Lieu : à bonne distance, entre Bruxelles et Saint Malo…
Date : 5 mai 2020
Par Mike S.
Après deux CD auto-produits (Control Freak en 2014 et Bad Luck en 2016) et un changement de line up, Ben et Dave, les deux membres fondateurs de Finger Lick, ont enregistré un nouvel EP intitulé « One way ride » ! La nouvelle formation, basée à Bruxelles, oriente sa musique vers un son à la fois metal et mélodique, qui nous a intrigué, au point d’avoir envie d’en savoir un peu plus sur ces lascars. Rencontre par claviers interposés, en pleine période de confinement de part et d’autre de la frontière franco-belge !
Vous débarquez avec un nouvel EP (One way ride). Avec une nouvelle équipe, il me semble. Pouvez-vous revenir sur les derniers épisodes du groupe Finger Lick ?
Le premier line-up du groupe a duré 5 ans et nous avons fait un single avec 4 titres bonus et un premier EP 6 titres. Nous avions du mal à nous mettre d’accord pour continuer à avancer. Dave connaissait Jonas et Shaun depuis pas mal d’années et l’idée de faire un line-up B avec eux les a peu à peu intégré dans le groupe. Ils ont amené beaucoup de fraîcheur et de professionnalisme et on rigole énormément entre nous.
Et un peu plus en arrière encore. Votre patronyme, Finger Lick. Comment a t il été choisi ?
L’idée du nom du groupe vient à la base d’un de nos premiers titres qui s’intitule « three-finger lick » et qui se structure autour d’un riff réalisé avec trois doigts. Lorsqu’il a fallu trouver un nom pour le groupe, on a décidé de se baser sur ce titre-là, en laissant tomber le « three » initial, car « to finger lick someone » veut en réalité dire « lécher son doigt et toucher une personne », geste un peu balourd et pas très classe, un peu choquant et surtout très graphique.
One Way Ride, ce nouvel EP, est il une nouvelle étape importante dans votre histoire ?
C’est une nouvelle étape dans le sens où on voulait concrétiser l’existence du nouveau line-up à travers une œuvre. C’était important que nous travaillions une fois ensemble en studio avant de pouvoir monter sur scène. Le fait que Jonas ait son propre studio (Blackout Studio) a facilité les choses car il a produit l’EP et nous l’avons écrit ensemble.
Le style évolue. Les influences aussi. Votre identité est encore en mutation ?
On a une volonté claire de faire contribuer chacun à la phase de création. Jonas et Shaun sont les membres les plus récents mais probablement aussi les plus expérimentés. Il évoluent en général dans le death metal/deathcore/metal hardcore, ce qui a rendu notre son et notre énergie beaucoup plus violents qu’avant. Cela fait du bien car cela pousse les limites de notre genre vers quelque chose de nouveau mais de toujours très rock et très chanté. Notre identité est donc en mutation vers quelque chose que l’on espère de plus en plus puissant.
Parmi les titres de ce nouvel opus, il y a The End, qui bénéficie d’un clip. Le premier du groupe ? Comment a t il été créé ?
Ce n’est pas le premier clip du groupe mais effectivement le premier sous ce line-up. Nous avions, pour ainsi dire, zéro budget et devions sortir le clip pour Noël 2019. Nous disposions de quelques images qu’un ami réalisateur avait prises lors d’une résidence l’été dernier et d’un écran vert. Dave et Shaun se sont proposés de jouer dans un clip « fait maison ». Ils y incarnent des présentateurs TV qui sont les deux côtés de la même pièce : l’un, cynique et défenseur d’un système oppresseur, et l’autre, naïf et complice par intérêt. Ils assistent tous les deux à la fin du monde depuis leurs studios, qui sont en fait au même endroit sur deux plateaux adjacents. Tout a été fait à la maison avec du software de base et beaucoup d’humour.
Il y a aussi The Blur, un des plus puissants de l’album. Quel est le sujet de ce titre (le flou en français) ?
