28e édition du Festival La Route Du Rock
Lieu : Bretagne, Saint-Père / Saint-Malo (35)
Du 16 au 19 août 2018
Notre avis :
Par Mike S.
28e édition de la Route Du Rock… Cette année, les organisateurs ont décidé de tout miser sur le « 17 », numéro de la bonne étoile pour certains. A moins qu’ils se soient dit que le nom Patti Smith suffirait à remplir la jauge du samedi soir, le 18 ! Et quant au 19, coup de bluff avec Charlotte Gainsbourg et Phoenix pour tenter d’amener le total des entrées au niveau de l’année 2017 – 26700 spectateurs – qui se voulait pourtant assez élitiste (PJ Harvey, Interpol, The Jesus And Mary Chain) au niveau de la programmation… Réponse à la fin du reportage !
JOUR 1 – VENDREDI 17 AOUT 2018
Etienne Daho, Brian Jonestone Massacre, Shame, Grizzly Bear, The Black Angels, The Limiñanas, Villejuif Underground, Föllakzoid
Quoi qu’il en soit, la soirée du vendredi était sans doute la plus intéressante du festival, avec quasiment que des noms déjà croisés par ici (Shame, Grizzly Bear, The Black Angels, The Limiñanas) et deux belles têtes d’affiche : Etienne Daho et les californiens de The Brian Jonestown Massacre ! Pas surprenant, de fait, qu’on ait eu du mal à circuler dans l’enceinte, au plus fort de la soirée, pendant le concert, très attendu, d’Etienne Daho.
Surprenant, me direz vous, car La Route du Rock est pourtant habitué à un public plus exigent… Mais les temps changent, et Etienne Daho, avec l’âge, parvient à allier sur ses albums qualité et efficacité. Quand, en plus, vous avez une pléiade d’artistes de haute voltige, en amont et en aval de son concert, vous avez toutes les chances de faire venir le public rennais, amateur du meilleur du Rock indé et nostalgique de sa propre scène des années 80-90.
Déjà en ouverture du festival, le VILLEJUIF UNDERGROUND est parvenu à capturer les premiers festivaliers arrivés et à les ensorceler avec leur musique hybride, entre Rock garage et Pop, mais surtout avec le charisme de son chanteur, Nathan Roche, à la tignasse orange et à l’aisance scénique incomparable. Un seul EP à leur actif (chez Born Bad Records) et déjà une envie folle d’en savoir plus sur ce joyeux luron australien et ses 3 acolytes villejuifois. En moins de 3 minutes, le chanteur arpentait le devant de la scène et se mélangeait aux festivaliers pour faire communion avec son public et partager son plaisir d’être sur cette scène réputée de Bretagne.
A peine remis de cette premiere claque, et premier coup de coeur, que THE LIMINANAS se retrouvaient en face, sur la grande scène du Fort, pour lancer définitivement le début des hostilités 2018, devant un parterre déjà plus étoffé. Avec eux, les chansons de leur nouvel album, Shadow People, produit par un certain Anton Newcombe… celui-là même qui prendra possession des lieux quelques heures plus tard avec son Brian Jonestown Massacre ! Et pour marquer leur complicité, le chanteur et producteur viendra, le temps d’un titre, s’afficher à leur coté, pour nous offrir une nouvelle rareté et une belle photo de famille. Le tout, au milieu d’un concert toujours aussi original, plein d’énergie et de bonnes vibrations 60’s. On ne s’en lasse pas !
Sur la même scène – pas de jeu de ping pong entre les deux scènes cette fois – ce sont les GRIZZLY BEARqui reviennent au Fort St Père, peut-être pour la 3e fois (?), au moins deux. Ed Droste s’est affublé, pour l’événement, d’une polaire jaune poussin, deux fois trop grande pour lui, et en décalage avec les températures plus que tempérées qui règnent par ici… Difficile alors de se concentrer correctement sur l’interprétation et le jeu de scène – quasi inexistant – du quatuor. Heureusement, les mélodies parlent d’elles-mêmes, et l’orchestration, quoi qu’un peu bancale en début de set, prend plus de précision et d’aisance en milieu de concert. Résultat : les fans resteront fans, les autres sont partis boire un verre depuis longtemps !
A partir de là, la soirée va passer à une vitesse supersonique, avec SHAME, le retour… Après un premier passage lors d’une RDR Hiver, les voici en plein air, pour envoyer du lourd, un Rock garage hargneux, qui conserve des petits souvenirs de Brit Pop, dans la posture à la Liam Gallagher, mains dans le dos, micro placé trop haut… Dans la posture, mais aussi dans la musique encore un peu, avec cette voix qui braille plus qu’elle ne chante, façon Madchester des Happy Mondays. On retrouve donc ici de bons héritiers du genre et des candidats à la relève ! Un concert vraiment puissant, la Rock’n’Roll Attitude de notre époque et un nouveau passage éclair d’Anton Newcombe qui squatte toutes les bonnes scènes de la soirée !
