2015 – 10 + 11 titres – 33 tours
Style : Rock dépressif
Label : Lithium / Ici d’ailleurs
Sortie : 26/01/2015 / 1er édition : 1996
[hr color= »red »]
« Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé… » C’est sans doute la plus terrible entame d’album que je connaisse dans toute l’Histoire du Rock en France. « On aurait dit la guerre ou bien un jour férié… On s’attend donc au pire, il faut en profiter… » Pas besoin de chercher à comprendre, ces paroles s’adressent à tous les moments difficiles que notre société a traversé depuis 20 ans. Un album visionnaire, donc. « C’est la pire fiction d’anticipation…«
Quand le 11 septembre… Quand le 11 janvier… Chaque lendemain, on se répète plus jamais ça, on descend dans la rue, et on se dit que le monde va changer… « On voudrait bien faire marche arrière, un nouveau départ en quelque sorte »… Mais plus le temps passe, et plus il devient difficile de revenir en arrière…
C’est peut-être une interprétation personnelle que je fais ici, de ce troisième album de Diabologum, sorti en 1996, mais c’est pour moi, un disque de chevet. Quand un événement important se produit, je me dirige vers ma discothèque, et je remet ce disque sur la platine. Et depuis 20 ans, je ne m’en lasse pas. Imaginez donc ma surprise, quand j’ai appris que le disque allait faire l’objet d’une réédition, d’un retour sous les projecteurs ?
Pour le chroniquer, j’ai décidé de le réécouter, avec un oeil différent, une oreille différente, celles d’un quadragénaire, et non plus celle de l’étudiant révolté qui avait découvert chaque titre comme des prémices de la disco-réalité, comme les prémices de la chanson réaliste, ou simplement pour combler un vide dans le Rock des années 90… Mais 20 ans après, rien n’a changé, les paroles sont profondes, puissantes, transgressives ! Et derrière ça, une musique monumentale, parfois monolithique et oppressante, et parfois descriptive et impressionniste à la fois !
Au milieu de cette dépression, un single, qui, à l’époque, est parvenu à se frayer un chemin, sur les radios les plus téméraires : 365 jours ouvrables. Mais là toujours, « (à part gâcher sa vie ) il n’y a rien à gagner ici » tourne en guise de refrain. Ambiance ! Il faut dire qu’en 1996, la France passe pour la premiere fois le cap des 3 millions de chômeurs. Comment la jeunesse pourrait alors chanter des textes optimistes ??
Résultat : Une pochette noire, des textes noirs, des atmosphères… noires ! La face b nous conduit dans le noir le plus obscur, au Dernier étage, un instrumental, que David Lynch aurait dû exploiter, dans Mulholland Drive ou dans Lost Highway… Et puis, La Maman et la Putain ! Que d’encre a pu couler, pour expliquer, exprimer, ce monologue de Françoise Lebrun, tiré du film de Jean Eustache. Je n’en dirai donc pas plus, si ce n’est là encore, cet instrumental somptueux, à la tension palpable, à l’émotion sincère !
Quitte à rééditer cet album, le groupe, qui ne veut pas plus se reformer, plus rejouer sur scène ensemble, a fait malgré tout un travail archéologique, pour offrir un second disque de 11 titres « inédits », datant de l’époque de cet inestimable #3. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un #4, que le groupe n’aura sans doute jamais voulu sortir, pour éviter de passer pour des répétiteurs !
20 ans après, les titres s’écoutent d’une autre manière, avec respect, presqu’avec vénération… La réincarnation est l’avenir, seul véritable inédit des 11, est une déflagration dès l’ouverture, une opération à cœur ouvert, une plaie béante dans le futur de l’Humanité. A suivre, C’est presque trop beau est une bombe à défragmentation, qui vous prépare à peine à Flood, cette reprise de Sebadoh, qui nous replonge, sans reprendre sa respiration, dans les années grunge et, perso, dans les fragments de ma mémoire de septembre 1997, d’un concert de Diabologum, à Strasbourg, sur une pelouse du Festival des Artefacts, en compagnie des Einstürzende Neubauten, des Chokebore ou encore de Noir Desir.
Les 11 titres défilent vite, intenses, denses, juste le temps de changer la face, par un geste machinal, hypnotisé par ce que je suis en train d’entendre. A la manière d’un archéologue, je défriche, fébrilement, découvre, redécouvre, les titres, les textes, les notes, découvrant au hasard un titre optimiste.
Même si 10 titres sur 11 avaient déjà été plus ou moins entendus sur des EP du groupe, ils prennent une dimension particulière, ici, réunis sur la même galette. Et plus encore, le dernier, avec la voix d’outre tombe de Daniel Darc, à qui ils avait déjà emprunté Aussi belle qu’une balle en 1994.
Cela aurait pu être possible… Mais alors, la seule question qu’on est en droit de se poser, c’est comment cet OVNI est arrivé dans la carriere de Michel Cloup et Arnaud Michniak ! Bien sûr, Expérience, Programme ont tenté de recréer, année après année, ce monument du Rock, avec plus ou moins de réussite. Mais sans jamais parvenir à cette perfection !
Cet album est, pour moi, moi seul sans doute, le reflet de sa derniere phrase, « trop souvent diffusé mais toujours inédit » !
Plus le temps passe, et plus il devient difficile de revenir en arrière… C’est sans doute pour cela qu’il n’y aura jamais de #4 ! Mais si vous n’aviez pas été là, l’histoire aurait elle vraiment été la même mais racontée par d’autres ? Peut-être par Fauve # ?