Ce morceau vient d’une idée de Shaun. Il vivait quelques moments compliqués et Dave lui a demandé d’écrire ce qu’il ressentait sur papier. Ils se sont vus ensuite pour écrire la musique sur base d’un ressenti. Tout est parti d’un sample inversé, très malsain, que Dave avait enregistré sur sa loopstation RC505. Après transformation, il a demandé à Shaun de l’adapter à la guitare, ce qui a donné le riff de l’introduction. Shaun a ensuite tapé un rythme sur la batterie, qui, une fois samplé, servait de base à Dave pour composer une partie de basse dessus. Ensuite, baignant dans son ambiance, Dave a écrit les paroles tout en reprenant les idées de Shaun. Ces idées tournent autour du flou des relations humaines. Ce flou soulève des questions : où se situe la limite du vrai et du faux, dans le domaine du ressenti? Les souvenirs peuvent-ils changer de sens après un événement? La lumière peut-elle aveugler plutôt qu’éclairer? Jusqu’où peut aller la souffrance avant le craquage ? L’introduction, en flamand bruxellois, nous plonge dans une violente crise qui a pour objectif de nous crisper dès la première note.
6 titres composent le nouvel EP. Quel est votre préféré ? Ou le plus réussi ? Celui que vous conseillez aux programmateurs radio ou aux auditeurs pour une première découverte attentive ?
Je crois que nous sommes tous assez fiers de The End et de son climax accompagné de l’ensemble de cordes. Dave préfère l’originalité de Cool As Ice, Jonas préfère l’énergie et le rythme de Little Witch, Shaun préfère l’humour balourd de Payback time. Au niveau radiophonique, One Way Ride, le titre éponyme, est un excellent morceau à écouter par tous publics et à tout moment.
Vous allez, comme en France, sortir du confinement prochainement. Comment avez vous vécu cette période ?
C’est déroutant. Tous nos amis sont au chômage et nous craignons l’avenir. La musique est probablement la seule chose qui puisse nous faire tenir dans cette situation!
Nous avons tous beaucoup travaillé pendant ce confinement. On a sorti un nouveau clip (pour « Cool as Ice« , élaboré sur des images de concerts et d’une résidence). On a écrit ce qui va engendrer la suite de notre projet. On a repris contact avec pas mal de gens qui nous ont mis sur des projets parallèles. On espère que le monde va changer pour un mieux et que nous aurons la chance de pouvoir jouer dans un avenir plus ou moins proche. Jonas va probablement beaucoup galérer dans les mois à venir avec Blackout Studio mais il pourra survivre en donnant quelques cours. Ben a peu de possibilités pour l’instant car il est musicien pro à 100%. Dash avait un taf mais se retrouve au chômage jusqu’en octobre minimum, donc il donne des cours par Skype et essaie de faire le maximum pour avancer malgré le ralentissement général. Mais nous sommes loin d’être traumatisés. Juste peut-être un peu tristes d’avoir mis beaucoup de temps, d’argent et d’efforts pour se retrouver dans une situation sur laquelle on n’a absolument aucun contrôle. C’est la vie…
A t elle été propice à la création ? Va-t-elle être un sujet pour un prochain titre ?
Absolument. Le côté dark est beaucoup ressorti de nous, d’autant plus que les pires cauchemars hantent nos esprits depuis le début du confinement. L’isolement, la psychose collective, la crainte irrationnelle de l’autre, la méfiance quant à l’avenir… tout ça pourrait très bien se retrouver dans un de nos prochains morceaux. Chacun de nous a continué de son coté à créer et saisir l’opportunité de s’enrichir et faire des choses différentes. Nous avons tous très hâte de se revoir et de poser ça ensemble.
Vous êtes sur Bruxelles. On y connaît plus les groupes Pop Rock comme Ghinzu ou Venus. La Scène Metal y est elle développée ?
Il existe une scène Metal effectivement, et Jonas et Shaun en font partie depuis de nombreuses années. Ils ont joué avec Komah, Angel Crew, Resistance, Length of time, Age of Torment (pour ne citer qu’eux). Ce sont tous des groupes qui ont non seulement une belle carrière internationale derrière eux mais qui ont aussi contribué à définir la scène Metal belge.
En attendant une prochaine saison de Festivals, sans doute, en 2021 maintenant, quels sont les Festivals qui vous font rêver, en tant que musiciens ? Et pour quels groupes, voudriez-vous ouvrir ?
Tout groupe de rock rêverait de participer à des festivals comme le Graspop, le Hellfest, Alcatraz, Pukkelpop, Sziget, Rock Am ring, Roskilde… On a déjà fait certains d’entre eux avec nos groupes respectifs (Jonas fait de très grosses scènes avec Pro-Pain, Shaun en fait souvent avec Age Of Torment). Evidemment on adorerait jouer avec Josh Homme ou avec des gars comme Red Fang, Torche, mais il y des groupes plus proches de nous avec lesquels on ferait une super affiche. On pense à Hangman’s Chair, Millionaire, Triggerfinger…
La scène Bruxelloise énervée
avec FINGER LICK
Lieu : à bonne distance, entre Bruxelles et Saint Malo…
Date : 5 mai 2020
Par Mike S.