Quasiment 23h00 ! Les enfants vont se coucher ! Mais les retraités font de la résistance ! ETIENNE DAHO s’offre la Route du Rock, pour la première fois de sa carrière, 35 ans après Week-end à Rome, qui profite de cette soirée pour un lifting complet ! Un rythme ralenti, une ligne musicale épurée et électronique, qui vient placer le titre dans le nouveau décor de l’artiste, un décor très Electro, sur un plan visuel autant que sonore. La tournée Blitz donne une regard totalement différente de la précédente – Diskönoir Tour – qui se voulait plus Rock et plus sombre. Là, les néons sont de sortie, les beat electro aussi, pour un résultat artistique relatif, plus visuel que musical. On vous en met plein les yeux, mais coté musique, c’est assez faible. Même s’il reste, en filigrane, les belles mélodies du nouvel album, disséminées pendant le concert, Les filles du canyon en ouverture, Le jardin et Les flocons de l’été un peu plus tard et Après le blitz vers la fin du set ! Laissant ainsi plus de places aux tubes que les fans des 80’s attendent forcément. Mais ils seront comblés sur la fin de live, avec Tombé pour la France, Epaule Tattoo ou encore Bleu comme toi qui clôture un concert, un peu en décalage avec le reste de la programmation de la soirée… Mais bon, c’est la tendance de tous les festivals, maintenant, essayer de satisfaire tout le monde, mais au final… 😉
Setlist :
Les Filles du canyon, Le grand sommeil Le Jardin, Sortir ce soir, Poppy Gene Tierney L’Invitation, Week-end à Rome Les Flocons de l’été, Des attractions désastre Tombé pour la France, Le Premier Jour (du reste de ta vie), Après le blitz, Epaule Tattoo, Ouverture Rappel : Summertime, Bleu comme toi
Et c’est sur les coups de Minuit – Ah oui, les sets sont super courts, même pour les têtes d’affiche, au point de ressembler de plus en plus à des teasers de tournée – que le Festival reprend le court normal de ses programmes, avec à nouveau du gros son, avec à suivre, Les excellents THE BLACK ANGELS, dont on ne dira jamais assez de bien de leur dernier album en date, Death Song, sorti en 2017, produit par Phil Ek (Fleet Foxes, The Walkmen, Band of Horses, etc.) Avec leur fond d’écran multicolore et psychédélique, le groupe entame un set sur les chapeaux de roues, à grand renfort de batterie au féminin, et de guitares au pluriel. A cette occasion, l’album sorti sur leur nouveau label (Partisan Records) est passé en revue au même titre que les précédents, donnant au set un aspect best of des plus réussi. Jake Garcia, le chanteur, souvent dans la pénombre, se pose en véritable chef d’orchestre d’une cacophonie totalement maîtrisée. Vraiment, il va être difficile de faire un Top 3 des meilleurs groupes de l’édition #28… Heureusement que les deux jours suivants sont plus modestes… 😉
Mais il nous restait encore ce soir, passé 1h00 du mat’, le Maître Jedi incontesté de la soirée, le dernier rempart contre la morosité, celui qu’on appelle quand il ne reste plus aucun espoir (… ah, non, c’est un autre celui-là)… quoi qu’il en soit, on parle d’eux depuis des décennies, un film a même été réalisé sur eux (Dig! de Ondi Timoner en 2004). Et ils n’étaient jamais passés par le Fort de Saint-Père ! C’est une erreur réparée cette fois, donnant l’occasion à son chanteur, Anton Newcomb d’arpenter les deux scènes avec Shame et The Liminanas, et de nous offrir un concert un peu resserré – festival oblige, une fois encore – avec un dizaine de titres, glanés au fil des 20 albums que compte leur discographie, mais aucun de leur dernier album, Something Else, me semble-t-il… préférant des titres comme That Girl Suicide (1995) à Pish (2015). Et un titre traduit en français Anemone, qui avait bien une vingtaine d’année lui aussi, dans sa version originale. THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE a été à la hauteur de la réputation qui l’avait précédé, devant un public de connaisseurs, amateurs d’un Rock hybride, capable de naviguer autant sur des flots paisibles que dans des paquets de mers à tendances psychédéliques. Une belle mise en bouche qui demanderait forcément qu’on approfondisse le sujet dans une prochaine édition, et pourquoi pas en hiver… Faisant l’impasse sur Föllakzoid, je ne vous en parlerai pas, ayant préféré resté frais pour les deux jours à venir…
JOUR 2 – SAMEDI 18 AOUT 2018
Patti Smith, Cut Worms, Josh T. Pearson, Jonathan Bree, Ariel Pink, Nils Frahm, Ellen Allien, Veronika Vasicka
En après-midi, la sieste à la plage s’est faite avec Topper Harley et Marc Melia. Mais c’est avec CUT WORMS qu’on reprend le cour des événements, en ouverture au Fort, et en amont du concert le plus attendu de l’édition 2018… Ambiance Folk Country pour cette premiere partie de soirée. Les new-yorkais, conduits par Max Clarke, propose un répertoire parfaitement adaptée à la situation : de la country pleine de mélodie et de sons aux arrangements Americana. Le set est des plus conventionnel, pas de show, pas de light, pas d’extravagances, juste une version live de Hollow Ground, le premier album du chanteur. Totalement dépaysant et apaisant. Rien de tel pour se remettre en jambes dans les meilleures conditions !
Tout en restant dans un registre assez proche, le concert suivant se veut un peu plus musclé et plus expressif. C’est celui de JOSH T. PEARSON, un grand gaillard déjà venu à plusieurs reprises par ici, mais totalement méconnaissable (ex-Lift To Experience). Le bougre ayant fait peau neuve si je puis dire, en ayant retiré tous les poils superflus de sa barbe et chevelure de bikers, et laissant son chapeau texan à son claviériste. Prenant des allures de Bruce Springsteen cette fois, il a été vraiment impressionnant en livrant un set impeccable, à la fois brut et captivant, piochant ses balades Folk Rock dans ses deux albums solo, mais surtout dans le dernier sorti cette année, dont le concept assez simple était de retrouver le mot Straight (tout droit, direct) dans chacun de ses titres (The Straight Hits) se permettant même un brin d’humour avec The Dire Straits of Love… Le concert est passé très vite, le chanteur a une sorte de charisme, vraiment hypnotique. Pas étonnant que Mark Lanegan ou Guy Garvey (Elbow) voient en lui un grand bonhomme à l’avenir musical tout tracé. C’est d’autant plus agréable que sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille et que le retour de la chance devrait lui rouvrir de nouvelles perspectives sur d’autres scènes, à l’image de ce qu’il vient de nous montrer ici ce soir !