Label
Diabologum – # 3 Réédition 2015
2015 – 10 + 11 titres – 33 tours
Style : Rock dépressif
Label : Lithium / Ici d’ailleurs
Sortie : 26/01/2015 / 1er édition : 1996
[hr color= »red »]
« Quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé… » C’est sans doute la plus terrible entame d’album que je connaisse dans toute l’Histoire du Rock en France. « On aurait dit la guerre ou bien un jour férié… On s’attend donc au pire, il faut en profiter… » Pas besoin de chercher à comprendre, ces paroles s’adressent à tous les moments difficiles que notre société a traversé depuis 20 ans. Un album visionnaire, donc. « C’est la pire fiction d’anticipation…«
Quand le 11 septembre… Quand le 11 janvier… Chaque lendemain, on se répète plus jamais ça, on descend dans la rue, et on se dit que le monde va changer… « On voudrait bien faire marche arrière, un nouveau départ en quelque sorte »… Mais plus le temps passe, et plus il devient difficile de revenir en arrière…
C’est peut-être une interprétation personnelle que je fais ici, de ce troisième album de Diabologum, sorti en 1996, mais c’est pour moi, un disque de chevet. Quand un événement important se produit, je me dirige vers ma discothèque, et je remet ce disque sur la platine. Et depuis 20 ans, je ne m’en lasse pas. Imaginez donc ma surprise, quand j’ai appris que le disque allait faire l’objet d’une réédition, d’un retour sous les projecteurs ?
Pour le chroniquer, j’ai décidé de le réécouter, avec un oeil différent, une oreille différente, celles d’un quadragénaire, et non plus celle de l’étudiant révolté qui avait découvert chaque titre comme des prémices de la disco-réalité, comme les prémices de la chanson réaliste, ou simplement pour combler un vide dans le Rock des années 90… Mais 20 ans après, rien n’a changé, les paroles sont profondes, puissantes, transgressives ! Et derrière ça, une musique monumentale, parfois monolithique et oppressante, et parfois descriptive et impressionniste à la fois !
Au milieu de cette dépression, un single, qui, à l’époque, est parvenu à se frayer un chemin, sur les radios les plus téméraires : 365 jours ouvrables. Mais là toujours, « (à part gâcher sa vie ) il n’y a rien à gagner ici » tourne en guise de refrain. Ambiance ! Il faut dire qu’en 1996, la France passe pour la premiere fois le cap des 3 millions de chômeurs. Comment la jeunesse pourrait alors chanter des textes optimistes ??
Résultat : Une pochette noire, des textes noirs, des atmosphères… noires ! La face b nous conduit dans le noir le plus obscur, au Dernier étage, un instrumental, que David Lynch aurait dû exploiter, dans Mulholland Drive ou dans Lost Highway… Et puis, La Maman et la Putain ! Que d’encre a pu couler, pour expliquer, exprimer, ce monologue de Françoise Lebrun, tiré du film de Jean Eustache. Je n’en dirai donc pas plus, si ce n’est là encore, cet instrumental somptueux, à la tension palpable, à l’émotion sincère !
Quitte à rééditer cet album, le groupe, qui ne veut pas plus se reformer, plus rejouer sur scène ensemble, a fait malgré tout un travail archéologique, pour offrir un second disque de 11 titres « inédits », datant de l’époque de cet inestimable #3. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un #4, que le groupe n’aura sans doute jamais voulu sortir, pour éviter de passer pour des répétiteurs !
20 ans après, les titres s’écoutent d’une autre manière, avec respect, presqu’avec vénération… La réincarnation est l’avenir, seul véritable inédit des 11, est une déflagration dès l’ouverture, une opération à cœur ouvert, une plaie béante dans le futur de l’Humanité. A suivre, C’est presque trop beau est une bombe à défragmentation, qui vous prépare à peine à Flood, cette reprise de Sebadoh, qui nous replonge, sans reprendre sa respiration, dans les années grunge et, perso, dans les fragments de ma mémoire de septembre 1997, d’un concert de Diabologum, à Strasbourg, sur une pelouse du Festival des Artefacts, en compagnie des Einstürzende Neubauten, des Chokebore ou encore de Noir Desir.
Les 11 titres défilent vite, intenses, denses, juste le temps de changer la face, par un geste machinal, hypnotisé par ce que je suis en train d’entendre. A la manière d’un archéologue, je défriche, fébrilement, découvre, redécouvre, les titres, les textes, les notes, découvrant au hasard un titre optimiste.
Même si 10 titres sur 11 avaient déjà été plus ou moins entendus sur des EP du groupe, ils prennent une dimension particulière, ici, réunis sur la même galette. Et plus encore, le dernier, avec la voix d’outre tombe de Daniel Darc, à qui ils avait déjà emprunté Aussi belle qu’une balle en 1994.
Cela aurait pu être possible… Mais alors, la seule question qu’on est en droit de se poser, c’est comment cet OVNI est arrivé dans la carriere de Michel Cloup et Arnaud Michniak ! Bien sûr, Expérience, Programme ont tenté de recréer, année après année, ce monument du Rock, avec plus ou moins de réussite. Mais sans jamais parvenir à cette perfection !
Cet album est, pour moi, moi seul sans doute, le reflet de sa derniere phrase, « trop souvent diffusé mais toujours inédit » !
Plus le temps passe, et plus il devient difficile de revenir en arrière… C’est sans doute pour cela qu’il n’y aura jamais de #4 ! Mais si vous n’aviez pas été là, l’histoire aurait elle vraiment été la même mais racontée par d’autres ? Peut-être par Fauve # ?
Label
By Mike S. • Albums francais • Tags: Diabologum