Après deux CD auto-produits (Control Freak en 2014 et Bad Luck en 2016) et un changement de line up, Ben et Dave, les deux membres fondateurs de Finger Lick, ont enregistré un nouvel EP intitulé « One way ride » ! La nouvelle formation, basée à Bruxelles, oriente sa musique vers un son à la fois metal et mélodique, qui nous a intrigué, au point d’avoir envie d’en savoir un peu plus sur ces lascars. Rencontre par claviers interposés, en pleine période de confinement de part et d’autre de la frontière franco-belge !
Vous débarquez avec un nouvel EP (One way ride). Avec une nouvelle équipe, il me semble. Pouvez-vous revenir sur les derniers épisodes du groupe Finger Lick ?
Le premier line-up du groupe a duré 5 ans et nous avons fait un single avec 4 titres bonus et un premier EP 6 titres. Nous avions du mal à nous mettre d’accord pour continuer à avancer. Dave connaissait Jonas et Shaun depuis pas mal d’années et l’idée de faire un line-up B avec eux les a peu à peu intégré dans le groupe. Ils ont amené beaucoup de fraîcheur et de professionnalisme et on rigole énormément entre nous.
Et un peu plus en arrière encore. Votre patronyme, Finger Lick. Comment a t il été choisi ?
L’idée du nom du groupe vient à la base d’un de nos premiers titres qui s’intitule « three-finger lick » et qui se structure autour d’un riff réalisé avec trois doigts. Lorsqu’il a fallu trouver un nom pour le groupe, on a décidé de se baser sur ce titre-là, en laissant tomber le « three » initial, car « to finger lick someone » veut en réalité dire « lécher son doigt et toucher une personne », geste un peu balourd et pas très classe, un peu choquant et surtout très graphique.
One Way Ride, ce nouvel EP, est il une nouvelle étape importante dans votre histoire ?
C’est une nouvelle étape dans le sens où on voulait concrétiser l’existence du nouveau line-up à travers une œuvre. C’était important que nous travaillions une fois ensemble en studio avant de pouvoir monter sur scène. Le fait que Jonas ait son propre studio (Blackout Studio) a facilité les choses car il a produit l’EP et nous l’avons écrit ensemble.
Le style évolue. Les influences aussi. Votre identité est encore en mutation ?
On a une volonté claire de faire contribuer chacun à la phase de création. Jonas et Shaun sont les membres les plus récents mais probablement aussi les plus expérimentés. Il évoluent en général dans le death metal/deathcore/metal hardcore, ce qui a rendu notre son et notre énergie beaucoup plus violents qu’avant. Cela fait du bien car cela pousse les limites de notre genre vers quelque chose de nouveau mais de toujours très rock et très chanté. Notre identité est donc en mutation vers quelque chose que l’on espère de plus en plus puissant.
Parmi les titres de ce nouvel opus, il y a The End, qui bénéficie d’un clip. Le premier du groupe ? Comment a t il été créé ?
Ce n’est pas le premier clip du groupe mais effectivement le premier sous ce line-up. Nous avions, pour ainsi dire, zéro budget et devions sortir le clip pour Noël 2019. Nous disposions de quelques images qu’un ami réalisateur avait prises lors d’une résidence l’été dernier et d’un écran vert. Dave et Shaun se sont proposés de jouer dans un clip « fait maison ». Ils y incarnent des présentateurs TV qui sont les deux côtés de la même pièce : l’un, cynique et défenseur d’un système oppresseur, et l’autre, naïf et complice par intérêt. Ils assistent tous les deux à la fin du monde depuis leurs studios, qui sont en fait au même endroit sur deux plateaux adjacents. Tout a été fait à la maison avec du software de base et beaucoup d’humour.
Il y a aussi The Blur, un des plus puissants de l’album. Quel est le sujet de ce titre (le flou en français) ?