Avant de passer au plat principal, encore un petit hors-d’oeuvre, sous la forme d’un projet un brin loufoque, pour ne pas dire totalement barré, orchestré par le néo-zélandais JONATHAN BREE ! L’ex-membre de The Brunettes s’affichait aujourd’hui dans une tenu de camouflage caoutchouteuse blanche, ne laissant apparaitre que ses yeux. Quant à sa musique, elle avait quelque chose d’easy listening, mais aussi un je ne sais quoi, qui le rapprocherait de Perry Blake, pour son côté aérien et hypnotique, pour sa voix grave et envoûtante. Il y avait aussi un coté Jarvis Cocker dans sa posture et ses manières de Dandy. Quoi qu’il en soit, difficile de se faire une véritable opinion, car on hésitait entre le génie et le foutage de gueule. Les deux danseuses qui l’entouraient n’arrangeaint rien à l’affaire. Pas plus que son guitariste, tentant de fumer une cigarette malgré l’absence de bouche dans le masque en latex gris et affublé d’un casque sur les oreilles pour parfaire le style incomparable… Mais ce qui est certain, c’est qu’on risque d’en parler un moment, à l’instar du spectacle mémorable de Peaches, qui n’avait rien d’un concert en soit, mais qui est resté dans les esprits, et pour longtemps encore.
Bien que la soirée soit loin d’être terminé, son point culminant était évidemment le concert de PATTI SMITH ! Un événement au la hauteur du passage de The Cure sur la même scène il y a quelques années, et c’est à peu près tout ! C’est tellement énorme que les programmateurs n’ont pas osé mettre qui que ce soit d’autre sur la soirée, en tête d’affiche. C’est tout juste s’il y a avait vraiment quelqu’un d’autre d’ailleurs, si ce n’est Josh T. Pearson, qui est parvenu à tirer son épingle du jeu ! La grande dame du Rock 70’s a tiré la couverture toute à elle, et nous a fait vibrer pendant plus d’une heure, au rythme des standards de son répertoire et de quelques covers, pour un set plein d’émotion, mais avec un petit goût de « pas assez ». Onze titres seulement pour quoi… une heure dix de concert… C’est un peu peu pour 45 euros, disaient certains spectateurs à la fin du concert. Car beaucoup n’étaient venus que pour Elle. Et beaucoup n’avaient même jamais mis les pieds sur ce festival avant Elle. Mais bon, il faut admettre que c’est encore une chance de pouvoir voir une artiste de sa trempe, à 71 ans, continuer à sillonner les scènes du monde entier et nous rejouer Ghost Dance, Dancing Barefoot, Ain’t It Strange, Because The Night, Gloria ou encore People Have The Power, nous envoyer des poésies brutes de décoffrage tel que Tarkovsky et réussir encore à nous surprendre avec des covers aussi imprévisibles que Beds Are Burning (reprise de Midnight Oil) ou Can’t Help Falling in Love (reprise de Elvis Presley)… Vraiment, c’est une chance, qu’il ne fallait pas laisser passer !
Une dizaine d’albums au compteur, le californien ARIEL PINK, soutenu à ses débuts par Animal Collective et passé par le mythique label 4AD, trouvait logiquement sa place dans la programmation de la Route du Rock… C’est avec les chansons de son dernier album Dedicated to Bobby Jameson (Mexican Summer) qu’il est venu se faire connaitre de ce côté de l’Atlantique.
Pour autant, sa prestation, ce soir, avait quelque chose de l’OVNI dans le paysage local, avec ses airs de Hard Rocker 80’s et son style musical instable qui hésite entre la Pop et le Hard Rock, dans un registre terriblement Kitsch, quelque part entre Kiss et… et Kiss !
Difficile de trouver quelque chose de positif à dire sur ce concert. On se demande si c’est du second degré ou même du troisième ou quatrième. Une sorte de brouhaha bordélique totalement loufoque à peine descriptible ! Si, il faisait penser à Atticus Fench dans Californication…
…
JOUR 3 – DIMANCHE 19 AOUT 2018
Phoenix, Charlotte Gainsbourg, Superorgasmic, King Tuff, The Lemon Twigs, Jungle, The Black Madonna
Dernière soirée au Fort de Saint-Père, histoire de clore en beauté cette 28 édition, avec une programmation qui tentait d’équilibrer les goûts, les styles, les générations… Et ça débute assez fort en compagnie de KING TUFF, un groupe aux nombreuses influences qui vont du Garage Rock au Power Pop, formé autour de son leader Kyle Thomas, musicien de Ty Segall au sein de la formation The Muggers, il y a peu.
Son allure extravagante n’entame pas son capital sympathie et sa musique a quelque chose d’universel, marqué par un coté Gospel pas désagréable du tout. Ses compositions sont très facilement entêtantes et donnent envie d’aller se plonger sitôt le concert terminé dans sa discographie qui contient déjà 5 albums et plusieurs EP. A noter d’ailleurs que Ty Segall assure les batteries sur une grande partie de son dernier opus, The Other en compagnie d’autres membres de l’équipe. Une nouvelle belle trouvaille de ce festival, qui nous confirme si nécessaire, qu’il faut arriver tôt, pour ne pas rater LA découverte !
