise mystérieuse, qui fait office de sampler ou plus exactement de machine à faire du bruit.
Yard Act : l’art du show
Même constat sur la grande scène avec YARD ACT. Le quatuor de Leeds a pris possession du Fort comme rarement, enflammant chaque titre. Beaucoup sont tirés de Where’s My Utopia (2024) – Dream Job ou We Make Hits –, où textes pleins d’humour et d’autodérision prennent toute leur ampleur en live. Défini comme post-punk, le groupe a gardé l’esprit, mais le pousse vers un style plus slamé. James Smith, chanteur à la voix grave et omniprésente, assure le show façon Art Brut ou Beck, soutenu par un son qui flirte avec le hip hop et le free jazz, notamment grâce au sax du claviériste. Résultat : un concert tendu, vibrant, impossible à suivre sans se laisser emporter.
Porridge Radio : le dernier tour de piste
À l’inverse, en début de soirée, l’ambiance était toute autre avec PORRIDGE RADIO. Trois ans après leur précédente venue au festival, le groupe revenait présenter son nouvel EP The Machine Starts To Sing, sorti en février. Une tournée d’adieu annoncée dans la foulée a confirmé ce que tout le monde redoutait : leur séparation. Leur passage à la Route du Rock aura donc sans doute été la dernière chance de les voir sur cette scène, dans une atmosphère à la fois mélancolique et intense. Et ce fut vraiment une belle prestation, tenue par la voix singulière de Dana Margolin, dont on imagine une carrière solo prochainement.
On les a manqué, mais il y avait aussi, ce même jour, les concerts et sets DJ de Biche, Tropical Fuck Storm, Frankie and the Witch Fingers, David Shaw and the beat, No Gigsta et enfin, après le concert de Pulp, une désormais traditionnelle énorme chenille humaine, qui aurait impressionné Jarvis Cocker. Quels déconneurs ces bretons !
Merci aux musiciens, aux techniciens et aux organisateurs de ce festival unique en France !