Ce morceau vient d’une idée de Shaun. Il vivait quelques moments compliqués et Dave lui a demandé d’écrire ce qu’il ressentait sur papier. Ils se sont vus ensuite pour écrire la musique sur base d’un ressenti. Tout est parti d’un sample inversé, très malsain, que Dave avait enregistré sur sa loopstation RC505. Après transformation, il a demandé à Shaun de l’adapter à la guitare, ce qui a donné le riff de l’introduction. Shaun a ensuite tapé un rythme sur la batterie, qui, une fois samplé, servait de base à Dave pour composer une partie de basse dessus. Ensuite, baignant dans son ambiance, Dave a écrit les paroles tout en reprenant les idées de Shaun. Ces idées tournent autour du flou des relations humaines. Ce flou soulève des questions : où se situe la limite du vrai et du faux, dans le domaine du ressenti? Les souvenirs peuvent-ils changer de sens après un événement? La lumière peut-elle aveugler plutôt qu’éclairer? Jusqu’où peut aller la souffrance avant le craquage ? L’introduction, en flamand bruxellois, nous plonge dans une violente crise qui a pour objectif de nous crisper dès la première note.
6 titres composent le nouvel EP. Quel est votre préféré ? Ou le plus réussi ? Celui que vous conseillez aux programmateurs radio ou aux auditeurs pour une première découverte attentive ?
Je crois que nous sommes tous assez fiers de The End et de son climax accompagné de l’ensemble de cordes. Dave préfère l’originalité de Cool As Ice, Jonas préfère l’énergie et le rythme de Little Witch, Shaun préfère l’humour balourd de Payback time. Au niveau radiophonique, One Way Ride, le titre éponyme, est un excellent morceau à écouter par tous publics et à tout moment.
Vous allez, comme en France, sortir du confinement prochainement. Comment avez vous vécu cette période ?
C’est déroutant. Tous nos amis sont au chômage et nous craignons l’avenir. La musique est probablement la seule chose qui puisse nous faire tenir dans cette situation!
Nous avons tous beaucoup travaillé pendant ce confinement. On a sorti un nouveau clip (pour « Cool as Ice« , élaboré sur des images de concerts et d’une résidence). On a écrit ce qui va engendrer la suite de notre projet. On a repris contact avec pas mal de gens qui nous ont mis sur des projets parallèles. On espère que le monde va changer pour un mieux et que nous aurons la chance de pouvoir jouer dans un avenir plus ou moins proche. Jonas va probablement beaucoup galérer dans les mois à venir avec Blackout Studio mais il pourra survivre en donnant quelques cours. Ben a peu de possibilités pour l’instant car il est musicien pro à 100%. Dash avait un taf mais se retrouve au chômage jusqu’en octobre minimum, donc il donne des cours par Skype et essaie de faire le maximum pour avancer malgré le ralentissement général. Mais nous sommes loin d’être traumatisés. Juste peut-être un peu tristes d’avoir mis beaucoup de temps, d’argent et d’efforts pour se retrouver dans une situation sur laquelle on n’a absolument aucun contrôle. C’est la vie…
A t elle été propice à la création ? Va-t-elle être un sujet pour un prochain titre ?
Absolument. Le côté dark est beaucoup ressorti de nous, d’autant plus que les pires cauchemars hantent nos esprits depuis le début du confinement. L’isolement, la psychose collective, la crainte irrationnelle de l’autre, la méfiance quant à l’avenir… tout ça pourrait très bien se retrouver dans un de nos prochains morceaux. Chacun de nous a continué de son coté à créer et saisir l’opportunité de s’enrichir et faire des choses différentes. Nous avons tous très hâte de se revoir et de poser ça ensemble.
Vous êtes sur Bruxelles. On y connaît plus les groupes Pop Rock comme Ghinzu ou Venus. La Scène Metal y est elle développée ?
Il existe une scène Metal effectivement, et Jonas et Shaun en font partie depuis de nombreuses années. Ils ont joué avec Komah, Angel Crew, Resistance, Length of time, Age of Torment (pour ne citer qu’eux). Ce sont tous des groupes qui ont non seulement une belle carrière internationale derrière eux mais qui ont aussi contribué à définir la scène Metal belge.
En attendant une prochaine saison de Festivals, sans doute, en 2021 maintenant, quels sont les Festivals qui vous font rêver, en tant que musiciens ? Et pour quels groupes, voudriez-vous ouvrir ?
Tout groupe de rock rêverait de participer à des festivals comme le Graspop, le Hellfest, Alcatraz, Pukkelpop, Sziget, Rock Am ring, Roskilde… On a déjà fait certains d’entre eux avec nos groupes respectifs (Jonas fait de très grosses scènes avec Pro-Pain, Shaun en fait souvent avec Age Of Torment). Evidemment on adorerait jouer avec Josh Homme ou avec des gars comme Red Fang, Torche, mais il y des groupes plus proches de nous avec lesquels on ferait une super affiche. On pense à Hangman’s Chair, Millionaire, Triggerfinger…
A lire, la chronique du EP One Way ride.
A écouter aussi.