D’autant que les découvertes arrivent en escadrille ce soir, avec cette fois un autre OVNI, assez indescriptible avec des mots. On parle sur le net de Post Punk pour ce groupe tout droit débarqué de Détroit. Joe Casey, le chanteur de PROTOMARTYR, arrive un verre vissé à sa main droite, pas s^r que ce soit du jus d’orange, une veste de costume noire, et une nonchalance qu’il ne parviendra pas à abandonner de tout le concert. Ce qui est assez incroyable, car coté musique, ça envoie du bois à quelques moments du concert, et seuls le bassiste semble emporté par le mouvement…
Arrivé chez Domino Records avec son dernier disque Relatives In Descent, le groupe a souvent été comparé à Wire, The Fall ou Pere Ubu, ce qui n’est pas exagéré, si on ferme les yeux et qu’on apprécie le concert avec ses autres sens. A découvrir avec leur single A Private Understanding… sombre, intense, hypnotique ! Un peu à la manière des Whipping Boy et leurs inoubliables Twinkle ou de We don’t need nobody else !
Difficile de passer du Post Punk à l’Electro Pop, me direz vous ? Pourtant, la Route du Rock s’emploie à faire de grands écarts dans sa programmation, avec une certaine élégance, avec l’arrivée de CHARLOTTE GAINSBOURG, actrice et chanteuse, avec une certaine réussite des deux côtés. Pas totalement fan de sa musique, mais curieux de voir sur scène, ce que j’ai entendu sur disque depuis quelques jours, me voici planté quasiment au premier rang… il faut dire que le public ne s’est pas amassé autant que pour Daho ou Patti Smith… Avec son allure de petite fille timide, à peine changée depuis L’Effrontée, la chanteuse entre timidement sur scène, pantalon, t-shirt blanc et veste en jean. Un petit sourire esquissé sur le visage. Entre appréhension et plaisir d’être là, sur cette scène qui a vu passer tant de pointures du Rock, de la Pop, du Trip Hop aussi parfois, et de l’Electro bien sûr. A l’image de son nouvel album, Rest et de ses singles electro hypnotiques, tels Lying With You qui ouvre le concert. Il est suivi de Ring-A-Ring O’ Roses, qui fait le lien filial avec la musique de son papa, ou encore Deadly Valentine qui finit de convaincre le public en milieu de concert avec son refrain en boucle. Hypnotique !
Passant du piano, derrière lequel elle se cache d’une partie du public, au micro-pied, derrière lequel elle se cache de l’autre partie du public, grâce à un jeu de lights néons aux géométries mouvantes et une fumée, un peu plus discrète que celle d’Etienne Daho, deux jours plus tôt ! Découverte avec son père, Serge, sur des titres sulfureux et inoubliables, la chanteuse revient sur son passé, en chantant sa sœur, Kate, à qui elle dédie ce concert, et son enfance, avec Charlotte For Ever et, en fin de concert, 13e et dernier titre, sans rappel, Lemon Incest ! Beaucoup de nostalgie, finalement, à la fin de ce concert, qui se voulait pourtant moderne, dans une mouvance electro actuelle. C’est une belle réussite pour ce concert dont on attendait que peu de choses, et qui est parvenu à toucher un public assez large, avec sa sincérité, qu’elle gardera jusqu’en sortie de scène, se prêtant au jeu des dédicaces et des selfies, pour les plus privilégiés d’entre nous.
Setlist du concert : Lying With You Ring‐a‐Ring o’ Roses Heaven Can Wait Sylvia Says The Songs That We Sing Paradisco Les Crocodiles Deadly Valentine Kate Charlotte For Ever Remarkable Day Les Oxalis Lemon Incest
Deuxième tête d’affiche de la soirée, les PHOENIX reviennent pour la seconde fois à Saint-Malo. Thomas Mars, Laurent Brancowitz, Deck D’Arcy et Christian Mazzalai viennent faire la fin du service après vente de leur album, Ti Amo, sorti il y a plus d’un an maintenant, mais dont la tournée se prolonge encore jusqu’à la fin de l’année au Canada et aux USA. Pas mal pour des petits français ! Mais leur réputation n’est plus à prouver depuis qu’ils ont porté leur French Touch jusque dans l’enceinte du Madison Square Garden ! Les tout premiers à le faire ! Et qu’on aime ou non leur musique electro-pop conventionnelle et actuelle, on doit admettre que leur show est d’une belle efficacité pour les yeux, les pieds et occasionnellement les oreilles ! Le groupe passe en revue, tout au long des 16 titres de leur concert (peut-être la plus grande setlist de cette édition #28), leur discographie, à laquelle ils ajoutent une cover de leurs copains de longue date, eux aussi versaillais : Playground Love (chantée pour la BO de Virgin Suicide). Ils avaient d’ailleurs joué Sexy Boy avec AIR à leur début. L’occasion de maintenir les liens de son ! Le concert se termine avant les 12 coups de minuits avec le single 1901, souvent utilisé lui aussi dans les BO de Films. Une preuve supplémentaire que la musique de Phoenix est plus adaptée aux yeux qu’aux oreilles 😉
Le Festival ne s’est pas arrêté là, il s’est poursuivi jusque tard dans la nuit avec notamment l’Electro Funk 70’s des londonniens JUNGLE, le Rock américain de THE LEMON TWIGS, ou encore la Techno-House de THE BLACK MADONNA, pour prolonger la fête jusqu’au bout de la nuit avec les teufeurs les plus courageux !
Merci aux organisateurs, aux bénévoles, au service de sécurité, pour ces trois (quatre) jours de Festival sans accros !
Bilan des organisateurs :
Voici donc le bilan chiffré de la Route du Rock – Collection Été #28 qui s’est déroulée du 16 au 19 août 2018 à Saint-Malo qui n’est pas parvenu à dépasser la barre de 2017, mais s’est plutôt bien défendu tout de même, avec cette programmation qu’on avait trouvé tellement déséquilibrée entre le vendredi et les autres soir :
Fort : 25000
NV : 500
Plage Arte Concert + Sports Are Not Dead : 5000
Vauban : 250 (Complet)
Expo : 12200 du 21 juillet au 19 août
28e édition du Festival La Route Du Rock
Lieu : Bretagne, Saint-Père / Saint-Malo (35)
Du 16 au 19 août 2018
Notre avis :
Par Mike S.
