Gontard – 2029

2019 –  10 titres – 30’35
Label : Petrol Chips / Ici d’ailleurs / L’Autre distribution
Style : Rock, Spoken word, Talk over
Origine : France,  Auvergne-Rhone-Alpes, Valence (26)
Date de sortie de l’album : 26 avril 2019

Notre avis :


Par Mike S.

Avec son style à la fois percutant et piquant, Gontard s’est forgé une réputation en quelques années à sortir ses albums infréquentables et addictifs à la fois. « 2029 » n’échappe pas à la règle.

Ce nouvel album nous transporte dans le futur. Dans un futur proche, gris et déprimant, celui qu’on voudrait éviter de toutes ses forces, mais qu’on ne parviendra pas à éviter. Ce futur qui nous pend au nez si on ne met pas un coup de nerd avant. Le Futur que l’on nous promet dans les reportages catastrophes les plus pessimistes. Un futur qui se situe à Gontard-sur-Misère.

Vous ne connaissez pas Gontard-sur-Misère ? Procurez vous vite le Guide du râleur ! Celui de Nicolas Gontard, qui a imaginé cette ville landa de 33000 habitants, sans doute dans la grande banlieue de Grenoble, projetée 10 ans dans l’avenir. Un avenir qui ne parait pas brillant en 2019 et qui, vraisemblablement, ne brillera pas plus dans 10 ans, avec les mêmes problèmes qu’aujourd’hui, autant sur un point de vue économique que social. Un gros mal de crâne en perspective !

La visite guidée débute avec Dans ma ville, où Gontard plante le décor, entre gris clair et noir foncé. C’est triste et lugubre. Une furieuse envie d’aller se faire pendre ailleurs pour éviter de voir cela un jour. Le genre de ville où les corbeaux volent sur le dos… La musique, électronique, est d’abord assez discrète laissant au texte s’imposer et marquer les esprits. Puis, les percussions prennent le dessus, et des notes synthétiques pour renforcer le malaise induis par les mots. Et il y a ce refrain, improbable, faire-valoir au sacro-saint format de l’industrie musicale. Mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit là que d’un pied-de-nez supplémentaire… Aigle royal balaie le doute en quelques mots, quelques notes, de cette tranche de vie contée comme une sentence implacable et rythmée par des coups de fouets électroniques. Et si le doute pouvait encore demeurer dans quelques têtes un peu lente à la détente, Prolétaires / Chanteurs de variété / Kevin Malez taillent en brèche les dernières soubresauts d’espoirs, entre Amours malheureux / Chômage inéluctable / Téléréalité…

Gontard nous peint ici un portrait au couteau d’un monde à la dérive, où chacun se raccroche à ce qu’il peut, pour ne pas tomber dans la dépression ou le suicide. La Fille de la Mairie est ainsi, dans ce décor, une sorte de remake ou une suite des Mots bleus de Christophe  aux notes synthétiques plus dépressives que mélancoliques, et au malaise ambiant le plus profond et le plus abrupt de cet album.

Une fois encore, Gontard nous entraîne dans ses errements de détraqué neurasthénique maniacodepressif cyclothymique. Et une fois encore, on se laisse attirer dans son monde, tel des voyeurs malsains de la misère humaine dans des reportages diffusés jours et nuits sur W6 (ou M9…). Qui est le dingue, dans tout cela  ? Le bourreau ou le supplicié  ? La nature humaine est complexe !

 


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Line-up :
N. Gontard + N. Belmondo + C. Michel + Morzini + Hunch + Ray Borneo.

Tracklist :
 01. Dans ma ville
02. Aigle royal
03. Prolétaires
04. Chanteur de variété
05. Kevin Malez
06. Hopital tue
07. La fille de la mairie
08. 2029
09. OKAY
10. Il n’y a pas de Michel Ange à Gontard-sur-Misère