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LA ROUTE DU ROCK COLLECTION ÉTÉ

ALDOUS HARDING + KING HANNAH
en concert 

Date : 17 août 2022
Style : Folk / Pop / Rock atmosphérique, Indie Folk…
Lieu : La Nouvelle Vague, Saint Malo (35)

Notre avis :


Par Mike S. 

Concert d’ouverture de la 30e édition de la Route du Rock, collection Eté, les organisateurs ont donné la parole aux femmes ce soir, avec deux formations : Aldous Harding & King Hannah. La première est une chanteuse folk néo-zélandais des plus originale, la seconde est un duo anglais auteur d’une tout premier album aux ambiances mélancoliques et électriques.  

KING HANNAH
Leur premier album intitulé « I’m Not Sorry, I Was Just Being Me » est sorti en début d’année. Les voici déjà programmés à la Route du Rock, lieu où l’on a vu passer pas mal de groupes les ayant influencés : Mazzy Star, PJ Harvey… ou encore Cigarette After Sex, venus joués dans cette salle en 2019. Leur style : un rock obscur construit autour de longues notes de guitares électriques épurées jouées par Craig, la moitié du duo, et la voix grave d’Hannah, énigmatique. Pour les accompagner sur scène, ce soir, deux musiciens en renfort, à la batterie et à la basse. L’ambiance est très sombre, les lumières tamisées parviennent uniquement du fond de la scène, nous permettant à peine de voir les silhouettes des musiciens.

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Pour ce concert, le groupe passe en revue son album, en commençant par son titre introductif, A Well-Made Woman, parfaitement représentatif du style du groupe : un gros son de basse d’une lenteur impassible, une guitare électrique aux notes qui s’étirent à l’infini, une ligne plus acoustique pour créer un motif répétitif et entêtant, jouée par sa chanteuse. Le son est suave et envoutant. La voix d’Hannah ne l’est pas moins. Le décor est planté et restera ainsi figé pendant 45 minutes de concert hypnotique. Parmi la courte discographie explorée ce soir, le groupe chante une chanson de Bruce SpringsteenState Trooper, une reprise assez fidèle, mais qui s’intègre bien à la setlist et à l’ambiance générale de la soirée.

Une Route du Rock qui n’a pas mis les petits plats dans les grands pour ses 30 bougies mais qui nous offre toujours de belles découvertes et qui confirme d’année en année, son rôle de défricheur de talents.

ALDOUS HARDING
Dans un registre musical très différent, c’est la chanteuse néo-zélandais Aldous Harding qui prend rapidement le relais sur scène, entourée de 4 musicien-ne-s. La chanteuse est connue sur la scène internationale. Un peu moins en France, mais sa réputation scénique la précède.

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Pour qui n’est pas préparé, elle a de quoi surprendre. La chanteuse semble être dans son monde, à peine elle s’adresse au public entre chaque chanson. Elle a une façon bien à elle de se déplacer ou de chorégraphier ses chansons. Ce qui lui donne un côté un peu barré, un peu à la manière d’une Brigitte Fontaine, la bouteille de Dom Pérignon et quelques décennies en moins. La chanteuse s’amuse avec sa voix, parfois enfantine (Lawn), faisant penser parfois aux soeurs CocoRosie, bien que l’on soit dans un registre bien plus pop, qui la rapproche alors plus de l’univers singulier de Kate Bush.

aldous-harding-setlist-2022-08-17-2Entre la scénographie originale à plus d’un sens, et les compositions, la chanteuse a de quoi garder le public attentif. Les chansons sont en effet parfois assez minimaliste, mais les musiciens apportent à chaque titre, une couleur toute particulière, nous faisant passer d’une Pop sautillante (Passion Babe) à une Folk plus acoustique (Fever). Le batteur devient aussi parfois trompettiste et donne aussitôt une patine toute particulière à la chanson. Il passe aussi à la guitare acoustique, quand, en fin de set, Aldous s’improvise pianiste le temps d’un titre, pendant le rappel.

Sur le papier, entre le Rock ambiant de King Hannah et la Pop Folk minimaliste d’Aldous Harding, on aurait pu imaginer une soirée feutrée, plus adaptée à un théâtre qu’à une salle de concert classique, où le public majoritairement debout, ne demande qu’à participer au spectacle. Pourtant, avec le recul, les deux concerts n’étaient pas si confidentiels que cela. L’un et l’autre avaient ses propres atouts pour rendre la soirée captivante et empêcher le soufflé de retomber très vite.

Et en même temps, il ne s’agit que d’un apéritif en quelque sorte, avant les trois soirées prévues au Fort de Saint Père, qui promettaient des riffs plus électriques avec Fontaines DC, Ty Seagall ou encore Liminanas. Il ne s’agissait donc pas d’épuiser les organismes dès le premier round. Et si le ciel, redevenu capricieux, le permet, la suite, c’est côté plage, le jeudi à 16h avec la harpiste, Mary Lattimore, bien connue du milieu indé, ayant travaillé avec Kurt Vile, Jarvis Cocker, Thurston Moore, Arcade Fire, rien de moins ! A découvrir !