28e édition de la Route Du Rock… Cette année, les organisateurs ont décidé de tout miser sur le « 17 », numéro de la bonne étoile pour certains. A moins qu’ils se soient dit que le nom Patti Smith suffirait à remplir la jauge du samedi soir, le 18 ! Et quant au 19, coup de bluff avec Charlotte Gainsbourg et Phoenix pour tenter d’amener le total des entrées au niveau de l’année 2017 – 26700 spectateurs – qui se voulait pourtant assez élitiste (PJ Harvey, Interpol, The Jesus And Mary Chain) au niveau de la programmation… Réponse à la fin du reportage !
JOUR 1 – VENDREDI 17 AOUT 2018
Etienne Daho, Brian Jonestone Massacre, Shame, Grizzly Bear, The Black Angels, The Limiñanas, Villejuif Underground, Föllakzoid
Quoi qu’il en soit, la soirée du vendredi était sans doute la plus intéressante du festival, avec quasiment que des noms déjà croisés par ici (Shame, Grizzly Bear, The Black Angels, The Limiñanas) et deux belles têtes d’affiche : Etienne Daho et les californiens de The Brian Jonestown Massacre ! Pas surprenant, de fait, qu’on ait eu du mal à circuler dans l’enceinte, au plus fort de la soirée, pendant le concert, très attendu, d’Etienne Daho.
Surprenant, me direz vous, car La Route du Rock est pourtant habitué à un public plus exigent… Mais les temps changent, et Etienne Daho, avec l’âge, parvient à allier sur ses albums qualité et efficacité. Quand, en plus, vous avez une pléiade d’artistes de haute voltige, en amont et en aval de son concert, vous avez toutes les chances de faire venir le public rennais, amateur du meilleur du Rock indé et nostalgique de sa propre scène des années 80-90.
Déjà en ouverture du festival, le VILLEJUIF UNDERGROUND est parvenu à capturer les premiers festivaliers arrivés et à les ensorceler avec leur musique hybride, entre Rock garage et Pop, mais surtout avec le charisme de son chanteur, Nathan Roche, à la tignasse orange et à l’aisance scénique incomparable. Un seul EP à leur actif (chez Born Bad Records) et déjà une envie folle d’en savoir plus sur ce joyeux luron australien et ses 3 acolytes villejuifois. En moins de 3 minutes, le chanteur arpentait le devant de la scène et se mélangeait aux festivaliers pour faire communion avec son public et partager son plaisir d’être sur cette scène réputée de Bretagne.
A peine remis de cette premiere claque, et premier coup de coeur, que THE LIMINANAS se retrouvaient en face, sur la grande scène du Fort, pour lancer définitivement le début des hostilités 2018, devant un parterre déjà plus étoffé. Avec eux, les chansons de leur nouvel album, Shadow People, produit par un certain Anton Newcombe… celui-là même qui prendra possession des lieux quelques heures plus tard avec son Brian Jonestown Massacre ! Et pour marquer leur complicité, le chanteur et producteur viendra, le temps d’un titre, s’afficher à leur coté, pour nous offrir une nouvelle rareté et une belle photo de famille. Le tout, au milieu d’un concert toujours aussi original, plein d’énergie et de bonnes vibrations 60’s. On ne s’en lasse pas !
Sur la même scène – pas de jeu de ping pong entre les deux scènes cette fois – ce sont les GRIZZLY BEAR qui reviennent au Fort St Père, peut-être pour la 3e fois (?), au moins deux. Ed Droste s’est affublé, pour l’événement, d’une polaire jaune poussin, deux fois trop grande pour lui, et en décalage avec les températures plus que tempérées qui règnent par ici… Difficile alors de se concentrer correctement sur l’interprétation et le jeu de scène – quasi inexistant – du quatuor. Heureusement, les mélodies parlent d’elles-mêmes, et l’orchestration, quoi qu’un peu bancale en début de set, prend plus de précision et d’aisance en milieu de concert. Résultat : les fans resteront fans, les autres sont partis boire un verre depuis longtemps !
A partir de là, la soirée va passer à une vitesse supersonique, avec SHAME, le retour… Après un premier passage lors d’une RDR Hiver, les voici en plein air, pour envoyer du lourd, un Rock garage hargneux, qui conserve des petits souvenirs de Brit Pop, dans la posture à la Liam Gallagher, mains dans le dos, micro placé trop haut… Dans la posture, mais aussi dans la musique encore un peu, avec cette voix qui braille plus qu’elle ne chante, façon Madchester des Happy Mondays. On retrouve donc ici de bons héritiers du genre et des candidats à la relève ! Un concert vraiment puissant, la Rock’n’Roll Attitude de notre époque et un nouveau passage éclair d’Anton Newcombe qui squatte toutes les bonnes scènes de la soirée !
Quasiment 23h00 ! Les enfants vont se coucher ! Mais les retraités font de la résistance ! ETIENNE DAHO s’offre la Route du Rock, pour la première fois de sa carrière, 35 ans après Week-end à Rome, qui profite de cette soirée pour un lifting complet ! Un rythme ralenti, une ligne musicale épurée et électronique, qui vient placer le titre dans le nouveau décor de l’artiste, un décor très Electro, sur un plan visuel autant que sonore. La tournée Blitz donne une regard totalement différente de la précédente – Diskönoir Tour – qui se voulait plus Rock et plus sombre. Là, les néons sont de sortie, les beat electro aussi, pour un résultat artistique relatif, plus visuel que musical. On vous en met plein les yeux, mais coté musique, c’est assez faible. Même s’il reste, en filigrane, les belles mélodies du nouvel album, disséminées pendant le concert, Les filles du canyon en ouverture, Le jardin et Les flocons de l’été un peu plus tard et Après le blitz vers la fin du set ! Laissant ainsi plus de places aux tubes que les fans des 80’s attendent forcément. Mais ils seront comblés sur la fin de live, avec Tombé pour la France, Epaule Tattoo ou encore Bleu comme toi qui clôture un concert, un peu en décalage avec le reste de la programmation de la soirée… Mais bon, c’est la tendance de tous les festivals, maintenant, essayer de satisfaire tout le monde, mais au final… 😉
Setlist :
Les Filles du canyon, Le grand sommeil
Le Jardin, Sortir ce soir, Poppy Gene Tierney
L’Invitation, Week-end à Rome
Les Flocons de l’été, Des attractions désastre
Tombé pour la France, Le Premier Jour (du reste de ta vie), Après le blitz, Epaule Tattoo, Ouverture
Rappel : Summertime, Bleu comme toi
Et c’est sur les coups de Minuit – Ah oui, les sets sont super courts, même pour les têtes d’affiche, au point de ressembler de plus en plus à des teasers de tournée – que le Festival reprend le court normal de ses programmes, avec à nouveau du gros son, avec à suivre, Les excellents THE BLACK ANGELS, dont on ne dira jamais assez de bien de leur dernier album en date, Death Song, sorti en 2017, produit par Phil Ek (Fleet Foxes, The Walkmen, Band of Horses, etc.) Avec leur fond d’écran multicolore et psychédélique, le groupe entame un set sur les chapeaux de roues, à grand renfort de batterie au féminin, et de guitares au pluriel. A cette occasion, l’album sorti sur leur nouveau label (Partisan Records) est passé en revue au même titre que les précédents, donnant au set un aspect best of des plus réussi. Jake Garcia, le chanteur, souvent dans la pénombre, se pose en véritable chef d’orchestre d’une cacophonie totalement maîtrisée. Vraiment, il va être difficile de faire un Top 3 des meilleurs groupes de l’édition #28… Heureusement que les deux jours suivants sont plus modestes… 😉
Mais il nous restait encore ce soir, passé 1h00 du mat’, le Maître Jedi incontesté de la soirée, le dernier rempart contre la morosité, celui qu’on appelle quand il ne reste plus aucun espoir (… ah, non, c’est un autre celui-là)… quoi qu’il en soit, on parle d’eux depuis des décennies, un film a même été réalisé sur eux (Dig! de Ondi Timoner en 2004). Et ils n’étaient jamais passés par le Fort de Saint-Père ! C’est une erreur réparée cette fois, donnant l’occasion à son chanteur, Anton Newcomb d’arpenter les deux scènes avec Shame et The Liminanas, et de nous offrir un concert un peu resserré – festival oblige, une fois encore – avec un dizaine de titres, glanés au fil des 20 albums que compte leur discographie, mais aucun de leur dernier album, Something Else, me semble-t-il… préférant des titres comme That Girl Suicide (1995) à Pish (2015). Et un titre traduit en français Anemone, qui avait bien une vingtaine d’année lui aussi, dans sa version originale. THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE a été à la hauteur de la réputation qui l’avait précédé, devant un public de connaisseurs, amateurs d’un Rock hybride, capable de naviguer autant sur des flots paisibles que dans des paquets de mers à tendances psychédéliques. Une belle mise en bouche qui demanderait forcément qu’on approfondisse le sujet dans une prochaine édition, et pourquoi pas en hiver… Faisant l’impasse sur Föllakzoid, je ne vous en parlerai pas, ayant préféré resté frais pour les deux jours à venir…
JOUR 2 – SAMEDI 18 AOUT 2018
Patti Smith, Cut Worms, Josh T. Pearson, Jonathan Bree, Ariel Pink, Nils Frahm, Ellen Allien, Veronika Vasicka
En après-midi, la sieste à la plage s’est faite avec Topper Harley et Marc Melia. Mais c’est avec CUT WORMS qu’on reprend le cour des événements, en ouverture au Fort, et en amont du concert le plus attendu de l’édition 2018… Ambiance Folk Country pour cette premiere partie de soirée. Les new-yorkais, conduits par Max Clarke, propose un répertoire parfaitement adaptée à la situation : de la country pleine de mélodie et de sons aux arrangements Americana. Le set est des plus conventionnel, pas de show, pas de light, pas d’extravagances, juste une version live de Hollow Ground, le premier album du chanteur. Totalement dépaysant et apaisant. Rien de tel pour se remettre en jambes dans les meilleures conditions !
Tout en restant dans un registre assez proche, le concert suivant se veut un peu plus musclé et plus expressif. C’est celui de JOSH T. PEARSON, un grand gaillard déjà venu à plusieurs reprises par ici, mais totalement méconnaissable (ex-Lift To Experience). Le bougre ayant fait peau neuve si je puis dire, en ayant retiré tous les poils superflus de sa barbe et chevelure de bikers, et laissant son chapeau texan à son claviériste. Prenant des allures de Bruce Springsteen cette fois, il a été vraiment impressionnant en livrant un set impeccable, à la fois brut et captivant, piochant ses balades Folk Rock dans ses deux albums solo, mais surtout dans le dernier sorti cette année, dont le concept assez simple était de retrouver le mot Straight (tout droit, direct) dans chacun de ses titres (The Straight Hits) se permettant même un brin d’humour avec The Dire Straits of Love… Le concert est passé très vite, le chanteur a une sorte de charisme, vraiment hypnotique. Pas étonnant que Mark Lanegan ou Guy Garvey (Elbow) voient en lui un grand bonhomme à l’avenir musical tout tracé. C’est d’autant plus agréable que sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille et que le retour de la chance devrait lui rouvrir de nouvelles perspectives sur d’autres scènes, à l’image de ce qu’il vient de nous montrer ici ce soir !
Avant de passer au plat principal, encore un petit hors-d’oeuvre, sous la forme d’un projet un brin loufoque, pour ne pas dire totalement barré, orchestré par le néo-zélandais JONATHAN BREE ! L’ex-membre de The Brunettes s’affichait aujourd’hui dans une tenu de camouflage caoutchouteuse blanche, ne laissant apparaitre que ses yeux. Quant à sa musique, elle avait quelque chose d’easy listening, mais aussi un je ne sais quoi, qui le rapprocherait de Perry Blake, pour son côté aérien et hypnotique, pour sa voix grave et envoûtante. Il y avait aussi un coté Jarvis Cocker dans sa posture et ses manières de Dandy. Quoi qu’il en soit, difficile de se faire une véritable opinion, car on hésitait entre le génie et le foutage de gueule. Les deux danseuses qui l’entouraient n’arrangeaint rien à l’affaire. Pas plus que son guitariste, tentant de fumer une cigarette malgré l’absence de bouche dans le masque en latex gris et affublé d’un casque sur les oreilles pour parfaire le style incomparable… Mais ce qui est certain, c’est qu’on risque d’en parler un moment, à l’instar du spectacle mémorable de Peaches, qui n’avait rien d’un concert en soit, mais qui est resté dans les esprits, et pour longtemps encore.
Bien que la soirée soit loin d’être terminé, son point culminant était évidemment le concert de PATTI SMITH ! Un événement au la hauteur du passage de The Cure sur la même scène il y a quelques années, et c’est à peu près tout ! C’est tellement énorme que les programmateurs n’ont pas osé mettre qui que ce soit d’autre sur la soirée, en tête d’affiche. C’est tout juste s’il y a avait vraiment quelqu’un d’autre d’ailleurs, si ce n’est Josh T. Pearson, qui est parvenu à tirer son épingle du jeu ! La grande dame du Rock 70’s a tiré la couverture toute à elle, et nous a fait vibrer pendant plus d’une heure, au rythme des standards de son répertoire et de quelques covers, pour un set plein d’émotion, mais avec un petit goût de « pas assez ». Onze titres seulement pour quoi… une heure dix de concert… C’est un peu peu pour 45 euros, disaient certains spectateurs à la fin du concert. Car beaucoup n’étaient venus que pour Elle. Et beaucoup n’avaient même jamais mis les pieds sur ce festival avant Elle. Mais bon, il faut admettre que c’est encore une chance de pouvoir voir une artiste de sa trempe, à 71 ans, continuer à sillonner les scènes du monde entier et nous rejouer Ghost Dance, Dancing Barefoot, Ain’t It Strange, Because The Night, Gloria ou encore People Have The Power, nous envoyer des poésies brutes de décoffrage tel que Tarkovsky et réussir encore à nous surprendre avec des covers aussi imprévisibles que Beds Are Burning (reprise de Midnight Oil) ou Can’t Help Falling in Love (reprise de Elvis Presley)… Vraiment, c’est une chance, qu’il ne fallait pas laisser passer !
Une dizaine d’albums au compteur, le californien ARIEL PINK, soutenu à ses débuts par Animal Collective et passé par le mythique label 4AD, trouvait logiquement sa place dans la programmation de la Route du Rock… C’est avec les chansons de son dernier album Dedicated to Bobby Jameson (Mexican Summer) qu’il est venu se faire connaitre de ce côté de l’Atlantique.
Pour autant, sa prestation, ce soir, avait quelque chose de l’OVNI dans le paysage local, avec ses airs de Hard Rocker 80’s et son style musical instable qui hésite entre la Pop et le Hard Rock, dans un registre terriblement Kitsch, quelque part entre Kiss et… et Kiss !
Difficile de trouver quelque chose de positif à dire sur ce concert. On se demande si c’est du second degré ou même du troisième ou quatrième. Une sorte de brouhaha bordélique totalement loufoque à peine descriptible ! Si, il faisait penser à Atticus Fench dans Californication…
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JOUR 3 – DIMANCHE 19 AOUT 2018
Phoenix, Charlotte Gainsbourg, Superorgasmic, King Tuff, The Lemon Twigs, Jungle, The Black Madonna
Dernière soirée au Fort de Saint-Père, histoire de clore en beauté cette 28 édition, avec une programmation qui tentait d’équilibrer les goûts, les styles, les générations… Et ça débute assez fort en compagnie de KING TUFF, un groupe aux nombreuses influences qui vont du Garage Rock au Power Pop, formé autour de son leader Kyle Thomas, musicien de Ty Segall au sein de la formation The Muggers, il y a peu.
Son allure extravagante n’entame pas son capital sympathie et sa musique a quelque chose d’universel, marqué par un coté Gospel pas désagréable du tout. Ses compositions sont très facilement entêtantes et donnent envie d’aller se plonger sitôt le concert terminé dans sa discographie qui contient déjà 5 albums et plusieurs EP. A noter d’ailleurs que Ty Segall assure les batteries sur une grande partie de son dernier opus, The Other en compagnie d’autres membres de l’équipe. Une nouvelle belle trouvaille de ce festival, qui nous confirme si nécessaire, qu’il faut arriver tôt, pour ne pas rater LA découverte !
D’autant que les découvertes arrivent en escadrille ce soir, avec cette fois un autre OVNI, assez indescriptible avec des mots. On parle sur le net de Post Punk pour ce groupe tout droit débarqué de Détroit. Joe Casey, le chanteur de PROTOMARTYR, arrive un verre vissé à sa main droite, pas s^r que ce soit du jus d’orange, une veste de costume noire, et une nonchalance qu’il ne parviendra pas à abandonner de tout le concert. Ce qui est assez incroyable, car coté musique, ça envoie du bois à quelques moments du concert, et seuls le bassiste semble emporté par le mouvement…
Arrivé chez Domino Records avec son dernier disque Relatives In Descent, le groupe a souvent été comparé à Wire, The Fall ou Pere Ubu, ce qui n’est pas exagéré, si on ferme les yeux et qu’on apprécie le concert avec ses autres sens. A découvrir avec leur single A Private Understanding… sombre, intense, hypnotique ! Un peu à la manière des Whipping Boy et leurs inoubliables Twinkle ou de We don’t need nobody else !
Difficile de passer du Post Punk à l’Electro Pop, me direz vous ? Pourtant, la Route du Rock s’emploie à faire de grands écarts dans sa programmation, avec une certaine élégance, avec l’arrivée de CHARLOTTE GAINSBOURG, actrice et chanteuse, avec une certaine réussite des deux côtés. Pas totalement fan de sa musique, mais curieux de voir sur scène, ce que j’ai entendu sur disque depuis quelques jours, me voici planté quasiment au premier rang… il faut dire que le public ne s’est pas amassé autant que pour Daho ou Patti Smith… Avec son allure de petite fille timide, à peine changée depuis L’Effrontée, la chanteuse entre timidement sur scène, pantalon, t-shirt blanc et veste en jean. Un petit sourire esquissé sur le visage. Entre appréhension et plaisir d’être là, sur cette scène qui a vu passer tant de pointures du Rock, de la Pop, du Trip Hop aussi parfois, et de l’Electro bien sûr. A l’image de son nouvel album, Rest et de ses singles electro hypnotiques, tels Lying With You qui ouvre le concert. Il est suivi de Ring-A-Ring O’ Roses, qui fait le lien filial avec la musique de son papa, ou encore Deadly Valentine qui finit de convaincre le public en milieu de concert avec son refrain en boucle. Hypnotique !
Passant du piano, derrière lequel elle se cache d’une partie du public, au micro-pied, derrière lequel elle se cache de l’autre partie du public, grâce à un jeu de lights néons aux géométries mouvantes et une fumée, un peu plus discrète que celle d’Etienne Daho, deux jours plus tôt ! Découverte avec son père, Serge, sur des titres sulfureux et inoubliables, la chanteuse revient sur son passé, en chantant sa sœur, Kate, à qui elle dédie ce concert, et son enfance, avec Charlotte For Ever et, en fin de concert, 13e et dernier titre, sans rappel, Lemon Incest ! Beaucoup de nostalgie, finalement, à la fin de ce concert, qui se voulait pourtant moderne, dans une mouvance electro actuelle. C’est une belle réussite pour ce concert dont on attendait que peu de choses, et qui est parvenu à toucher un public assez large, avec sa sincérité, qu’elle gardera jusqu’en sortie de scène, se prêtant au jeu des dédicaces et des selfies, pour les plus privilégiés d’entre nous.
Setlist du concert :
Lying With You
Ring‐a‐Ring o’ Roses
Heaven Can Wait
Sylvia Says
The Songs That We Sing
Paradisco
Les Crocodiles
Deadly Valentine
Kate
Charlotte For Ever
Remarkable Day
Les Oxalis
Lemon Incest
Deuxième tête d’affiche de la soirée, les PHOENIX reviennent pour la seconde fois à Saint-Malo. Thomas Mars, Laurent Brancowitz, Deck D’Arcy et Christian Mazzalai viennent faire la fin du service après vente de leur album, Ti Amo, sorti il y a plus d’un an maintenant, mais dont la tournée se prolonge encore jusqu’à la fin de l’année au Canada et aux USA. Pas mal pour des petits français ! Mais leur réputation n’est plus à prouver depuis qu’ils ont porté leur French Touch jusque dans l’enceinte du Madison Square Garden ! Les tout premiers à le faire ! Et qu’on aime ou non leur musique electro-pop conventionnelle et actuelle, on doit admettre que leur show est d’une belle efficacité pour les yeux, les pieds et occasionnellement les oreilles ! Le groupe passe en revue, tout au long des 16 titres de leur concert (peut-être la plus grande setlist de cette édition #28), leur discographie, à laquelle ils ajoutent une cover de leurs copains de longue date, eux aussi versaillais : Playground Love (chantée pour la BO de Virgin Suicide). Ils avaient d’ailleurs joué Sexy Boy avec AIR à leur début. L’occasion de maintenir les liens de son ! Le concert se termine avant les 12 coups de minuits avec le single 1901, souvent utilisé lui aussi dans les BO de Films. Une preuve supplémentaire que la musique de Phoenix est plus adaptée aux yeux qu’aux oreilles 😉
Le Festival ne s’est pas arrêté là, il s’est poursuivi jusque tard dans la nuit avec notamment l’Electro Funk 70’s des londonniens JUNGLE, le Rock américain de THE LEMON TWIGS, ou encore la Techno-House de THE BLACK MADONNA, pour prolonger la fête jusqu’au bout de la nuit avec les teufeurs les plus courageux !
Merci aux organisateurs, aux bénévoles, au service de sécurité, pour ces trois (quatre) jours de Festival sans accros !
Bilan des organisateurs :
Voici donc le bilan chiffré de la Route du Rock – Collection Été #28 qui s’est déroulée du 16 au 19 août 2018 à Saint-Malo qui n’est pas parvenu à dépasser la barre de 2017, mais s’est plutôt bien défendu tout de même, avec cette programmation qu’on avait trouvé tellement déséquilibrée entre le vendredi et les autres soir :
Fort : 25000
NV : 500
Plage Arte Concert + Sports Are Not Dead : 5000
Vauban : 250 (Complet)
Expo : 12200 du 21 juillet au 19 août
Site officiel du Festival